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Festival de Cinéma de Douarnenez
Coup d’envoi de la 26 eme édition : Les Kurdes à l’honneur !
Le 16 août 2003 a eu l’inauguration de la 26eme session du Festival de Cinéma de Douarnenez
dimanche 17 août 2003, par
Plusieurs dizaines de fidèles du Festival et d’autres personnes venues pour la première fois étaient là pour assister à la cérémonie d’inauguration de la 26ème édition du Festival de Cinéma de Douarnenez consacrée au peuple kurde, un peuple qui souffre depuis longtemps et qui subit les dictatures de quatre Etats. Etats qui ne sont rien qu’un pure produit du colonialisme occidental en Mésopotamie.
Loin de l’équipe du Festival de Douarnenez l’idée de rester indifférente devant la situation imposée par le gouvernement français aux intermittents du spectacle et à la culture de manière générale. Non seulement l’on est solidaires du mouvement, mais l’on est également conscients des éventuelles conséquences de cette politique sur l’avenir du Festival : qu’est ce que le Festival montrera s’il n’y a plus de production cinématographique ?!
Mais en même temps, il est très difficile d’imaginer que le Festival rate une édition ; comment imaginer que les Kurdes ne s’expriment pas cette année à Douarnenez. L’annulation du Festival ferait certainement sauter de joie nombre d’ennemis de la cause et du peuple kurdes : comme par exemple La communauté turque de Quimper qui aurait osé exercer des pressions sur les organisateurs du Festival afin de les convaincre de "laisser tomber" la thématique "Kurdistan".
Pour le bonheur des Kurdes et de tous les peuples qui mènent un combat pour le liberté, la 26eme édition du Festival de Cinéma de Douarnenez a bel et bien lieu et les Kurdes y sont à l’honneur.
C’est Anne Jardin, Présidente de l’association organisatrice, qui ouvre la séance traditionnelle d’inauguration du Festival.
Anne Jardin a dit combien l’équipe du Festival qui a eu à travailler toute l’année à la préparation de cette édition a appris sur la question kurde. La question kurde, comme beaucoup d’autres dans le monde, qui reste méconnue de l’opinion.
Comme elle le dit dans son texte introductif dans le catalogue du Festival, "il était inévitable qu’un jour nous allions les inviter [les Kurdes] à notre Festival, chercher à mieux les connaître et leur offrir cet espace d’expression que nous faisons vivre ici depuis de nombreuses années."
Enfin, Anne Jardin émet l’espoir de voir cette rencontre contribuer à faire avancer la cause kurde qui en a tant besoin.
Madame Prevost, Maire de Douarnenez qui soutient le Festival, se veut fière de ce Festival qui donne un coup de projecteur sur les peuples minorisés à travers le monde ; un Festival qui est "la voix des sans voix". Même s’il y a plus de 25 millions de Kurdes, même si parfois l’actualité les met en avant, il en demeure qu’il y a un manque de conscience claire des conditions de vie du peule kurde, un peuple sans Etat qui mérite la paix et la liberté, dit la maire de Douarnenez qui reconnaît la responsabilité des Occidentaux dans ce que vivent les Kurdes aujourd’hui, mais qui dit, par ailleurs, combien le rôle des Occidentaux pourra être important dans le combat des Kurdes pour la reconquête de leurs droits fondamentaux. Elle salue le courage et la détermination des Kurdes qui malgré toutes les difficultés qu’ils subissent continuent à faire des films.
Elle termine son intervention en remerciant l’équipe du Festival qui "nous font vivre des moments de réflexions et d’émotion et qui nous font rêver d’un monde de paix, de justice et de liberté".
La représentante du Conseil Général qui soutient également ce Festival rend hommage à l’équipe du Festival qui "nous font voir ce que nous n’avons pas l’habitude de voir".
Caroline TROIN, co-directrice du Festival, revient sur le voyage effectué au Kurdistan par la délégation du Festival. Elle dit combien était chaleureux l’accueil qui leur a été réservé par les Kurdes. Trois Maires au Kurdistan les ont reçu royalement. Elle a tenu à souligner l’importance de la culture chez les élus kurdes. Elle ne pouvait ne pas parler de la chanteuse SERAP qui, selon elle, incarne la détermination kurde. L’une des leçons de ce voyage était de prendre conscience de la manière dont un peuple peut verser dans la violence car sa langue est niée.
