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Enseignement du berbère en France

Je dénie ce droit à Hand Sadi !

par SID-LAKHDAR Boumédiene

dimanche 27 février 2005, par Masin

Que le gouvernement français, par l’intermédiaire d’une administration (Desco) dont je sais la compétence et le sérieux par ma fonction d’enseignant, nomme Hand Sadi à un poste stratégique pour le développement de la langue berbère en France ne me choque pas à première vue.
Que ce monsieur ait les compétences requises en linguistique berbère ou non n’a pas plus matière à m’émouvoir car contrairement à ce que je lis et j’entends, il n’est pas nécessaire à mon sens que ce poste revienne à un érudit ou à un universitaire du domaine en question. Je dirai même que la nomination à une telle mission relève du souci de susciter, de promouvoir et de porter un projet avec une fougue et une autorité qui ne sont pas forcément inhérentes à un universitaire, fut-il le plus éminent en cette spécialité.
Dans ces conditions, homme politique ou pas n’a à priori aucune incidence fâcheuse sur le sérieux de la nomination. Après tout l’argument reste irrecevable si on le projetait à la nature de l’autre prétendant que certains disent être plus légitime. N’est-il pas lui-même un acteur indéniable et pressent du débat politique en Algérie ? On ne le serait moins.

Tout cela étant dit, reste qu’il faut aller jusqu’au bout de l’argument et considérer que l’itinéraire de Hand Saadi et ses prises de positions politiques ne sont pas neutres et sont totalement recevables pour juger de la nature du projet qui est envisagé. Et dans ce cas, permettez-moi d’apporter les plus grandes réserves quant à l’indépendance intellectuelle de ce monsieur.

Je commencerais par l’argument le plus fallacieux, mais je n’en ai pas honte car j’ai pour ma part une position politique libre et ne suis candidat à aucun poste à la DESCO.
Lorsque toute une famille s’engage en politique autour des positions du frère, non pas seulement dans l’adhésion aux idées (ce qui n’est pas répréhensible) mais bien dans les postes les plus actifs de l’organisation, j’ai une tendance naturelle à me méfier de l’indépendance intellectuelle de ces personnes.

Quant au fond, je dirai ensuite que si Hand Sadi a épousé les orientations du RCD depuis de si nombreuses années, je suis assez septique quant à l’avenir du statut du berbère en France. Ce parti politique a toujours été le soutien indéfectible du régime militaire en place. D’abord par l’idée du pacte républicain puis ensuite avec un zèle des plus agissant jusqu’à en partager la responsabilité du pouvoir (ou plutôt de s’en convaincre). La question est de savoir si ce chargé de mission à la DESCO a le même projet d’indépendance pour la langue berbère que celui de ses camarades politiques du FLN, du RND et autres satellites. J’ai de sérieuses craintes qu’il soit aussi indépendant en la matière que ne le fut le recteur de la mosquée de Paris (et ne l’est encore !).
Enfin, et c’est le corolaire direct, le pouvoir algérien dont il a partagé les sièges n’est pas prêt à donner à cette langue autre statut que celle de « langue régionale ». Sera-t-il assez indépendant pour conduire l’installation du berbère comme langue à part entière ?

Moi qui ne suis pas berbérophone ne permettrai jamais à quiconque de me dénier le droit de défendre une langue nationale et ancestrale de mon pays (et donc la miene). Je me permets par conséquent, de plein droit, à contester la nomination des idées politiques prônées par le parcours de cet homme à un poste qui a pour mission de représenter l’une de mes langues nationales.
Je renie à tous les dignitaires de ce parti à représenter une langue pour laquelle j’ai combattu pendant tant d’années pendant qu’ils participaient et participent encore à son état d’inféodation politique.
La naissance en Kabylie ne donne pas pour autant droit à la légitimité en ce domaine. Surtout que moi, je n’ai pas siègé au côté du Général Nezzar, je n’ai pas été sénateur nommé au tiers présidentiel par Bouteflika et je n’ai pas, loin s’en faut, porté au pinacle de l’honorabilité et de la gloire mondiale des personnages comme Khalida Messaoudi.

J’ai donc plusieurs longueurs d’avance pour m’exprimer sur Hand Sadi auquel je dénie le droit de représenter en France l’espoir que j’ai mis dans la richesse de l’une des langues nationales de mon pays.


SID-LAKHDAR Boumédiene
Enseignant.




