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Conseil de sécurité : appels à la fin des ingérences en Libye

Communiqué de presse

jeudi 9 juillet 2020, par Masin

CONSEIL DE SÉCURITÉ COMMUNIQUÉS DE PRESSE - SC/14243 8 JUILLET 2020

Conseil de sécurité : multiplication des appels à la fin de l’ingérence étrangère en Libye
[Résumé partiel]

Pendant que le monde entier fermait ses frontières et se confinait à cause de la COVID-19, bateaux, avions, camions chargés de mercenaires et d’armes se déversaient dans les villes libyennes, a dénoncé aujourd’hui le Ministre allemand des affaires étrangères. M. Heiko Maas, dont le pays préside le Conseil de sécurité pendant ce mois de juillet, a jugé qu’il est temps de mettre fin à « cette absurdité cynique ».

Relayés par toutes les délégations, le Ministre a appelé à la fin de l’ingérence étrangère : plus d’avions, plus de tanks, plus de camions ou de cargos chargés d’armes, et plus de mensonges. Il a prévenu qu’il compte utiliser tous les instruments à disposition, y compris des sanctions ciblées, pour éviter que la Libye ne devienne le théâtre d’une guerre étrangère. « Le temps n’est pas de notre côté », a mis en garde le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.

Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans sa mission que les 15 membres du Conseil font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux. Les représentants des pays suivants, dont la plupart étaient représentés au niveau ministériel, ont pris la parole : Algérie, République démocratique du Congo, Tchad, Égypte, Grèce, Italie, Libye, Maroc, Pays-Bas, Soudan, Suisse, Turquie, Émirats arabes unis et Qatar, sans oublier l’Union africaine, l’Union européenne et la Ligue des États Arabes.

Le conflit libyen, s’est alarmé le Secrétaire général de l’ONU, est entré dans une nouvelle phase avec un niveau d’ingérence étrangère sans précédent. Dans ses conversations téléphoniques avec le Premier Ministre Serraj et le maréchal Haftar, il a dit voir lancer un appel pressant à un cessez-le-feu efficace et à un processus politique qui avance rapidement. Le Secrétaire général a reconnu que la nomination d’un nouveau représentant spécial faciliterait grandement les efforts de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et a dit compter sur le Conseil de sécurité pour accélérer ce processus.

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a espéré d’emblée que cette réunion, qui intervient six mois après la Conférence internationale de Berlin sur la Libye, offre l’occasion de se réengager en faveur des principes convenus dans la ville allemande et inscrits dans la résolution 2510 du Conseil de sécurité. « Le temps n’est pas de notre côté », a-t-il mis en garde, expliquant que le conflit libyen est entré dans une nouvelle phase avec un niveau d’ingérence étrangère sans précédent, se traduisant par la livraison d’équipements sophistiqués et la présence d’un nombre croissant de mercenaires.

Faisant le point sur l’évolution de la situation depuis le 19 mai, le Secrétaire général a indiqué que l’Armée nationale libyenne (ANL) s’est retirée des lignes de front à Tripoli et que le Gouvernement d’entente nationale a repris la base aérienne d’Al-Wutiya, Tarhouna et Bani Walid. De plus, les unités de ce dernier, avec un soutien extérieur important, ont poursuivi leur progression vers l’Est, se trouvant désormais à 25 kilomètres à l’ouest de Syrte, après deux tentatives de prendre le contrôle de la ville. Même si la situation sur les lignes de front est plutôt calme depuis le 10 juin, le Secrétaire général s’est dit très préoccupé par une accumulation alarmante d’armes et de troupes autour de la ville et le niveau élevé d’une ingérence étrangère directe, ce qui est contraire à l’embargo sur les armes imposé par les Nations Unies, aux résolutions du Conseil de sécurité et aux engagements pris par les États à Berlin. M. Guterres a rappelé l’attaque du 5 juillet menée par des forces aériennes non identifiées sur la base aérienne d’Al-Wutiya. Dans ce sombre tableau, toutes les occasions de surmonter l’impasse politique doivent être saisies, a-t-il encouragé, en rappelant les efforts de désescalade de la MANUL, notamment la création d’une éventuelle zone démilitarisée.

L’évolution de la situation dans l’est de la Libye tend vers un soutien renouvelé à une solution politique, a estimé le Secrétaire général, en attirant l’attention sur l’initiative prise par le Président de la Chambre des représentants le 23 mai et la Déclaration du Caire du 6 juin. Le Gouvernement d’entente nationale a également appelé à des élections nationales. Cependant, a souligné le Secrétaire général, ces ouvertures sont fragiles puisque que la position des parties continue d’être déterminée par les développements militaires et le soutien de bailleurs de fonds extérieurs.

