Accueil > Débats > Tribune libre > Un 5 juillet avec nos frères de Kabylie.
Un 5 juillet avec nos frères de Kabylie.
par SID-LAKHDAR Boumédiene (*)
dimanche 4 juillet 2004, par
Pour ce 5 juillet je viens, comme à chaque fois, me joindre à mes compatriotes de Kabylie pour leur dire les mots simples d’un enfant d’Oran qui ne comprend et ne tolère pas qu’une fête nationale se conçoive dans la souffrance et le mépris opposé à une partie de la nation.
Des mots d’une personne isolée qui ne pourrait, à lui seul, porter la responsabilité d’un désastre national ni ne peut y remédier. Une fête nationale dans les conditions actuelles est presque une hérésie, en tout cas un non sens que des mots ne savent plus exprimer.
Ces mots, je les réitère depuis des années dans un puit sans fond et sans écho mais je ne peux pourtant me résigner à les taire. Mes compatriotes berbérophones font l’objet d’un ostracisme qui est de plus en plus insupportable et mes paroles sont dérisoires et insignifiantes dans leur portée.
Ces mots simples sont ceux d’un oranais qui prend ses responsabilités devant un océan de bêtise et d’intolérance. Les seules langues et cultures nationales qui vaillent sont celles de l’intelligence et de la paix civile. Les langues, les cultures et les opinions n’ont jamais eu pour vocation à être discutée dans un pacte national autant qu’elles peuvent apporter cette intelligence à la nation.
Je ne compte sur le soutien de quiconque ni ne suis intimidé par les réponses insultantes de certains algériens, y compris parmi les réponses des berbérophones que j’ai eu, à regret, à déplorer. Je souhaite leur dire, à tous, que l’Algérie est mienne y compris dans les montagnes de Kabylie et ce n’est ni le silence, l’insulte ou l’indifférence qui y changeront quelque chose. La Kabylie est mienne comme cette belle région oranaise où je suis né, un point c’est tout. Par conséquent je ne pourrais tolérer qu’on y attentât à ses droits sous quelque forme que ce soit.
Mais cela n’est qu’égratignure et état d’âme sans importance car l’essentiel est dans la souffrance de mes compatriotes berbérophones qui font l’objet d’une persécution et d’un reniement inqualifiables.
Pour cette fête nationale qui se déroule dans un climat déplorable, que tous mes compatriotes de Kabylie sachent qu’il est une voix, une seule mais déterminée, qui refuse que l’on qualifie de national une collectivité dans laquelle on renie les droits à une partie de ses enfants.
Je me joins donc à eux pour leur dire que pour ma part, je fête ce 5 juillet à leur côté comme il se doit de l’être avec les enfants d’une famille qui ont été mis à l’écart.
(*) Enseignant.
Messages
1. > Un 5 juillet avec nos frères de Kabylie., 10 août 2004, 23:47, par Rachid N’Ihran
Cher frére d’Oran,
Je suis un kabyle qui est né et qui vit à Oran et je ne peux que me réjouir de lire ce que vous avez écrit ; cela veut dire que "ladzaïr tazmar atssaram ussan yifan wigi" (l’Algérie peux esperer des jours meilleurs), je ne peux que me réjouir de voir des gens conscients que nous sommes tous fréres malgré la France et aprés eux ces gueux qui nous ont gouvernent depuis 62. Bien sur que la Kabylie est tienne et bien sur qu’Oran, Tam, Annaba et autres appartiennent aux Kabyles et cela personne n’a le droit ni une quelconque légitimité de nous le renier.Ceci dit, il est vraiment navrant de voir les Algeriens (pas tous heureusement) s’emouvoir pour le pauvres Palestinien, le petit Irakiens et faire semblant de ne pas voir ce qui se passe chez eux dés lors qu’il s’agit de Kabylie d’ou l’idée d’autonomie de la Kabylie qui je pense serait trés benifique et pour les kabyles et pour l’Algerie (ceci n’engage que moi).
en tout cas, je vous envoie un bonjour berberophone.
1. > Un 5 juillet avec nos frères de Kabylie., 13 août 2004, 11:19
C’est par hasard que j’ai découvert ta gentille et intelligente réponse. Je me réjouis qu’un oranais puisse me répondre après de si longues années de militantisme pour la reconnaissance de tous les droits de mes compatriotes berbérophones.
Je te remercie et espère que l’on se reverra tous un jour à Oran.
Mes publications ont été nombreuses à ce sujet mais je dois avouer que deux organes de presse ne m’ont jamais publié à ce propos. Ce sont bizarrement "La dépêche de Kabylie" et "Le quotidien d’Oran". Ce dernier m’ayant publié sur touS autres sujets et aucun sur la Kabylie n’est passé.
Amitiés.
Cordialement.
2. > Un 5 juillet avec nos frères de Kabylie., 13 août 2004, 11:24
J’allais oublier. Je t’envoie la liste des interventions d’un oranais à propos des droits des berbérophones, non pour t’inonder de lecture mais pour un témoignage d’amitié d’un oranais vis à vis de ses compatriotes berbérophones qui sont (et nul ne peut le démentir) des oranais.
Amitiés.
Pluralité des langues nationales. Le Monde, 5 juillet 1998.
Et si nous amnistions le pouvoir ? El Watan, 13 Août 1999.
A mes compatriotes berbères. La Tribune, 19 mai 2001.
Un 5 juillet pour reformuler la nation. El Watan, 4 juillet 2001.
La souffrance de nos frères berbères a assez duré ! La Tribune, janvier 2002.
Langue nationale : le dangereux entêtement. Revue « Hommes et libertés » (ligue des droits de l’homme) + El Watan. Août 1998.
Les délégués des comités de villages doivent se rendre à Oran. La Tribune.
Vous avez dit « francophonie » ? Revue Izuran, octobre 2002.
Cessez votre grève de la faim ! Kabyle.com 24 déc. 2002.
A chacun sa vérité sur la colère kabyle. La une- Liberté, 7 janvier 2003.
Demain, l’Algérie (crise en Kabylie). Le Monde, 11 octobre 2002.
Combat d’un oranais anonyme : Entre désespérance et mobilisation. Kabyle.com
Le droit à la citoyenneté pour les berbérophones. Le Kabyle de Paris, 25 avr. 2003
"Négocier" n’est pas "aimer" ! Tamazgha.fr, 15 juin 2003.
5 juillet : aux grandes dates, la patrie reconnaissante… oui, mais ! Tamazgha.fr, 6 juillet 2003
8 avril - 20 avril : deux dates, une rupture. El Watan du 26 avril 2004
Loi de réconciliation nationale, pourquoi pas ? El Watan du 29 mai 2004.
5 juillet, la patrie reconnaissante ? El Watan du 5 juillet 2004.
Un 5 juillet avec nos frères de Kabylie. Tamazgha.fr le 4 juillet 2004.