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L’Etat marocain est anti-amazigh

Entretien avec Meryam Demnati, de l’Observatoire Amazigh des Droits et libertés (OADL)

mardi 22 septembre 2015, par Masin

Ceci n’est ni nouveau ni étonnant. C’est juste normal. Notre Rédaction l’a toujours dit pour la monarchie marocaine et son gouvernement mais aussi pour l’ensemble des Etats en place sur la Terre amazighe, tous illégitimement installés en Afrique du nord et agissent en véritables Etats coloniaux.
Ce qui est frappant, en revanche, est la façon dont nous, Amazighs, nous comportons avec ces régimes qui nous méprisent.
Les Etats, quant à eux, sont cohérents et persévèrent dans leur action pour faire aboutir le projet d’éradication de l’Amazighité.

L’Etat marocain qui n’a jamais renoncé à son anti-amazighisme, vient de sortir une énième provocation et s’attaque au pseudo-enseignement de la langue amazighe déjà mis en place "grâce" à des décisions de la monarchie.
Le ministre marocain de l’éducation décide de réduire l’offre, déjà médiocre, en enseignants de la langue amazighe. Ces derniers sont appelés à assurer l’enseignement de la langue arabe, une langue qui serait vraisemblablement dans le besoin. Cette décision a fait sortir de leur gants des acteurs de l’Amazighité (associations, enseignants, etc) et se sont exprimé publiquement pour dénoncer cette attitude anti-amazighe du gouvernement marocain.
Parmi les voix qui se sont élevées contre cette énième provocation de l’Etat marocain, il y a Meryam Demnati, de l’Observatoire amazigh des droits et libertés (OADL). Elle a accepté de nous accorder un entretien dans lequel elle nous trace un tableau de la situation de l’Amazighité à Tamazgha occidentale et nous montre, par des faits documentés, comment les arabo-islamistes qui s’accaparent le pouvoir œuvrent contre l’Amazighité.

La Rédaction.





Des acteurs amazighs lors d’une conférence de presse à Rabat en septembre 2015.





ENTRETIEN.

Tamazgha.fr : Certains acteurs amazighs se sont mobilisés ces derniers jours pour dénoncer une initiative du ministre marocain de l’Education nationale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Meryam Demnatai : Il s’agit d’une contradiction flagrante avec les grandes orientations de l’Etat.
Le gouvernement de Benkirane [1] à majorité islamiste et de Rachid Belmokhtar, son ministre de l’éducation, cherche à supprimer la langue et la culture amazighes du système éducatif marocain, et à lui octroyer une place minime au service de la langue arabe. Ce dernier, dès son arrivée a mis sur pied un nouveau plan pour 2030, où Tamazight est absente. Il travaille également main dans la main avec le Conseil supérieur de l’enseignement qui, à son tour, ignore tous les acquis précédents dans ce domaine (généralisation horizontale et verticale). C’est ainsi que dès le début du mois de septembre, à la rentrée scolaire 2015-2016, Tamazight est, de nouveau, visée par la discrimination. Des enseignantes et enseignants de la langue amazighe ont été convoqués aux différentes délégations et académies où il leur a été ordonné d’enseigner dorénavant l’arabe. La raison invoquée est celle du manque d’effectifs en enseignants de langue arabe. Le message est clair. L’enseignement de la langue amazighe n’est pas pris au sérieux et l’officialisation de cette langue dans la constitution de 2011 encore moins.
Pour l’heure, plusieurs associations amazighes dont la confédération nationale des associations des enseignant(e)s de la langue amazighe, qui agissent dans un large réseau de coordination, ont tenu des conférences de presse, des réunions régionales et nationales, ont publié des communiqués, adressé des lettres au gouvernement et se préparent à riposter en organisant des rassemblements.


Comment expliquer cette attitude de ce ministre alors que des décisions en haut lieu de la monarchie marocaine ont été prises en faveur de la langue amazighe ?

