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Fable...
Yir lejruh’ qqazen h’ellun, yir awal yeqqaz irennu
Les blessures s’en vont, les mauvaises paroles restent
mercredi 2 août 2006, par
Il fut un temps, le lion était le roi des animaux... Un jour de dur hiver, deux vieilles femmes partirent en foret pour ramasser du bois. Elles rencontrèrent le lion à l’entrée et le saluèrent. Quelques pas plus loin, l’une d’elles dit à l’autre :
- N’as-tu pas senti la mauvaise haleine du lion ?
L’autre resta silencieuse...
Le lion avait une ouie très fine, il avait tout entendu. Il attendit que les deux femmes reviennent de leur besogne. A leur retour, il tendit une hache à la femme qui l’outragea et lui dit :
- Donne-moi un coup sur le front.
- Je ne peux le faire, dit-elle, comment le pourrais-je ?
- Fais-le, j’insiste, intima le lion.
Alors, elle s’exécuta. Le roi des animaux s’affala ensanglanté. Il ne fit pas attention à sa blessure. Il dit aux deux femmes :
- Il se fait tard, vous devez rentrer...
Quelques semaines plus tard, les deux femmes eurent de nouveau besoin de bois. Elles firent le même chemin et rencontrèrent le lion au même endroit. Il les reconnût immédiatement. Il s’adressa poliment à celle qui lui asséna un coup sur le front :
- Peux-tu vérifier l’état de ma blessure ?
- Il n’y a nulle trace de blessure ! répondit-elle.
Il la fixa longuement et lui dit :
- Tu as vu, les blessures guérissent vite. Mais tes paroles sont encore vivantes dans mon cœur...
On ignore le sort que le lion a réservé à cette femme. En revanche, on sait qu’à une gracieuse perdrix qui assistait de loin à la scène, le lion dit dans un langage versifié, digne du roi des animaux :
A mm rric d awraγ
Ledjruh’ qqazen h’ellun
Ma d yir awal d amezdaγ"
Depuis ce mythique "incident", il subsiste le proverbe qui dit : "yir lejruh’ qqazen h’ellun, yir awal yeqqaz irennu." (=Les blessures s’en vont, les mauvaises paroles restent).
Amar Ameziane
Messages
1. Yir lejruh’ qqazen h’ellun, yir awal yeqqaz irennu, 5 août 2006, 16:54, par atanane
Magnifique parabole ! ça me rappelle le " coup de boule " de Zidane, bien sûr, et tant et tant d’ autres situations... le coeur n’ oublie jamais l’affront que l’on lui fait. Soyons courtois.
Voir en ligne : http://www.20six.fr/atanane
2. Yir lejruh’ qqazen h’ellun, yir awal yeqqaz irennu, 7 août 2006, 16:50
Je remercie Amar Améziane de nous rappeler ce conte qui nous éduque à ne vexer, offenser ou insulter personne. La blessure faite au corps, si elle n’a pas la mort pour conséquence, finit toujours par guérir quelque soit sa gravité ; elle se referme un jour quelque soit sa profondeur. Par contre la blessure de l’insulte, par le ressentiment qu’elle engendre, empoisonne à jamais la vie d’un être humain. La rancoeur et la haine que suscite l’insulte déshumanisent et abêtissent. Quel autre mal peut faire souffrir plus un être humain que celui qui lui confisque son âme et son esprit pour les occuper à ressasser, à ruminer, sans cesse, cette maudite parole qui l’a dévalué ?
3. Yir lejruh’ qqazen h’ellun, yir awal yeqqaz irennu, 11 septembre 2006, 10:53, par Sarah
Cette fable m’a fait remonté aux temps où je fus bercée (deg rebi n yaya)sur les genous de grand mère...l’adage est tout court mais dit beaucoup !
certes la blessure se panse, mais il en reste une cicatrice qui nous la rappelle le temps d’une vie...
bonne continuation !