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Le Printemps berbère à Meknès (Tamazgha Occidentale)
Les étudiants de Meknès ont même organisé une marche, mais seulement à l’intérieur du campus universitaire. Espérant que cela ne durera pas trop longtemps et que ces manifestations finiront par rejoindre la rue...
jeudi 1er mai 2003, par
La faculté des Sciences de Meknès marque le 23eme anniversaire du Printemps berbère.
Le mouvement estudiantin a commémoré Tafsut imazighen le lundi 21 avril 2003 à la Faculté des Sciences de Meknès. Plusieurs activités ont marqué cette journée. Ainsi une exposition portant sur la production littéraire amazighe (livres, revues, …) a eu lieu toute la journée ainsi que des débats sur la question amazighe.
La journée s’est achevée par une marche mais qui n’a, malheureusement, pas franchi les limites du campus. En effet, depuis quelques années les militants amazighs au sein de certaines universités comme Meknès ou Errachidia organisent ce type d’actions à savoir des marches dans l’enceinte de ces universités. Lors de ces "manifestations", des banderoles et même des drapeaux amazighs ont été brandis par les étudiants et quelques militants extérieurs à l’Université, venus les rejoindre. Cela a permis aux étudiants de se défouler certes, mais ils doivent se poser la question du véritable intérêt d’une telle action. Une manifestation, si elle n’est pas publique, si elle ne sort pas dans la rue peut-elle vraiment avoir un effet quelconque sur l’opinion ? Bien sûr que non ! D’ailleurs, les autorités marocaines, pourtant très répressives, laissent faire ce genre d’actions.
Il faut franchir le pas !
Le mouvement estudiantin doit aussi franchir les frontières universitaires. Les manifestations doivent se faire dans la rue et doivent impliquer davantage de citoyens. La question amazighe concerne l’ensemble du peuple et doit être portée par la rue. C’est la seule voie pour que cette question aboutisse. Souvenons-nous, le mouvement amazigh en Kabylie, région de Tamazgha qui porte le combat amazigh, n’a enregistré un véritable tournant qu’en 1980, période à laquelle la contestation a gagné la rue. Sans les manifestations d’avril 1980 et toutes celles qui ont suivi et qui ont marqué la Kabylie, jamais le Mouvement amazigh ne serait là où il est aujourd’hui, aussi bien en Kabylie qu’ailleurs dans Tamazgha. Rassembler des centaines de milliers de manifestants dans la rue est bien beau, mais cela a un prix. Le prix, c’est celui de plusieurs années d’affrontements avec un pouvoir dictatorial. Ce sont aussi beaucoup de sacrifices : emprisonnement de plusieurs militants et des sanctions diverses à l’encontre des activistes.
Le mouvement amazigh dans d’autres régions de Tamazgha ne peut échapper à la règle. Il doit sortir dans la rue et doit impliquer le peuple dans ses différentes catégories. Cela permettra aussi d’éviter que la monarchie de M6 gère la question amazighe tranquillement en se contentant de corrompre une certaine « élite » amazighe qui fera croire à une avancée ou une prise en charge de Tamazight. Il faut pouvoir défier les régimes et leur montrer que nous tenons à notre identité, à notre amazighité et que nous sommes prêts à combattre tout ce qui vise notre anéantissement par l’arabisation et l’assimilation forcées.
La protestation publique est une arme très efficace contre des pouvoirs comme la monarchie marocaine hostiles à une véritable solution de la question amazighe. La monarchie préfère contrôler le fait amazigh à partir du Palais dans le but d’étouffer toute tentative pouvant permettre l’épanouissement des langue et culture amazighes. Nous voulons pour preuve l’attitude répressive qu’ont eu les autorités monarchiques à l’égard des tentatives de manifestations publiques. Ainsi, il y a de cela un an, des militants de Goulmima ont été convoqués par les autorités policières locales pour leur faire savoir que si des manifestations publiques sont organisées, ils seraient poursuivis pour atteinte à la stabilité de la Nation. En effet, ces militants faisaient partie d’un comité préparatoire d’une manifestation publique dans la région. L’on garde en mémoire également toutes les interdictions et les fins de non-recevoir réservées aux multitudes demandes d’autorisation de rassemblements introduites par des associations amazighes notamment à Rabat.
