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IRCAM, Maroc, Tizi-n-Imnayen, Goulmima
L’ère de l’Ircamisation : Tizi n Imnayen ou le maquis qui a toujours osé dire NON
L’Ircam et la "politique berbère" de la monarchie ne cessent de susciter des réactions...
samedi 1er mai 2004, par
Une année et demi après la création de l’IRCAM [1], l’institut dont les locaux sont basés à Rabat a déclenché la curiosité de dizaines de visiteurs amazighs. Ce n’est pas par accident si ces pèlerins hors saison se ruaient droits vers l’institut des "Imazighen" car, et chose curieuse, la majorité d’entre eux n’entreprenent pas ces visites par conviction ou militantisme, mais tout simplement histoire de se pencher sur ce qui se prépare dans les coulisses agitées de l’IRCAM.
Cette curiosité excessive trouve son explication dans les rencontres et débats où l’intelligentsia amazighe avait déjà savouré les délices du militantisme de luxe et le conformisme intellectuel, occasions dévoilant, ainsi, l’autre facette invisible contre laquelle se butera l’espoir que pourrait incarner l’IRCAM. Alors, devant cette générosité démesurée dont l’ère nouvelle fait don à tamazight, sans contrepartie bien sûr, des flots d’intellectuels et d’acteurs associatifs entreprennent des exodes massifs désertant leurs régions et leurs associations pour rejoindre le conclave amazighe.
Cette situation désastreuse quant au mouvement amazigh devra rappeler l’un des principaux messages exprimés dans un ton amer et contenu dans l’œuvre-mémoire de feu Mohamed Abehri [2] à savoir le danger menaçant que représente la "citadinité sauvage" pour la "ruralité naïve". Ce qui se passe à Rabat illustre bien ce message d’Abehri : une capitalisation/capitulation du mouvement amazigh associatif, voire une "ircamisation" qui tend à déchirer le tissu associatif.
Mais, à l’heure où tous les regards s’orientent et se convergent vers l’IRCAM, au moment où l’amazighité se trouve soumise à un processus de centralisation stérilisante, très loin de là, à des centaines de kilomètres des sphères urbaines à domination makhzénienne, des régions à forte présence amazighe, résistent pour rester intactes vis-à-vis de la contagion. A ce propos, la ville de Tizi n Imnayen (Goulmima) qui abrite toute une caste d’intellectuels et d’imedyazen (poètes), doublés de militants infatigables et hors pair, a déjà marqué l’histoire de l’amazighité par un remarquable rayonnement socioculturel. Que ce soit à travers l’ensemble du territoire du pays ou au delà des frontières. Et le fait que siège dans cette ville l’une des associations les plus actives n’est pas le fruit du hasard : TILELLI (liberté), un nom signifiant un engagement profond et une indépendance entière. A travers de longs épisodes du militantisme, précisément durant les années du plomb ou Tamazight relevait des tabous politiques, cette association a été la seule à oser foncer à travers les lignes rouges. Qui n’a pas entendu parler de l’affaire Tilelli en 1994 ? Depuis, la ligne militante de cette structure se faisait nette et dérangeante. Quant à la force revendicative et contestataire, Tizi n Imnayen, cité phare de l’amazighité, la puise dans la vigueur du mouvement amazigh (version kabyle). D’ailleurs, ces deux régions (Tafilalt et Kabylie) s’apparentent dans deux données fortes : d’abord, le retranchement et l’éloignement des grands centres de l’urbanité arabo-baâthiste ; puis la profondeur du militantisme amazigh.
Outre que les deux régions mènent un combat sans merci contre le panarabisme. Quant aux symboles dont s’inspire Ighrem n Igoulmimen, ce sont d’un côté tous les combattants qui ont lutté pour que Tamazgha se libère de l’emprise étrangère, et de l’autre, ce sont aussi les Dda Mouloud Mammeri, Ait Menguellet, Salem Chaker et surtout Matoub Lwennas, l’éternel rebelle. Pour finir, si les activistes associatifs à Tizi n Imnayen, tels des maquisards, s’opposent aux ravages de l’ircamisation, d’autres régions, ou un militantisme amazigh en herbe a émergé récemment, se jètent en plein gueule du loup. Et le tissu associatif naissant au Moyen Atlas en est une bonne illustration à ce sujet.
Rachid Fettah
Rachidfettah@yahoo.fr
[1] Institut royal de la culture amazighe
[2] "Etre ou ne plus être", essai édité par le Centre Tarik Ben Zyad Rabat 2003. Mohamed Abehri est journaliste, nouvelliste et romancier amazigh décédé suite à une longue maladie en 2003.
Messages
1. > L’ère de l’Ircamisation : Tizi n Imnayen ou le maquis qui a toujours osé dire NON, 2 mai 2004, 18:49, par amal
Il me semble que l’Ircam sombre dans la nuit. Récemment des rumeurs courent à Rabat sur la possibilité de démission de plusieurs "militants(e)-fonctionnaires" de cette institution qui étaient "trompés", selon leurs dires.
Cet établissement freine leurs efforts tendant à développer tamazight. Imaginez un recteur qui dit aux imazighen irkanisés de ne pas s’adresser aux journalistes (il a seul habilité puisqu’il est payé à plus de 70.000 dhs (plus de 7.000 euros) et de ne pas écrire dans la "presse" dite amazighe. Lequel recteur a récemment qualifié les militants amazighes sincères de "terroristes" et "de fouteurs de trouble". Grave, mais vachement vrai, figurez vous chères amazighnautes. Il désire par cette déclaration qu’on lui accorde une autre 70.000 dhs pour service rendu au pouvoir ...
Si militer en faveur de l’amazighité est considéré comme de terrorisme, et ben je suis "terroriste" et "fouteur de trouble" et je le revendique ...
Amal, éternelle résistante à l’IRCAM - Rabat
1. > L’ère de l’Ircamisation : Tizi n Imnayen ou le maquis qui a toujours osé dire NON, 4 mai 2004, 18:32, par Abdelali
azul
le Makhzen paye 7.000 Euros pour les imazighes qui lui embrassent son cul chirifien. Waw c beau ca. ad anegh yarey bab n tezmert (que Dieu nous protège de ces berbères de Walu)...
nek d key