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Le "nif" algérien et les gogos
dimanche 23 avril 2006, par
Le "nif", une fierté qui honore l’homme dans son indépendance d’esprit et dans la liberté de ses actes quelques soient les conséquences physiques ou financières. Le "nif", c’est la force du pauvre face à l’adversité, du humble face à l’oppression et tout simplement la dignité de l’être.
Qui pourrait renier le commandement honorable du "nif" puisqu’il est au cœur de la démarche des résistances les plus nobles de l’humanité ? Aucun démocrate ne se risquerait dans sa négation tant il est l’âme revendicative de tout être sous l’emprise d’une inféodation, qu’elle soit d’ordre social, religieuse ou politique.
Cependant, les plus malins ont très vite compris combien cette réaction naturelle des algériens pouvait être profitable pour leur carrière et leur pouvoir. Voila quarante ans que les algériens jouent ou feignent de jouer l’exercice national préféré que leur fait jouer le pouvoir militaire, le "nif", c’est-à-dire la fierté en toute circonstance, en tout lieu et envers tout.
Une aubaine pour qui veut annihiler l’esprit critique d’un homme et lui faire faire et dire au mot près tout ce qu’il souhaite. Une emprise facile d’un pouvoir qui joue sur la fibre nationaliste comme on manipule un doseur de morphine au chevet d’un malade.
A ce propos, le "nif" de Bouteflika est décidément très réversible et sélectif. Un certain nombre de démocrates, qui pourtant sont perpétuellement soupçonnés d’être des "carpettes" face à la France, se sont sentis humiliés au plus profond de leur nationalisme car en ce qui les concerne, il est réel.
Ce dernier est revenu se soigner à l’hôpital du Val de Grâce, hôpital militaire du détestable empire colonial qu’il dénonçait avec véhémence il y a encore quelques jours. Cette fois-ci l’affaire a été dénoncée avec bruit par l’ensemble de la classe politique française (et pas seulement par Le Pen) et qu’elle nous ridiculise au plus haut point. Comment peut-on, comme un indigent, réclamer la charité médicale lorsqu’il est établi que la demande n’est pas conforme aux déclarations de la veille, que la personnalité de l’indigent est ce qu’elle est et que sa doctrine repose sur le "nif" ?
C’est encore une fois un camouflé qui nous ridiculise à tous et je pense particulièrement à tous ces professeurs algériens de médecine et aux milliards d’investissements dans les cliniques privées, censées être à la pointe de la technique et des compétences. Je ne souhaiterais vraiment pas être à leur place et encore moins à celle de l’un de leurs patients.
Le Professeur Debré, pourtant insoupçonnable lorsqu’il s’agit de coopération avec les dirigeants africains, a exprimé son trouble, lui qui connaît un certain nombre d’entre eux. Bien entendu, chacun a reconnu ce léger sourire au coin des lèvres qui ne laisse aucune place au doute quant à l’interprétation.
Le "nif", ce n’est pas laisser un peuple dans la misère et se gaver avec les contrats juteux, pourtant établis avec zèle avec les puissances qu’on dénonce dans les discours. Le "nif", c’est prendre la mesure du défi économique et démocratique et de n’en dévier sous aucun prétexte. Le "nif", ce n’est pas une façade de circonstance mais une démarche homogène et constante. Le "nif", enfin, c’est de se l’appliquer d’abord à soi avant d’en faire une politique pour les autres.
Le "nif" de Bouteflika, c’est celui des gogos pour ceux qui s’en laissent convaincre. Il est très loin du notre, nous qui sommes pourtant constamment traités de "hezb frança". C’est dire combien le ridicule ne tue pas.
SID-LAKHDAR Boumédiene.
Enseignant.
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Messages
1. Le "nif" algérien et les gogos, 26 avril 2007, 22:00
comment on fait pour ecrire dans votre tribune libre ?
merci
alaoua
1. Le "nif" algérien et les gogos, 27 avril 2007, 00:57
Il faut envoyer votre contribution à la Rédaction du site (tamazgha@wanadoo.fr) qui vous répondra...
Les contributions ne sont pas systématiquement publiées.