En attendant le prochain Printemps berbère, le mouvement estudiantin de Meknès et d’ailleurs et le mouvement amazigh aura peut-être réfléchi à cette question et franchira, nous l’espérons bien, le pas !
Les Instituts français de Fès et de Meknès s’intéressent à Tamazight.
En collaboration avec l’association ASIDD (Meknès), l’Institut Français de Fès a organisé une conférence le vendredi 25 avril 2003 autour de « La poésie amazighe du Moyen-Atlas » avec Michaèl Peyron, Enseignant-chercheur à l’Université de Grenoble, auteur de deux ouvrages sur la poésie du Moyen-Atlas.
La même conférence a été organisée le 26 avril à l’Institut Français de Meknès. A cette occasion, une exposition de tableaux du jeune peintre Serraji a permis au public de découvrir la calligraphie amazighe (tifinagh).
Par ailleurs, nous avons appris de source locale qu’une dizaine d’associations du Moyen-Atlas se seraient réunies le dimanche 27 avril 2003 à Mrirt pour définir un cadre de coordination régionale. Parmi ces associations, il y a Ighboula, Azaghar, Amenzou, Amghar, Anezgum, Asidd, Achabar, Andaz, Azetta.
Une autre réunion est prévue pour le 13 mai afin de mener cette discussion concernant l’éventuelle définition d’un cadre régional de coordination des associations du Moyen-Atlas.
Les autorités marocaines se mobilisent pour la prise en charge de Tamazight ! !
De la même source, nous avons appris que le lundi 28 avril 2003 le Conseil de la région, l’Université et la Délégation de l’enseignement ont organisé une rencontre sur "Le caractère régional dans la charte de l’enseignement". Seraient présents à cette réunion des élus de la région, des inspecteurs de l’enseignement, des directeurs de services administratifs et des associations.
Trois ateliers auraient été mis en place dont un consacré à la problématique amazighe. Pour l’animation de cet atelier , l’Institut royal de la culture amazighe a dépêché deux de ses membres pour assurer deux interventions ; la première sur "La standardisation de la langue amazighe" par M. El Madlaoui, du Centre de l’aménagement linguistique ; la deuxième sur « Le caractère régional dans la charte et l’introduction de Tamazight dans l’enseignement » par Boudris Belaïd du Centre de didactique. La troisième intervention ayant contribué à l’animation de l’Atelier consacré à la problématique amazighe a porté sur "Les droits linguistiques et culturels dans la charte des droits de l’Homme" par M. ZAIDI.
Maintenant que le Palais de M6 a pris en main la gestion des langue et culture amazighes, notamment pas la mise en place de l’IRCAM, il est tout à fait normal que les composantes des différentes administrations et autorités du Maroc auront à jouer des rôles dans la grande pièce de théâtre mise en place par le Palais. Ces différentes composantes de la monarchie doivent faire croire qu’elles ont à cœur Tamazight et que son avenir fait partie de leur préoccupations. Ainsi, lors de l’ouverture de cette rencontre de Meknès, le président du Conseil régional aurait demandé au ministre de l’enseignement du gouvernement marocain, présent à a rencontre, de faire le nécessaire pour l’introduction de la langue amazighe dans la région de Meknès-Tafilalet. Lequel ministre affirme devant l’assistance qu’il ne va pas lésiner sur les moyens afin de faire en sorte que la langue amazighe soit introduite aussi bien à l’échelle régionale que nationale.
Parmi les recommandations retenues par la rencontre de Meknès, notons la constitution d’un comité régional qui aura pour tâche de mener une réflexion sur la stratégie de l’introduction de Tamazight. Il a été aussi retenu la mise en place d’un observatoire de Tamazight ayant pour objectif d’œuvrer pour la valorisation et la promotion de cette dernière au niveau régional et dans tous les domaines (enseignement, arts, traditions, histoire...). Ces recommandations ont été adoptées lors de la séance plénière. Et pour rassurer l’ensemble des participants et leur donner de l’espoir, un comité de suivi de toutes les recommandations adoptées par la rencontre a été mis en place.
Ufrin.