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Loundja fille de l’ogresse

Lundja yellis n tamz’a

vendredi 2 janvier 2004, par Tamilla

Recueil de contes kabyles par Larbi RABDI, paru chez l’Harmattan.
Les trois contes que l’auteur nous livre dans cet ouvrage lui ont été racontés par une femme kabyle qui, elle-même, les a reçus de ses aînées. "Il s’agit d’un legs transmis de génération en génération et qui a fini par arriver à la nôtre par le moyen de la mémoire orale".

Nos mission et devoir aujoud’hui est de fixer cet héritage par écrit, seul moyen pour éviter que ce trésor soit perdu et par lui une partie non négligeable de notre littérature !

L’auteur a recueilli trois contes auprès d’une femme kabyle. Comme le précise l’auteur, il est évident qu’entre les pages froides de son recueil et les récits oraux des conteuses il y a une différence flagrante. Mais avons-nous le choix ? Et comme le précise toujours l’auteur, l’objectif vaut bien le sacrifice. Car aujourd’hui nous ne pouvons faire l’économie du passage à l’écrit. Ce passage à l’écrit est seul garant de la sauvegarde d’une partie de notre patrimoine culturel. En effet, si l’on ne songe pas à figer, par écrit, toute la littérature orale berbère (contes, proverbes, poésie,…) qui est en possession de femmes et hommes d’un certain âge, ce trésor nous le perdrons le jour où nous perdrons ces hommes et femmes. En effet, chaque vieille ou vieux qui décède c’est une bibliothèque inestimable qui disparaît avec elle (lui). D’où le devoir de tout un chacun aujourd’hui de contribuer à l’écriture de ce patrimoine.
C’est dans cette logique que l’auteur s’inscrit.

Les contes qu’il nous livre dans cet ouvrage lui ont été racontés par une femme kabyle qui, elle-même, les a reçus de ses aînées. "Il s’agit d’un legs transmis de génération en génération et qui a fini par arriver à la nôtre par le moyen de la mémoire orale".
Larbi Rabdi inscrit son travail dans une perspective de réactualisation de la littérature orale berbère dont le conte constitue une partie non négligeable.

L’autre objectif de l’auteur est également d’œuvrer afin de permettre à la culture berbère de renouer avec la vie sociale et d’être à la disposition de tout lecteur en tant que produit culturel actuel et moderne. La culture berbère ne doit pas être seulement un objet muséographique dont l’intérêt réside dans sa seule valeur d’argument et d’objet d’études de sciences humaines.

Ce recueil, en plus d’être un ouvrage de littérature qui nous fait découvrir trois contes kabyles, il est un véritable outil pour le chercheur berbérisant. En effet, du fait qu’il s’agit d’un récit d’une femme kabyle transcrit tel quel par l’auteur, il s’agit là d’un corpus qui a un intérêt scientifique indéniable.

Par ailleurs, l’intérêt scientifique de ce recueil réside dans le fait que le recueil est effectué en Kabylie orientale, une région de Kabylie qui n’a pas fait l’objet d’explorations importantes par le passé. L’essentiel des recherches et des explorations effectuées jusque-là ont concerné plutôt la Kabylie occidentale.

L’auteur qui semble être de cette région travaille actuellement sur la publication d’un ouvrage sur le parler des Ihbachen (Kabylie orientale) intitulé "Le parler d’Ihbachen (Kabylie Orientale - Algérie). Esquisse phonologique et morphologique" et qui va paraître aux éditions "Rüdiger Köppe Verlag" à Cologne en Allemagne. Il a par ailleurs publié deux ouvrages chez l’Harmattan sur l’écriture du berbère. Tira n tmazight en langue berbère et sa version française intitulée Initiation à l’écriture de la langue berbère.

Du contenu de l’ouvrage.
L’ouvrage contient une présentation de deux pages de l’auteur suivie des trois contes en kabyle avec leur traduction française.

Premier conte :
En kabyle le titre est Lundja yellis n Tamza ou "Loundja la fille de l’ogresse". La traduction donnée par l’auteur est "Le roi et les trois jeunes filles".
En effet, il s’agit de trois jeunes filles qui se sont retrouvées à la fontaine et elles se sont mises à rêver et chacune dit ce qu’elle est capable de faire au roi si ce dernier l’épousait.

Le hasard a fait que le roi était à la fontaine pour abreuver son cheval et il surprit les trois jeunes filles en train de discuter. La première disait : - si le roi consentait à m’épouser, je pourrais vêtir tout son royaume avec une seule toison de laine. - Moi, disait la seconde, si le roi consentait à m’épouser, je pourrais, avec une seule mesure de blé, nourrir tout son royaume. Et la troisième d’ajouter : - si le roi consentait à m’épouser, je lui donnerais un garçon et une fille aux chevelures d’or et d’argent.
Il leur dit alors que vous êtes toutes les trois demandées au mariage. Il va voir leurs parents et les demande au mariage. Il les fait venir chez lui et chacune devant tenir sa promesse.