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Messages

  • Un jour notre histoire faite plus d’humiliation de la part de l’islamo-araberie que de toute autre colonisation,car victimes du deni-identitaire etde légitimité territoriale,retiendra ce que LA FRATERIE SÂADI à causer de dégats à notre amazigho-kabylité ,ici ou là,depuis que ce dernier à pactiser avec "le rouge "car "retourné"au moment ou le "vert"ensanglantait le pays,au détriment de la culture et de la démocratie amazigho-kabyle

    • je tiens juste a ajouter une chose, concernant ce litige, mr. le dernier qui avait repondu a celui qui a decider de denier ce droit a Hand SADI, vous avez vous aussi le droit detre fier de votre loyaute envers vos principes ideologiques, et cest dc je pense pour cette raison, et je precise pour celle ci,que vous avez gangner le proce.
      Monsieur, laccusateur vous etes prier de payer une amendes de 500 euros a votre pseudo accuse.
      voila pour ce ki est de lamende, pour finir, il faudrait vs forcer a faire des travaux forces car je crois ke vs netes pas capables de remplir votre role de philosophe en herbe.
      merci bien et je tenais a vs dire ke larabe est loin detre une langue nationale en algerie.
      cette langue vient de larabie seoudite je vs le rappelle.
      merci encore et a la prochaine.

      Voir en ligne : une khalida sans sa fille.

  • J’aimerais dire d’abord que les conflits de personnes, s’il y en a, ne m’interessent nullement et que je ne suis pas brosseur pour un sou. Mon point de vue est donc personnel sans complaisance aucune.

    Meme s’il est vrai que la designation de l’autre personne (en l’occurence le professeur Chaker)n’est pas une nécessité, force est d’avouer qu’il est le plus indiqué pour ce poste. Son parcours scientifique parle pour lui puisque toutes ses études, ses recherches et ses propositions ont été toujours basées sur des arguments difficilement discutables. S’il est vrai que Mr Chaker a des prises de positions politiques, ce qui est de son droit le plus absolu - libre à chacun de les épouser ou pas-il a toujours su faire la difference entre la chose scientifique (linguistique, litterature, didactique,etc) et la chose politique. Si parfois certains pensent deceler des opinions politiques dans des écrits linguistiques, c’est parce qu’il est impossible de separer une langue de sa société. La tradition linguistique Anglo-Saxonne est là pour nous dire que Trudgill, Fishman, Chomsky set bien d’autres éminents linguistes ont exprimés leurs points de vue "politiques" par rapport aux langues auxquelles ils ont eu à faire. Il me semble donc que l’argument de la prise de position politique n’est pas du tout un obstacle.

    Pour ce qui de la designation de Sadi, cela ne me semble pas etonnant du tout. Le gouvernement français de "notre ami Chirac" qui a toujours eu des positions complaisantes vis à vis de l’Algerie depuis 1999, et ce même au plus fort de la repression en Kabylie, ne pouvait en aucun cas facher son ami d’ici en désignant un fervent opposant au systéme. C’est peut-etre un mauvais exemple, mais est-ce qu’un medecin peut piloter un avion ? cette histoire me fait penser à un slogan bien de chez nous "arrajul al munasssib fi l mamkan al minassib" (l’homme qu’il faut à la place qu’il faut), on a réussi donc la prouesse de transmettre le virus de la gestion à l’algérienne à la France.

    finalement dans tout ça, c’est les Kabyles et par ricochet les Algeriens qui restent les dindons de la farce.

    Enfin, je remercie Mr Sidi-Lakhdar pour son engagement dans une cause juste Tanmirt

    • Merci pour la réponse et surtout pour l’analyse.

      Juste un point en retour, il m’a semblé dire également que les prises de positions politiques ne sont non seulement pas un désavantage mais tout à fait un atout dans ce type de mission.
      Le problème ne se situe pas dans le caractère politique des hommes en cause mais bien dans le choix du gouvernement français entre deux positions politiques.
      Et ce choix je le conteste comme c’est de la liberté de chacun.

      Cordialement.

  • Je pense que cela ne dérangent pas certains et certaines de perdre du temps dans des querelles intestines.

    S’ils passaient ce temps à demander à la presse algérienne comme le watan (que les kabyles ont tant soutenus) d’afficher l’autre langue nationale comme il affiche la langue qui m’est étrangère, on avancerait mieux.

    De l’intérieur de la berbérie (Numidia, Tamazgha) cela doit importer peu que ce soit l’un ou l’autre des candidats au poste qui soit nommé.