Les développements récents sur le terrain ont abouti à l’accord des deux parties de reconvoquer la Commission militaire conjointe 5+5 pour poursuivre les discussions sur le projet d’accord de cessez-le-feu déposé par la MANUL à Genève en février, a dit le Secrétaire général. Au cours de ce troisième cycle de pourparlers -qui a repris en juin-, le Représentant spécial par intérim a convoqué deux réunions virtuelles avec chaque délégation, qui ont reconfirmé les points clefs d’un éventuel consensus. Les discussions actuelles portent sur les domaines de convergence, dont le départ des mercenaires étrangers ; la coopération entre les institutions militaires et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme ; le désarmement et la démobilisation des groupes armés dans toute la Libye ; et les modalités d’un éventuel mécanisme de cessez-le-feu qui refléterait la nouvelle réalité sur le terrain. L’ONU continuera de travailler avec les parties pour parvenir à un cessez-le-feu et reprendre un processus politique, a assuré le Secrétaire général.

Il a indiqué que dans ses conversations téléphoniques avec le Premier Ministre Serraj et le maréchal Haftar, il a lancé un appel pressant pour qu’ils s’engagent en faveur d’un cessez-le-feu efficace et fassent rapidement avancer le processus politique. Le Secrétaire général a ajouté que l’ONU, l’Union africaine et la Ligue des États arabes, ainsi que d’autres acteurs et organisations régionaux clefs et l’Union européenne, continueront de travailler en étroite collaboration pour aider le peuple libyen à consolider son économie, sa sécurité et avenir politique.

En ce qui concerne le processus de Berlin, trois réunions du Comité international de suivi ont eu lieu cette année, à savoir les 2 avril, 13 mai et 22 juin. La prochaine réunion est prévue pour ce mois-ci et les groupes de travail politique, sécuritaire et économique sont tous opérationnels, contribuant aux efforts de la MANUL pour faciliter un dialogue dirigé et contrôlé par les Libyens.

Après les dernières opérations militaires dans le sud de Tripoli et de Tarhouna, près de 30 000 personnes ont été contraintes de fuir, portant le nombre des déplacés à plus de 400 000. Entre le 1er avril et le 30 juin, la MANUL a recensé au moins 356 victimes civiles, dont 102 morts et 254 blessés. Il s’agit d’une augmentation de 172% par rapport au premier trimestre de 2020, a indiqué le Secrétaire général, alors que depuis le début de l’année, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recensé au moins 21 attaques contre des installations médicales, des ambulances et du personnel médical.

Après que le Gouvernement d’entente nationale a repris le contrôle de Tarhouna, de nombreux charniers ont été découverts, a confirmé le Secrétaire général qui s’est dit choqué. Il a rappelé une fois de plus à toutes les parties au conflit leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Il a salué la décision du Conseil des droits de l’homme de créer une mission internationale d’établissement des faits en Libye pour enquêter sur les violations commises depuis début 2016 et promouvoir l’établissement des responsabilités. Il a également noté que la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé qu’elle n’hésiterait pas à enquêter sur d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le 19 juin, les Nations Unies ont répondu à la demande écrite du Premier Ministre Serraj de soutenir l’enquête sur les charniers. L’ONU est prête à donner son avis sur la conduite des enquêtes, la sécurisation des charniers et les mécanismes nationaux d’aide aux victimes, a indiqué le Secrétaire général.

Abordant également la situation des migrants et demandeurs d’asile en Libye, il a regretté qu’ils continuent d’être régulièrement soumis à des détentions arbitraires, à la torture, à des violences sexuelles, à des enlèvements contre rançon, au travail forcé et à des meurtres. Il s’est dit profondément préoccupé par les risques encourus par les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile qui tentent de traverser la Méditerranée. En 2020, plus de 5 000 réfugiés et migrants ont été interceptés ou secourus en mer et renvoyés en Libye. De nombreuses personnes interceptées ont été arrêtées, et environ 2 100 migrants et réfugiés sont restés dans des centres de détention, souvent dans des circonstances épouvantables. Le Secrétaire général a demandé aux autorités d’intensifier leurs efforts pour trouver une solution à cette situation. La pandémie de COVID-19 est également une source de préoccupation croissante, a-t-il alerté, puisque le nombre de cas confirmés a été multiplié par sept au mois de juin, avec 1 046 cas confirmés et 32 décès. Compte tenu de la pénurie de kits de dépistage, M. Guterres s’est dit convaincu que l’ampleur réelle de la pandémie est beaucoup plus élevée. Il a vivement encouragé les autorités libyennes à approuver un plan national global de préparation et d’intervention pour garantir une approche cohérente et coordonnée de la lutte contre la pandémie.