Les deux premières ont pu lui faire la démonstration. La troisième, qu’il met enceinte, il l’isole et la met là où elle ne voit personne. Les deux autres femmes, jalouses de la troisième, ont fait appel à la sorcière du village qui est venue le jour de l’accouchement avec une boîte. A l’accouchement, la sorcière prend les deux enfants, un garçon et une fille aux chevelures d’or et d’argent et les met dans la boîte de laquelle elle sort deux chiots qu’elle met à leur place. La sorcière va jeter la boîte en mer. Quant au roi qui est surpris par mauvaise nouvelle demande que la jeune femme soit conduite parmi les chiens et qu’elle vive parmi eux.
La boîte jetée en mer fut déposée sur le rivage d’un lieu où se trouvaient un vieillard et sa femme qui rêvaient depuis leur mariage d’un bébé qui viendrait alléger le poids de leur solitude. Ainsi les deux enfants ont été adoptés par le vieillard et sa femme qui les ont élevés. Après la mort du vieillard et de sa femme, les enfants s’ennuient tous seuls et ont décidé de partir. Et le hasard a fait qu’ils atterrissent dans le pays de leurs parents.

La jeune fille et le jeune garçon se sont ainsi installés dans le pays de leurs parents et beaucoup de choses vont se passer, notamment des aventures du garçon, avant les retrouvailles avec leur mère ainsi que leur père malgré tous les efforts déployés par les deux femmes du roi, avec la complicité de la sorcière du village, afin d’empêcher cette rencontre.

Le deuxième conte est l’histoire d’un homme qui accepte de se séparer de son père et ses frères pour sauver l’amour qu’il porte à sa femme. Cela l’a contraint à partir très loin avec sa femme. L’aventure l’a fait rencontrer avec l’ogresse qui, ironie du sort, accepte de l’adopter comme enfant et le considérer comme l’un de ses fils. Sa femme a été également adoptée par l’ogresse qui l’a considérée comme sa bru. La femme du jeune homme le trahit et collabore avec un ogre qui finit par piéger le héros. Mais son intelligence ainsi que celle de sa mère adoptive, l’ogresse, fait que le dernier mot lui est revenu et il réserve et finit par régler ses comptes et avec l’ogre et sa femme qui l’a trahi.

Enfin, le troisième conte nous raconte l’histoire d’une femme jalouse et qui veut se débarrasser de la fille de son mari pour l’avoir à elle toute seule et ses propres enfants. Elle pousse ainsi son mari à abandonner sa fille. Le destin réserve à la fille une vie de bonheur, alors que la femme finit très triste du fait de la haine et de la méchanceté qui l’a animée.

Larbi RABDI,
Le roi et les trois jeunes filles / Lundja yellis n tamaza
Et autres contes berbères de Kabylie

Bilingue berbère-français
Editions l’Harmattan, Paris, 2003.

Tamilla

Messages

  • Bonjour, avant tout j’aimerais souhaiter succès et Bravo à Larbi Rabdi pour son livre, vraiment agréable de pouvoir lire de si beaux contes surtout de les partager avec nous, j’aime énormément la culture berbère, je suis d’origine Canadienne ... Mais je me suis aperçue en lisant l’article que je me retrouve avec une autre version de Lundja, fille d’une ogresse, d’une beauté ensorcelante, j’aimerais savoir s’il se trouve plus qu’une version puisque c’est la deuxième dons j’entends parler ?

    Tanemmirt

    • salut moi je mappelle anissa et jai 14 ans je sai que sa na rien navoire mais je voulais félicitai mon cousin benadjaoud yougourten pour son livre qui et complétemen rédigé en kabyle et je vou conseille vraimen daller lire son lire s’apelle le feux et l’eau je croie qu’il a un site je voudrai reprendre mai origine kabyle

      Voir en ligne : http://www.tamazgha.fr/forum

    • Bonjour je suis Farid de marseille je tiens à filliciter monsieur Rabdi Larbi pour son livre qui est pas le premier d’ailleur que je lis un livre qui m’a fait penser au soirée passée aupres de ma maman autour du Kanoun chaque soir de l’hivers ces contes nos réchaufés du froid mais ça c’est du bon vieux temps et aujourd’hui il y’a une personne qui réchaufe nos coeur et c’est bien vous monsieur RABDI donc un grand merci je vous souhaite un très bon parcours

    • moi je dit que sais bien le livre qui parle de l’ogre et vous sa vous a plus oui ou non

    • salut tout le monde je tiens à remercie le grand homme de mon village monsieur larbi rabdi pour ce livre car il est une reference pour chaque kabyle et amazigh qui veut s’enrichir dans la culture kabyle.moi je m’appelle aissat toufik je suis de ton village mr rabdi le village d’ihbachen et je suis tres heureux et fiers de vous,moi je veux acheter ce livre et aussi je veux vous contacter mr rabdi larbi,si vous pouvez m’envoyer votre email à ma boite email"toufiksportif2008@yahoo.fr" et je vous remercie d’avance....mr toufik aissat du village ihbachen commune de kendira daira de barbacha wilaya de bejaia.

  • Bonjour !
    je m’appelle Nounja. Je suis marocaine, et très jeune j’ai été berçée par des contes magnifiques tel : nounja bent al ghoula. Je vous félicite pour votre livre.
    Par contre, le conte sur loundja qui m’a été raconté est une version différente de la votre. Existe-t-il d’autres versions ?
    merci