Le djihad en Kabylie

Insi : Bonsoir monsieur le ministre.

AG : Saha ftour-ek !

Insi : Y’a pas de quoi. Moi je ne fais pas le ramdam.

AG : Tu le feras bientôt.

Insi : Comment ça ?

AG : Bientôt le djihad en Kabylie. Vous passerez tous par le fil de l’épée.

Insi : Bon, revenons à l’actualité. Que pensez-vous de ce qu’a dit l’imam de Michelet à propos de Lounes Matoub et de Kateb Yacine ?

AG : L’imam de Aïn el Hammam est bien dans son rôle. Tu n’attends pas, tout de même, à ce qu’il dise du bien des mécréants ?

Insi : Non.

AG : Ah bon !

Insi : Vous ne condamnez pas ses propos ?

AG : Quoi ? Mais c’est un héros. Il défie les Kabyles à Aïn el Hammam, au cœur de la Kabylie. C’est génial ! Du jamais vu !

Insi : En plus, c’est un Kabyle.

AG : Un très bon Kabyle. Ouled familya. Un grand moudjahid. Bientôt on remettra la Kabylie dans le droit chemin. Vous vous prenez pour qui enfin ?

Insi : C’est une menace ?

AG : Il nous reste que votre région de merde avant de passer à l’Etat islamique. Mais bientôt on vous soumettra aux règles de l’Islam. Là, on commence à vous envoyer des imams kabyles pour tâter le terrain, puis on les fera suivre de moudjahiddines pour vous niquer.

Insi : Comment ?

AG : Vous niquer. Tu es vraiment con. Ecoute ! Nous, les Musulmans, ne voulons pas d’une autre religion en Kabylie. Nada ! Que l’Islam ! Pas autre chose ! Pas de Chrétiens, pas de Juifs, pas de mécréants... pas de...

Insi : Kabyles.

AG : Merci.

Insi : Vous avez aussi créé une association religieuse à Tizi Ouzou, "Association Boukebrin". Quel sera son rôle ?

AG : Vous niquer... toujours.

Insi : "Bouqebrin" veut bien dire "Deux tombes" ; c’est le sort que vous réservez aux Kabyles monsieur le ministre ?

AG : Non mon cher, "Bouqebrin" veut dire : "Celui qui a deux couilles".

Insi : Et vous pensez que les Kabyles n’en ont pas ?

AG : Non, la preuve : un imam a insulté Matoub et vous n’avez rien fait.

Insi : Comment ça ?

AG : On vous déteste, on vous frappe, on vous insulte, on vous humilie... mais vous restez toujours avec nous ; vous apprenez la langue arabe, vous pratiquez l’Islam et vous vous comportez comme de bonnes épouses musulmanes. D’ailleurs, depuis que les Musulmans sont en Afrique du Nord, les Berbères sont devenus des Arabes. S’il existait un acte de naissance des peuples, on vous appellerait "Mesdames Arabes".

Insi : Comme maris et femmes ?

AG : Exact. Avec le code de la famille en plus.

Insi : Les Kabyles demanderont bientôt leur indépendance, vous le savez ?

AG : Jamais.

Insi : Pourquoi ?

AG : Les Kabyles ont peur de crever de faim.

Insi : Les Kabyles ont le nif. Ils sont des Hommes libres.

AG : Tu parles ! Les Kabyles chantent la liberté, mais en vérité ils préfèrent plutôt vivre en esclaves... à peine nourris.

Insi : Et pourtant ce sont eux qui ont payé le plus grand tribut en vies humaines pendant la "révolution" algérienne ?

AG : Et vous en êtes fiers ? Vous êtes vraiment pitoyables !

Insi : Attention, un jour les Kabyles se rebelleront !

AG : Et alors ? Vous l’avez fait plusieurs fois, non ? Vous faites les Hommes libres le premier jour, puis vous rentrez à la fin, Arabes et Musulmans, la queue entre les jambes.

Insi : Et le MAK ?

AG : Quoi le MAK ? Une association culturelle ?

Insi : Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie.

AG : Comme dirait Chadli : "Moi je prends l’auto et les Kabyles prennent Llemmi [1]."

Insi : Pourquoi êtes-vous vulgaire monsieur le ministre ?

AG : C’est depuis 14 siècles qu’on vous baise et vous faites semblant de ne pas vous en rendre compte. Autant vous le dire crûment.

Insi : Donc, vous voulez dire que nous sommes définitivement ara-baisés et cora-niqués !

AG : Comme dirait Docteur Chemakh.

Insi : Un dernier mot, monsieur le ministre ?

AG : Pleurez Kabyles comme d’habitude. La mémoire de Matoub est souillée, la JSK est classée dernière, la Kabylie s’islamise...

Insi : Et Boutef agonise...

AG : Chut ! Qui t’as dit ça ? Qui t’as dit ça ? Arrêtez-le !

Deux gendarmes algériens, trois Islamistes et quatre membres de l’Amicale sortent d’un bar kabyle, situé en face de la cabine téléphonique où se trouvait Insi, et tentent de l’arrêter. Et comme toujours, INSI se plie en quatre, fonce et disparaît dans les rues de Paris.

Entretien imaginé par
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