Les quelques acquis obtenus grâce aux luttes du Mouvement amazigh après l’avènement de Mohamed VI sont bien fragiles : l’intégration timide dans le système éducatif, la création de la TV Tamazight, puis l’officialisation de l’identité, de la culture et de la langue amazighes dans la nouvelle constitution.
Le rôle de la monarchie a toujours été de jouer avec le rapport de forces sur le terrain. Hier, face à la mobilisation spectaculaire du Mouvement amazigh et à la pression du mouvement progressiste de la rue, la langue amazighe est inscrite en tant que langue officielle dans la constitution. Aujourd’hui, l’Etat laisse faire « ce gouvernement à majorité islamiste et arabiste », lui octroyant la responsabilité d’appliquer la constitution donc de gérer le dossier amazigh, connaissant parfaitement l’amazighophobie de ces derniers. La monarchie est surtout soucieuse de sa propre sécurité. Malgré l’officialisation de Tamazight dans la constitution, loi suprême du pays, les choses continuent à traîner au niveau du parlement en ce qui concerne la loi organique stipulée dans la constitution qui devra définir « le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle ». Cette loi tarde à venir, aucune commission jusqu’à présent n’a été mise sur pied, et la discrimination à l’encontre de la langue et de la culture amazighes continue dans tous les domaines. Nous n’avons jamais été dupes. Nous sommes et nous serons toujours vigilants face aux forces conservatrices amazighophobes logées dans les sphères du pouvoir, et dans certains partis politiques depuis toujours hostiles à l’Amazighité, qui sont à l’origine de ce blocage. Ajouter à tout cela, l’existence de résistances anti-amazighes multiples, notamment au niveau des élites politiques et intellectuelles, les unes obsédées par le modèle de l’Etat-nation arabe centralisateur et les autres inféodées à l’idéologie islamiste et arabiste.


Pensez-vous vraiment que les décisions officielles prises en faveur de Tamazight soient sincères ?

Malgré les acquis arrachés par le mouvement amazigh notamment la reconnaissance officielle de l’identité, de la culture et de la langue amazighes, cette marginalisation et cette exclusion qui persévèrent nous poussent à nous interroger et à nous poser encore les questions suivantes : sommes-nous donc des étrangers sur notre propre territoire ? Ou sommes-nous colonisés ? La source de cette interrogation légitime est notre sentiment que les décideurs n’accordent aucune importance à ce qui nous porte préjudice et touche à notre dignité mais plus préoccupant encore, ne respecte ni la nouvelle constitution marocaine ni ses engagements nationaux et internationaux. La volonté politique laisse à désirer, et la poudre aux yeux reste encore une pratique utilisée dans tous les domaines pour se dorer le blason.


Quatorze ans après la mise en place de l’IRCAM et le lancement de l’enseignement de tamazight dans les écoles, quel bilan faites-vous de cet enseignement et de l’intégration de la langue amazighe dans les médias ?

Toutes les raisons données plus haut, font que plus d’une décennie après l’amorçage de l’enseignement de l’amazighe [2] à l’école publique, cette langue peine à trouver sa place au sein du système éducatif marocain. Cet état des choses n’a été dès le départ qu’une décision politicienne stratégique, pour absorber les critiques internationales de la performance du Maroc dans le champ des droits humains, critiques basées sur les rapports annuels publiés par le Mouvement amazigh et ses actions.
Après examen de la situation de la langue amazighe dans l’enseignement à la lumière de l’actualité de la rentrée scolaire 2015-2016, après plusieurs plaintes reçues des enseignants et acteurs associatifs de différentes régions du Maroc, il est clair que les procédures prises dernièrement par le Ministère de l’éducation nationale et exécutées par ses responsables locaux à l’égard de l’enseignement de la langue amazighe vont à l’encontre des engagements politiques et institutionnels de l’Etat marocain. C’est une concrétisation claire de la discrimination et du racisme culturel et linguistique et une régression qui menacent les acquis réalisés durant plus d’une décennie. Ceci se manifeste plus franchement à travers des faits concrets dont voici quelques exemples.

