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Cinéma

Etre une femme et subir le système algérien

Selon le film de Djamila Amzal...

mercredi 10 novembre 2004, par webmestre

Cela fait 20 ans ou même plus que des femmes et... des hommes se battent pour l’abrogation du Code de la famille, une loi voté par les députés du parti unique FLN en 1984. A l’époque du vote, les préoccupations du pouvoir algérien en place était d’opposer islamistes et militants berbères. Et un des cadeaux offert à aux islamistes, pour services rendus, il y a le code de l’infamie. A l’époque, le FLN se réclamait de la démocratie : il était le parti-Etat. Il dirigeait une république démocratique qui foulait les droits des Berbères à étudier leur langue, les droits des femmes, des travailleurs, des fils de martyrs... A l’époque, les députés avaient eu une idée ‘hautement philosophique’ pour un régime dictatorial se réclamant de l’arabisme, de l’islamisme, du socialisme... à savoir faire de la femme une mineur à vie, une esclave à l’image de celles de l’ère mohamétane...

Vingt après, des femmes subissent les affres de cette loi inique. Vingt après, une femme doit avoir un ‘tuteur’ pour se marier... même si elle est Ministre ! Certes, le terme tuteur n’a pas le même sens en langue française que le ‘wali’ du Droit coranique, mais connaissant les manipulations des mots de la langue par le régime algérien, c’est sûrement de façon délibérée que wali a été traduit par le terme ‘tuteur’. Le sens de ce dernier terme ne revêt nullement dans le droit civil occidental le contenu de wali du droit coranique.

Vingt ans après, une ministre doit avoir un tuteur (même si c’est un terroriste repent ( ?) pour pouvoir se marier et vivre son amour dans la légalité ! C’est bien cette situation que Djamila Amzal dénonce dans son court métrage ‘Le tuteur de madame la Ministre’.

Le premier mérite du travail accompli par Djamila Amzal est bien la dénonciation du code de la famille par un moyen de communication important, le film.
Le second mérite est que ce film est en kabyle. C’est-à-dire la langue du peuple, la langue de millions de femmes qui ont souffert et qui souffrent encore du statut de mineure à vie.

Lors de cette projection organisée par l’association Tamazgha et le cinéma Magic de Bobigny le 5 novembre 2004, c’étaient près de deux cents personnes qui étaient venues. Il y avait beaucoup de personnalités du monde berbère : on y a rencontré Ferhat Mhenni, Saïd Khelil, Hacèe Hirèche, Hamid Salmi, Madjid Soula, ...

Dommage que le temps imparti aux débats soit limité vu les contraintes horaires relatives à l’utilisation de la salle. Des représentantes d’associations féministes et des militants berbères n’ont pas manqué de féliciter Djamila Amzal pour son film. Cette dernière était toute contente des compliments : elle était souriante toute la soirée. Une soirée qui s’est erminée tardivement dans un charmant restaurant de Paris 19ème. Les débats ne portaient pas uniquement sur le film mais sur divers sujets relatifs à la situation politique en Kabylie, abrogation du code de la famille, les âarchs, l’autonomie de la Kabylie, l’enseignement du berbère... Le tout autour de pizzas et de vin italien. En somme, une soirée toute berbère, en compagnie d’une actrice-ministre mais sans... tuteur !

Saïd CHEMAKH