Accueil > Actualité > Libye : les Amazighs rejettent les accords de Bouzniqa
Libye : les Amazighs rejettent les accords de Bouzniqa
Les Amazighs de Libye se démarquent des pourparlers du Comité mixte "6+6" et réitèrent leur détermination à recouvrer leurs droits fondamentaux.
jeudi 15 juin 2023, par
Le Comité "6+6" composée de membres du Conseil de l’État et du Parlement libyens s’est réuni à Bouzniqa, à mi-chemin entre Rabat et Casablanca sur la côte atlantique, sur invitation du gouvernement de la monarchie alaouite, pour élaborer des projets de lois électorales à même de régir les élections présidentielle et législatives en Libye voulues pour la fin de l’année. Les membres de ce comité "mixte" se sont réunis du 22 mai au 6 juin date à laquelle un accord a été signée entre le président du Parlement, Aguila Salah et le président du Conseil d’État, Khaled Mechri.
Tout le monde ou presque s’est félicité de cette signature, à commencer par la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL/UNSMIL) qui "prend note des résultats des travaux du Comité 6+6 HoR-HCS qui s’est réuni à Bouzniqa" dont il apprécie les efforts déployés et tient à remercier "le Gouvernement du Royaume du Maroc d’avoir accueilli le Comité".
La presse de la monarchie alaouite présente cette rencontre comme une victoire du Makhzen ; elle a plus communiqué là-dessus que sur le contenu des résultats des travaux de la réunion de Bouzniqa. Seul le régime d’Alger est resté quasi-silencieux et n’a pas félicité les facilitateurs de la monarchie voisine.
Il n’est pas encore dit que cet accord trouvé à Bouzniqa aura l’approbation des différentes parties qui se disputent le pouvoir en Libye. Haftar lui-même, Chef des Forces armées arabes libyennes (FAAL), risque de rejeter ces accords qui, semble-t-il, préconisent que les détenteurs de nationalités non-libyennes ne sauraient se présenter à l’élection présidentielle, ce qui es le cas de cet arabiste qui rêve de reproduite le système kadhafiste.
Peu importe. Ce qui est sûr, c’est le rejet des Amazighs des résultats de la rencontre de Bouzniqa. Comme ils ont rejeté l’ensemble des accords signés depuis 2011 entre les différentes parties qui se disputent le pouvoir en Libye et qui ont été cooptés par plusieurs puissances (France, Italie, Egypte,…).
En effet, le Haut conseil des Amazighs de Libye (HCAL) s’est exprimé, par la voix de son président, Hadi Berqiq, le mercredi 14 juin 2023, dans une déclaration par laquelle il fait savoir son rejet des conclusions de la rencontre de Bouzniqa.
Le HCAL considère que les tractations de Bouzniqa, organisées sous les auspices du Makhzen, ne sont que des marchandages "politiques" entre différents clans qui se disputent le pouvoir en Libye au mépris de la justice, de l’égalité, de la démocratie ainsi que des droits humains tels que stipulés par les conventions des Nations unies. Dans sa déclaration, Hedi Berqiq accable la Mission d’appui des nations unies en Libye qu’il considère être une partie prenante dans le complot qui vise le peule libyen et ses composantes. La MANUL est qualifiée d’une entité instrumentalisée par des politiciens et des milices pour imposer une situation politique et un partage de pouvoir, ce qui se répercute négativement sur les bases constitutionnelles, concoctées à Bouzniqa, qui sont en contradiction avec les principes onusiens ainsi que la volonté du peuple libyen et ses composantes dont les Amazighs sont une partie auuthentique.
Le HCAL redit que les pourparlers du Comité "6+6", qu’ils soient ceux de Bouzniqa ou ceux qui ont précédé, ont cette constante de vouloir marginaliser les Amazighs et les exclure du Parlement ainsi que du Sénat. Et toutes les parties qui ont pris part aux différents pourparlers s’arrangent pour priver les Amazighs des postes de souveraineté. Et c’est la raison pour laquelle le HCAL exige que les Amazighs soient associés à toutes discussions ou pourparlers sur l’avenir de la Libye sans quoi il ne reconnaitrait aucun accord ou décision qui se feraient sur leur dos.
Le Haut conseil des Amazighs de Libye, qui fait porter la responsabilité de la situation désastreuse que traverse la Libye à la MANUL, déclare que les Amazighs agiront pour la conquête de leurs droits par tous les moyens et toutes les voies déjà utilisées, par le passé et de nos jours, par des peuples pour arracher leur droits. Et le HCAL pour conclure que "toutes les vois qui mènent à la reconquête de nos droits sont considérées légitimes".
Les Amazighs de Libye montrent, encore une fois, leur détermination à ne pas négocier leurs droits "naturels" pour lesquels ils se battent depuis des siècles. Ils ne se laissent pas impressionner par des décisions applaudies par la communauté internationale et persistent à dire que l’Amazighité de la Libye n’est pas négociable. Ils ne sont pas prêts à laisser des bandes de supplétifs de diverses puissances, arabes et occidentales, s’accaparer la Libye pour en faire une entreprise au service de leurs intérêts où les Amazighs seront soumis à l’impérialisme arabo-islamique.
Masin Ferkal.