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La famille qui avance...
par Adrar
mardi 3 août 2004, par
Lundi, 26 juillet, 5H45 du matin. J’étais encore éveillé lorsque j’ai reçu le SMS de Saïd. "Hat twasigh-id wass lli yezrin tcegh mma-s ughri, yettuzerred iss-iyi gher Lahri, hejmen lbulis ghef ayt taddart-inu". (j’ai été kidnappé la nuit de samedi. J’ai été tabassé et jeté à Lahri. La police a également agressé ma famille".
Saïd vient d’être agressé pour la énième fois à Khénifra, cette autre bourgade amazighe qui refuse de plier. Au téléphone, il était terrorisé. Sa voix tremblait en me racontant son histoire. Il était déterminé à la fois de continuer la lutte et de s’exprimer sur ce qui lui arrive.
Cette nouvelle agression illustre le nouvel épisode dans la répression qui s’abat sur les jeunes militants amazighs dans la partie occidentale de Tamazgha. Après l’agression barbare des jeunes d’Al Houceïma, d’Imtghren, d’Agadir et de Marrakech, les services s’en prennent aux activistes du Moyen-Atlas. La boucle est ainsi bouclée et la peur tente de gouverner tout le pays amazigh.
Les vieux "chevaux" qu’on avait cru, un jour, pouvoir nous apporter le salut ont été "achetés" et retranchés dans les écuries du pouvoir. Les jeunes, autonomistes et porteurs de nouvelles idées, sont dans la ligne de mire ; tabassés et torturés dans l’indifférence.
Saïd a été kidnappé par des "inconnus" (que tout le monde connaît), tabassé et jeté à Lahri vers 2H00 du matin, un autre village martyr chargé d’Histoire. En effet, c’est dans ce village que les tribus amazighes ont écrasé l’armée française faisant des milliers de morts.
Saïd rentre à Khénifra plus que jamais déterminé à continuer la lutte.
Les "inconnus" ont également visité plusieurs membres de sa famille pour les intimider. Procédé classique auquel toutes les polices du tiers monde font recours. N’est-il pas mentionné sur la "fiche de renseignements" de la DGSN (Direction générale de la sûreté nationale) du Royaume heureux la question suivante : "sa famille (de l’inculpé) peut-elle se passer de lui ?". Désolé, On ne peut pas s’en passer. Saïd fait partie de notre famille, celle, bien sûr, qui avance. Alors circulez ...
Adrar,
Tizi n Imnayen, le 3 août 2004.
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