 Le Ministère de l’éducation dans son document officiel « Une nouvelle école pour le citoyen de demain » présenté au Conseil supérieur de l’éducation, a élaboré une vision stratégique pour 2030 tout en reniant une donnée constitutionnelle et institutionnelle au cœur de notre identité, la langue amazighe officielle. Il y fait allusion à la place de la langue arabe et aux langues étrangères. Silence totale sur la langue amazighe. Il est clair que le travail et les acquis de plus de douze ans dans le domaine de l’amazighe dans le cadre de la convention IRCAM-MEN [3] sont piétinés et effacés. Les décisions prises par le Ministère de l’éducation nationale sont irresponsables. Il s’agit bien, ici, d’une violation des engagements relatifs à l’enseignement de la langue amazighe et de sa généralisation. L’enseignement de cette langue n’est pas une initiative ni un choix d’un quelconque ministre, ou d’un directeur d’académie ou d’un délégué, c’est une décision nationale en relation avec l’identité de l’Etat marocain.

 Sur le terrain, l’arrêt de la mise à disposition de plusieurs enseignants chargés de l’enseignement de la langue amazighe et leur orientation vers l’enseignement de l’arabe, après des années d’exercice et de formation, est une décision discriminatoire à l’égard de la langue amazighe.

 Lors de tous ses interviews et rencontres avec la presse, le ministre actuel de l’éducation n’a jamais fait la moindre allusion à la situation de la langue amazighe dans le système éducatif, contrairement à l’arabe et aux langues étrangères. Il a également ignoré toutes les demandes de rencontres adressées par des délégations intéressées par l’enseignement de la langue amazighe dont la Confédération marocaine des associations des enseignantes et des enseignants de la langue amazighe.

 Un mépris total pour ce dossier, allant même jusqu’à geler la commission mixte IRCAM-MEN.
Ce qui nous pousse à tirer les conclusions suivantes. Les engagements de l’Etat sont uniquement de simples opérations laissées aux désirs des différents responsables au gré du temps. Aucune volonté politique, mais la transgression pure et simple de la constitution. Des responsables politiques nous avancent, pour justifier l’ensemble de ces graves régressions, l’attente de la loi organique qui stipulera les étapes et les modalités. Ceci n’est qu’une tentative pour gagner du temps, étant donné que cette loi organique ne doit aucunement participer à la régression de la situation de la langue amazighe dans l’enseignement mais elle doit viser, tout au contraire, à la consolidation des acquis et sa réussite puisque l’amazighe est aujourd’hui une langue officielle. Il est pourtant du devoir de l’Etat d’instaurer une meilleure gouvernance de l’enseignement de la langue amazighe et une meilleure gestion, avec un suivi effectif de l’ensemble des académies, la mise en place d’une stratégie claire pour améliorer la situation de la langue amazighe dans l’enseignement et pour réussir sa généralisation sur la base des anciens acquis et de ses quatre fondements : l’obligation, la généralisation, la standardisation, l’alphabet Tifinagh ainsi que le recrutement et la formation initiale et continue des ressources humaines qualifiées en réservant de nouveaux postes budgétaires tout en relançant des sessions de formation gelées depuis des années. Cette situation grave de l’enseignement de la langue amazighe ne peut que participer à mettre en échec le projet de la soi-disant réconciliation initiée par l’état depuis plus d’une décennie et mettre en danger l’harmonie sociale et la stabilité politique de notre pays. Quant aux médias, le lancement de la télévision Tamazight est certes un acquis mais les revendications des Amazighs ne sont pas pour autant concrétisées. Le budget qui lui est octroyé est scandaleux. D’autre part on a assisté aussi à une régression dans les autres chaines marocaines telles que la Une et la 2M en ce matière de programmes en langue amazighe. Les rares émissions amazighes qui y ont survécu sont diffusées à des heures impossibles.
Quant aux radios, la radio nationale amazighe n’est toujours pas captée sur l’ensemble du territoire et les autres radios publiques ou privées ne prennent aucunement en compte la diversité culturelle et linguistique de notre pays. La presse amazighe écrite se débrouille quant à elle avec le peu de moyens qu’elle a, se rabattant souvent sur la création de sites électroniques nationaux ou régionaux.
Toutes ces données significatives ne font que refléter sans conteste la discrimination culturelle et linguistique de ce gouvernement arabo-islamiste et de ses alliés amazighophobes dans les hautes sphères.


