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L’Affectif et le Politique

par SID-LAKHDAR Boumédiene

dimanche 1er janvier 2006, par Masin

Un Président entre au Val de Grâce pour un ennui oculaire, des questions pressentes se posent et sa sortie, entourée de sa famille face aux micros et aux caméras, alimente aussitôt la polémique à propos d’une débauche de stratégie de communication au service des besoins personnels de l’homme politique.
Un autre Président lui succède au Val de Grâce pour des maux qu’on a du mal à connaître, la vacance du pouvoir est laissée à son appréciation et l’épanchement qui accompagne sa sortie est indescriptible.

Que le lecteur se rassure immédiatement, cette mise en parallèle n’est en aucune manière la reproduction stupide du cliché du complexe vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. Il ne s’agit non plus de dissimuler le réel soulagement que l’on a face à la guérison de tout homme, quel que soit son identité et son rang. Il s’agit encore moins de changer nos sociétés en de monstres froids qui annihileraient l’affectif, l’Algérie n’est pas le Pôle Nord, comme Marseille ne ressemblera jamais à Strasbourg, et c’est très bien ainsi.

Cependant l’Algérie se veut être une grande nation de ce monde et se doit par conséquent de faire la part des choses entre l’affectif et le Politique. Un certain nombre de rappels me viennent à l’esprit pour en faire la distinction, je les soumets sans exhaustivité ni hiérarchisation.

Le Politique, c’est de réclamer que l’absence d’un chef d’Etat soit gérée avec le respect de règles établies, sinon constitutionnelles tout au moins d’usage dans une société démocratique. L’homme est souffrant mais le Président est absent, ainsi se conçoit la dure réalité des responsabilités d’Etat. Que ceux qui ont légitimé la fonction incarnée par l’homme en question [1] (ce n’est pas mon cas), se comportent avec le courage et la sévère critique qui honorent le mandat donné.
Le Politique, c’est de réclamer la même justice pour tous. J’aurais souhaité que la ferveur générale et bruyante soit présente pour réclamer la fin des souffrances de nos compatriotes emprisonnés pour délit d’opinion comme c’est le cas de Benchicou et de bien d’autres [2].
Le Politique, c’est de juger les résultats d’un pays avec lucidité et sans complaisance. Si le régime politique qui vous a dépouillé de tous vos biens et de votre âme vous jette un morceau de pain (le votre), le moins que l’on puisse attendre d’un esprit indépendant est d’éviter de rentrer en transe pour le remercier. Les images auxquelles nous avons été confrontés ne sont plus dignes d’une société qui maîtrise le discernement politique et la critique. Personne n’a de leçon de moralité à recevoir quant à la réalité de son soulagement de voir une personne humaine délivrée des affres de la maladie, ce n’est pas pour autant qu’il doit perdre le sens politique des faits.
Le Politique, c’est de s’inquiéter d’une nation qui s’émeut avec un élan collectif de la santé d’un homme (ce qui est honorable en soi) tout en refusant avec violence et mépris le statut de citoyenneté à des millions d’autres sous prétexte de différence linguistique et culturelle.
Le Politique, c’est enfin de s’inquiéter des risques que peut courir un simple citoyen lorsqu’il doit être pris en charge par le système médical de son pays. Si une maladie "sans gravité majeure" (selon les termes officiels) entraîne une hospitalisation à l’étranger du chef de l’Etat, nos éminents spécialistes avec leurs blocs opératoires les plus performants ont des questions à se poser. Dans le cas contraire, la minimisation de la maladie est de toute façon un mensonge d’Etat inadmissible pour un élu qui dispose de pouvoirs institutionnels sans limites.

Vous êtes ailleurs et l’Algérie n’est plus votre problème me rétorqueront certains. Oui, mais alors pourquoi mes impôts ont-ils servi à régler partiellement (si ce n’est en totalité) la facture du Val de Grâce ? Si ce n’est pour affirmer mes droits au questionnement.


SID-LAKHDAR Boumédiene
Enseignant.


[1Que cela ne soit pas mon cas ne change rien au propos.

[2Et Dieu sait pourtant combien mes opinions ont été sévèrement critiques (voir violentes) à l’égard de ce dernier.

Messages

  • bonsoir
    encore une fois on demontre au monde entier notre affect , on est encore loin des societes modernes , le culte de la personnalité est l"heritage integral de la civilisation arabo-islamique entrobé d’un drap nationaliste dejas si on a pas accusé l"ennemi imperialiste qui a innoculé un germe pathogene à notre roi auto proclamé , que dieu nous le garde mais il est mortel je suppose ce messi soyons seriuex au moment ou on fustige de toute part la france on la sollicite pour prodiguer des soins a notre suveur les pansements gastrique algeriens deviennet ineficaces n(a -t-ons songer à voir un guerrisseur avec ses talisman et resorber l’hemmoragie sociale , économique qui perdure dans une chronocité alarmante , car quel tratement pour une société completement à coté de ses pompes ; on sacrifie encore des jeunes un bus qui s’ecrase avec ecore des victimes le mektoub dira l’autre pour saluer le miracle de VAL DE GRACE

  • Bonjour. Je suis totalement d’accord avec cet article. Je dois dire que je constate l’immaturité qui nous caractérise, nous, le peuple algérien.Nous ne réfléchissons plus. Nous nous contentons,comme l’enfant, d’éprouver de l’émotion pour un individu qui méprise ce peuple auquel il appartient.
    Je ressens de la rage face à une telle sottise. Fouzia