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Droits de l’Homme à Tamazgha
Le CERD souhaite une reconnaissance constitutionnelle de tamazight par l’Etat marocain !
La politique marocaine à l’égard de tamazight a fait l’objet des observations du CERD.
samedi 5 avril 2003
La monarchie marocaine n’a pas échappé aux observations des membres du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies qui ont pointé l’absence de reconnaissance réelle et concrète de tamazight. Ainsi la question amazighe a fait l’objet des préoccupations principales du CERD.
Lors de la séance d’adoption de ses observations et conclusions finales sur le rapport du gouvernement marocain, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies (CERD) a recommandé à l’Etat marocain de procéder à une reconnaissance constitutionnelle des langue et culture amazighes.
Le CERD a également réitéré son souhait de voir le gouvernement marocain fournir des éléments quant à la composition ethnique du Maroc sujet qui a fait l’objet d’une recommandation lors de l’examen de l’avant dernier rapport de cet Etat. Le CERD exhorte donc l’Etat marocain à lui fournir dans son prochain rapport de telles informations, en particulier en ce concerne les Amazigh.
Le gouvernement marocain qui s’attendait à des questions des membres du CERD concernant la question amazighe avait mis en avant dans son rapport la mise en place de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), chose à laquelle les membres du CERD n’étaient pas indifférents et qu’ils ont relevé avec satisfaction. Mais, pour les experts du CERD, cela ne dispense pas l’Etat marocain de fournir un bilan concret sur les activités et réalisations de cette institution "royale" ni de procéder à une reconnaissance de la dimension amazighe dans la Constitution.
Les membres du CERD souhaitent également "que des mesures appropriées soient prises afin que la pratique administrative consistant à interdire l’inscription au registre de l’Etat civil des prénoms amazigh, soit définitivement abandonnée".
En somme, les recommandations du CERD à l’Etat marocain concernant la question amazighe sont claires et précises comme le résume leur communiqué de presse en date du 19 mars 2003 : "Le Comité invite le Maroc à envisager une reconnaissance dans la Constitution de la composante amazigh de la population sur son territoire. Il l’invite également à reconnaître la langue amazigh comme une des langues nationales et à introduire son enseignement dans le système éducatif à tous les niveaux."
L’ambassadeur du Maroc aux Nations Unies avait fait savoir le 3 mars, lors de l’examen du rapport du Maroc, que le gouvernement marocain est disponible à coopérer avec le CERD et que la démarche du Maroc se veut un partenariat pour mener au mieux leurs obligations.
L’on verra dans les mois à venir si ce discours est l’expression d’une réelle volonté de l’Etat marocain de revoir sa politique anti-amazighe ou qu’il ne s’agit là que d’une langue de bois destinée à soudoyer les membres du CERD. Les événements récents (enlèvement et torture de Mbarek Taouss, répression à Imilchil, …) dans cette région de Tamazgha augure plutôt du pessimisme. D’ici le prochain rapport que présentera le gouvernement marocain au CERD, nous aurons tout le loisir de le mettre à l’épreuve : nous observerons déjà la publicité qu’il fera pour les recommandations du CERD puisque la convention pour l’élimination de toute forme de discrimination raciale exige des Etats parties qu’ils fassent une publicité des conclusions du CERD à travers tout le territoire.