Et sur le plan culturel, la culture amazighe bénéficie-t-elle vraiment d’une réelle reconnaissance et d’une prise en charge digne de ce nom ?

A part quelques petites actions ici et là, quelques circulaires ou conventions signées par le ministère de la culture concernant les artiste amazighes, la culture amazighe en son berceau, reste encore souvent exclue. Forces au pouvoir et réseaux arabistes déjà bien ancrés s’accaparent tous les espaces culturels importants et ne réservent à Tamazight que quelques espaces, souvent marginalisés. La culture amazighe n’a toujours pas la place qui lui revient de droit et la prise en charge de l’Etat est très minime.


En 2011 la langue amazighe a été reconnue langue officielle et a été inscrite dans la Constitution marocaine. Cela a-t-il changé vraiment son statut dans la réalité et la vie quotidienne ?

Notre amertume est profonde chaque fois que nous faisons le bilan de la situation de l’amazighité au Maroc, qui malgré l’officialisation de l’identité, de la culture et de la langue amazighes dans la constitution de 2011, reste en gros la même qu’auparavant, très critique. Aucun travail de sensibilisation et d’information n’a été fait pour éduquer les Marocains au respect de la diversité linguistique et culturelle et à son appropriation. Bien au contraire, plusieurs décideurs ou responsables continuent à s’inscrire dans l’optique arabo-islamique d’antan et méprisent totalement les nouvelles donnes de la constitution.

La situation de la langue et la culture amazighes reste en gros la même qu’auparavant, toujours marginalisée, en recul dans certains domaines (système éducatif) et toujours absente dans d’autres (institutions publiques, parlement, santé, justice…). Le statut de langue officielle est censé protéger la langue amazighe contre toute tentative de minoration politique, juridique et sociale puisqu’elle devrait être, avec l’arabe, la langue par laquelle se réalise l’ensemble des activités publiques dans des cadres de type administratif, politique, culturel, social et éducatif clairement délimités. C’est aussi le droit pour chaque citoyen de s’adresser aux institutions nationales et politiques dans la langue amazighe, d’avoir le droit de l’employer dans toutes relations avec les pouvoirs publics, à tout moment de la vie et dans tous les domaines. Mais c’est aussi l’obligation faite aux pouvoirs publics de l’employer à tout moment.

Le Mouvement amazigh traverse une étape très difficile. Il n’est plus aussi productif, s’exprime peu et est loin de mobiliser. Comment expliquez-vous cela ? À moins que vous ne soyez pas d’accord avec ce constat….

C’est dans un contexte beaucoup plus difficile qu’aujourd’hui, que le Mouvement amazigh marocain a vu le jour dans les années 60. L’arabisme et l’islamisme étaient alors les seules normes de référence. Il fera l’objet d’une répression sévère de la part des autorités et des services de police de la monarchie et sera combattu par les différentes forces arabistes et islamistes qui avaient mis sur pied un linguicide programmé institutionnalisé pour une homogénéisation de la population avec une arabisation et islamisation à outrance. Puis, par la suite, les associations amazighes se multiplieront alors sur tout le territoire et des coordinations d’associations régionales et nationales verront le jour, et la monarchie se fera moins répressive, optant pour une autre stratégie adaptée au nouveau contexte internationale, imbibée de notion de droits humains. Les associations amazighes dans leur ensemble continueront à s’inspirer, dans leurs actions, des chartes et des conventions internationales des droits de l’homme. Des actions communes sont régulièrement menées soit dans le cadre des régions (confédérations) soit dans un cadre national ou international.

Le mouvement amazigh compte aujourd’hui près de mille associations dispatchées sur tout le territoire marocain. Grandes villes, petites villes, campagnes, montagnes, toutes ces associations, malgré le peu de moyens financiers, contribuent à une plus grande sensibilisation de la population et travaillent avec les moyens du bord, contrairement à d’autres mouvements arabistes ou islamistes financés par des pays du moyen orient. Avec le mouvement de la rue du 20 février 2011, le Mouvement amazigh s’est trouvé dans un autre tournant de l’histoire. Avec toutes ses composantes, il intègre ce courant de révolte revendiquant une Constitution démocratique incluant la langue amazighe officielle. Il est alors à l’avant-garde avec les autres forces progressistes de la société civile, appelant à l’édification d’une société juste et égalitaire, considérant la cause amazighe comme partie intégrante du projet démocratique. Les amazighs seront ainsi présents dans toutes les coordinations du 20 février et ses manifestations où les drapeaux amazighs flotteront dans toutes les villes. Une bataille essentielle sera gagnée encore, celle de l’officialisation de la langue amazighe dont le Mouvement amazigh avait fait une de ses principales revendications.