Caroline TROIN dédie ce Festival à Leyla ZANA, députée kurde emprisonnée depuis 1994 par l’Etat turc. Elle a été condamnée à 15 ans de prison car elle avait "osé" s’exprimer en kurde au parlement turc. Depuis elle croupit dans les geôles des prisons turques avec deux co-détenus.
Enfin, elle nous fait part des difficultés auxquelles est confrontée l’association notamment avec les restrictions des financements par le FASILD et la DRAC. Ainsi pour ces organismes, la culture devient de plus en plus une valeur marchande.
Erwan MOALIC, co-directeur du Festival, prend à son tour la parole pour dire ce qui caractérise le Festival de Douarnenez et rappeler aux Festivaliers les particularités du rendez-vous.
"Même si le Festival propose la découverte du peuple invité à travers son cinéma, nous essayons de nous intéresser à ce qui se passe chez nous, dans notre Pays la Bretagne.", dit Erwan Moalic. Il s’agit entre autre de faire connaître aux Bretons le cinéma de Bretagne. Mais cela est une occasion également d’expliquer combien faire du cinéma en Bretagne est différent d’ailleurs.
La voix des intermittent du spectacle a été portée par Hubert Budin et Cathenrine Delalande qui ont pris la parole lors de cette séance inaugurale.
Pour Hubert Budin, le Festival de Douarnenez est un moment très important pour les professionnels et intermittents de l’audiovisuel en Bretagne. Cela est une occasion pour montrer son film mais aussi pour voir les films des autres. Il exprime la position de l’ensemble des associations créées ces dernières années pour défendre et représenter les intérêts des producteurs, réalisateurs, comédiens,… qui ne "sont pas du tout d’accord avec l’accord de la nuit du 26 au 27 juin dernier". "Même si le gouvernement français a décidé, nous continuerons à informer des conséquences de cet accord." a-t-il rajouté.
Catherine Delalande signale que cette édition du Festival de Douarnenez ne verra pas de "compétition Bretagne" à cause de la situation mais que les films seront projetés et que les professionnels de l’audiovisuel en Bretagne seront présents comme d’habitude. Un stand est tenu sur le site du Festival pour expliquer au public la situation des professionnels de l’audiovisuel en Bretagne et des intermittents.
Pour clore la séance inaugurale, la parole a été donnée à des membres de la délégation kurde. Cette délégation a été amputée d’au moins un membre ; un des trois maires invités. En effet, le gouvernement turc a refusé de lui accorder l’autorisation nécessaire pour quitter le territoire turc.
Ayse Karadag, Maire de ville de Derik, prend la parole pour remercier tout ce que l’équipe du Festival a fait pour que la culture kurde s’exprime en Bretagne. Pour elle, il s’agit là d’une reconnaissance du peuple kurde par les Bretons. Elle a expliqué combien est difficile de faire son travail d’élue tout en subissant l’Etat turc, cela est d’autant plus difficile lorsque l’on est une femme.
Les Kurdes qui ont accédé à la gestion de certaines municipalités sur leur territoire travaillent dans des conditions très difficiles, mais les choses commencent à changer grâce à tous les efforts déployés par ces élus kurdes qui veulent voir leur pays aller vers un avenir autre que celui qui leur est imposé par les Turcs.
Un membre de la délégation kurde est monté sur la tribune juste pour dire ceci : "Le peuple kurde a payé très cher son combat pour la liberté, et il est prêt à payer le prix qu’il faut pour accéder à cette liberté" avant de laisser la place au maire de la capitale du Kurdistan qui exprime sa joie de voir le peuple kurde, dans ses différentes composantes, représenté à Douarnenez. Il exprime sa conviction que ce Festival ne peut que donner un coup de pouce à la paix dans le monde, un monde qui peut devenir beau si l’on se met à s’aimer au lieu de se faire la guerre.
Les discours laissent la place aux réjouissances où les festivaliers à déguster, entre autre, une liqueur kurde et des olives du Kurdistan marinées dans une sauce aux goûts méditerranées. Comme en Kabylie, les olives compte beaucoup dans ce pays de résistance.
N’en demeure que les festivaliers entament cette édition avec un sentiment de rage contre un système qui fait subir à un peuple amoureux de la liberté la pire des injustices, injustice illustrée par le sort réservé à Leyla Zana, élue kurde emprisonnée par l’Etat turc.
Bon vent à notre Festival.
Masin.