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Séisme d’Adrar N’Dren : Saïd Ait Mehdi condamné à un an de prison ferme

dimanche 16 mars 2025, par Masin

Lorsque la monarchie marocaine peine ou refuse de répondre aux revendications légitimes de ses habitants, notamment ceux des communautés amazighes, ses tribunaux sont souvent mobilisés pour punir sévèrement toute voix dissidente. De la question d’Imider (1996-2011) aux victimes du séisme d’Adrar N’Dren, en passant par la révolte du Rif (2016-2017) et d’autres événements marquants comme Tagrest Taberkant (Tafilalet-Dra, 2008) ou ceux de l’université d’Imtghren (2008), la monarchie transforme toutes les affaires sensibles en enjeux judiciaires et emprisonne ceux qui contestent son récit.

Le mardi 4 mars 2025, la cour d’appel de Marrakech a condamné Saïd Ait Mehdi, coordinateur de la Coalition des victimes du séisme d’Adrar N’Dren, à un an de prison ferme. Ce dernier avait initialement écopé d’une peine de trois mois de prison en première instance.
La cour d’appel a également annulé le jugement du tribunal de première instance qui avait acquitté trois accusés. Ceux-ci ont été condamnés à quatre mois de prison ferme chacun.
Saïd Aït Mehdi fait face à plusieurs accusations, notamment : « agression physique et verbale d’un agent de l’autorité lors de l’exécution de ses missions dans le cadre du recensement des populations », « attaque contre le bureau du vice-président de la commune de Talat N’Yaaqoub », « diffamation et injures à l’encontre du gouverneur de la province d’Al Haouz » et « incitation à des manifestations et rassemblements non autorisés ».
Les autres accusés ont été poursuivis pour « offense à des fonctionnaires publics », suite à des plaintes déposées par des responsables locaux en réponse à des publications sur les réseaux sociaux qu’ils ont jugées offensantes.
Dans un communiqué, la Coalition affirme que Saïd Aït Mehdi « ne demandait que ce qu’il considérait comme un droit légitime pour les victimes : une indemnisation équitable ainsi que la justice sociale et spatiale qui ont fait défaut après la catastrophe ».
Dans une déclaration à la presse, relayée par plusieurs médias marocains, le coordinateur national de la CCM, Mohammed Dich, explique que « l’escalade de ce dossier à de tels niveaux ne fait qu’aggraver la situation, car il s’agit principalement d’un militant qui tentait de faire entendre la voix des habitants touchés par le séisme du 8 septembre 2023 auprès des autorités, en veillant à ce que tout le monde en bénéficie ». Il a précisé que « le rythme des travaux reste lent et les victimes vivent aujourd’hui un hiver particulièrement rigoureux ». Il a également rappelé que « seule une minorité des victimes a bénéficié des 140.000 dirhams mentionnés dans le communiqué royal du 14 septembre 2023. La majorité a reçu 80.000 dirhams, tandis que d’autres n’ont rien reçu ».
Des images tournées cet hiver et largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de sinistrés vivant toujours sous des tentes.
Les promesses royales de construction et d’amélioration du cadre de vie des habitants ne sont, en réalité, que de la poudre aux yeux.

Aksil Azergui