Face à ces nouvelles donnes, le Mouvement amazigh marocain traverse aujourd’hui une étape très différente de la première. Lors de la campagne pour l’officialisation de l’amazighe en 2011, la première revendication pour tous fut "l’identité, la culture et la langue amazighe officielle dans la nouvelle constitution". Et l’importance de l’unité pour arracher cette revendication était unanime. Ayant beaucoup grossi et devenu de plus en plus hétérogène, le Mouvement amazigh marocain évoluera alors comme tout mouvement identitaire. Les stratégies se diversifient selon la nature de l’association, selon ses priorités et surtout selon les nouvelles donnes et le nouveau contexte. Nous assistons alors à la mise sur pied de différentes stratégies, une qui privilégie dans l’ensemble un travail d’observation de plus en plus axé sur les rapports écrits réguliers sur la situation de l’Amazighité, et l’autre, un travail de proximité de plus en plus spécialisé, aux actions moins spectaculaires mais efficaces. Au côté des anciennes associations culturelles telles que l’AMREC, Tamaynut, Ilmas, Assid et autres, des associations à caractère plus politique telles que Azetta et l’Observatoire amazigh des droits et libertés (OADL) se forgeront une place incontournable dans le paysage amazigh par leur présence effective et continue sur la scène politique nationale et internationale.

D’un autre côté, des associations amazighes spécialisées s’activant essentiellement dans des domaines bien précis verront le jour, tels que Tirra, association des écrivains amazighs, la Confédération nationale des associations des enseignants de la langue amazighe, l’association Isni n ourgh, dans le domaine du cinéma, Association nationale du théâtre amazigh, Fédérations des associations pour le droit à la terre, mouvements de la jeunesse amazighe tel que Tawada, l’Association des poètes traditionnels,…

Bien que toutes ces composantes luttent pour le même objectif, la reconnaissance effective de l’Amazighité, elles n’ont pas toujours les mêmes appréciations, stratégies et vision des choses. Et c’est aussi le propre même d’un mouvement identitaire. Dans l’ensemble, le mouvement a bien compris que son engagement en faveur d’une réhabilitation de l’Amazighité s’inscrit dans la durée, et en dehors des arènes politiciennes telles qu’elles ont été délimitées au cours du dernier demi-siècle. La bataille commune aujourd’hui, qui est d’une autre nature, a lieu autour de la loi organique stipulée dans la constitution mais renvoyée aux calendes grecques par l’Etat et les partis arabo-islamistes amazighophobes jusqu’à présent.
Aussi, le propore d’un mouvement identitaire c’est que tant que la discrimination à l’encontre de sa langue et sa culture persistera, il sera appelé à se radicaliser de plus en plus. Un combat continu et tenace contre ces pratiques transgressant les droits les plus élémentaires et toujours invariablement hostiles à la cause amazighe.


Propos recueillis par
Masin Ferkal.


Les notes sont de la Rédaction.


[1Abdellah Benkirane est le chef du gouvernement de la monarchie marocaine depuis le 25 novembre 2011 date à laquelle le parti islamiste qu’il dirige, « Parti de la justice et du développement » (PJD), a remporté l’élection législative marocaine.

[2« Amazighe » est l’une des appellations de la langue berbère. C’est une pratique notamment de l’Ircam, impulsée par Ahmed Boukous. D’autres lui préfèrent le terme « tamazight », plus courant d’ailleurs dans les milieux amazighs. Il y a également l’usage du terme « langue amazighe ».

[3IRCAM : Institut royal de la culture amazighe. MEN : Ministère de l’éducation nationale.

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