Alors qu’il y a toujours des tensions dans le centre de la Libye, les Nations Unies ont continué de collaborer avec les parties pour éviter que le conflit ne se propage dans la région du croissant pétrolier, dont le pays tire 60% de ses ressources pétrolières. Le blocus actuel a déjà coûté plus de 6 milliards de dollars en pertes de revenus, a rappelé le Secrétaire général, endommagé les infrastructures pétrolières et créé les conditions d’un déficit budgétaire « historique » de plus de 50% du PIB libyen. Avec le soutien des États Membres, la MANUL a entrepris une médiation visant à lever le blocus pétrolier, en place depuis janvier 2020, afin de protéger cette zone d’une importance vitale du spectre du conflit armé et d’atténuer les difficultés économiques du pays.

Il y a deux jours, le Groupe de travail économique comprenant les participants à la Conférence de Berlin a tenu une réunion virtuelle avec le Président de la « National Oil Corporation » et a publié une déclaration commune de soutien à la reprise de la production pétrolière. La « National Oil Corporation » a déclaré aujourd’hui son intention de lever le « cas de force majeure » sur le port oriental d’El Sider pour permettre à un pétrolier de décharger. Elle a en outre lancé un appel pour que tous les groupes partent des installations pétrolières. M. Guterres s’est dit convaincu que le Conseil continuera d’appuyer les efforts visant à lever le blocus pétrolier au profit du peuple libyen.

Afin d’améliorer l’allocation transparente des abondantes ressources du pays, la MANUL a travaillé sans relâche pour réaliser un audit international des deux succursales de la Banque centrale de Libye. Malheureusement, cet audit n’a pas pu progresser comme attendu à cause de l’obstruction de plusieurs responsables nationaux clefs, a regretté le Secrétaire général, alors même que les autorités judiciaires libyennes avaient jugé l’audit légal en juin de cette année. Par conséquent, il a demandé au Conseil de sécurité de tout faire pour que cet audit essentiel puisse commencer dès que possible.

Le Secrétaire général a reconnu que la nomination d’un nouveau représentant spécial facilitera grandement les efforts de la Mission et il a dit compter sur le Conseil de sécurité pour accélérer ce processus. Il a promis que la tragédie du 10 août à Bengazi, où trois membres libyens du personnel de l’ONU ont été tués et deux autres, blessés, ne découragera pas l’ONU de s’acquitter de son mandat d’apporter paix, stabilité et prospérité à la Libye et à son peuple.

M. HEIKO MAAS, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a indiqué que depuis la Conférence de Berlin sur la Libye, six mois se sont écoulés, au cours desquels la COVID-19 a bouleversé le monde. Alors que le monde entier fermait ses frontières et se confinait, bateaux, avions, camions avec mercenaires et armes se déversaient dans les villes libyennes, a-t-il déclaré. « Il est temps de mettre un terme à cette absurdité cynique. » C’est la raison pour laquelle nous vous avons tous invités aujourd’hui, ainsi que les participants à la Conférence de Berlin, afin de discuter et d’agréer des prochaines étapes, a expliqué le Ministre. Premièrement, il a appelé à la fin de l’ingérence étrangère, principal facteur du conflit libyen. « Cela veut dire : plus d’avions, plus de tanks, plus de camions ou de cargos chargés d’armes, et plus de mensonges. » M. Maas a indiqué qu’il compte utiliser tous les instruments à disposition, y compris des sanctions ciblées, pour s’assurer que la Libye ne soit pas le théâtre d’une guerre étrangère.

Deuxièmement, le Ministre a demandé la fin des « accords passés dans les coulisses » par des acteurs étrangers afin de se ménager des sphères d’influence. « Nous devons plutôt nous unir derrière la MANUL et les efforts de paix de l’ONU pour aider les Libyens à trouver une solution politique, à instaurer une paix durable et à préserver l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Libye. »

Troisièmement, M. Maas a noté la fragilité de l’accalmie sur les champs de bataille libyens et voulu que cette accalmie se traduise maintenant par un cessez-le-feu négocié, dans le cadre des pourparlers onusiens 5+5. Le Ministre a exhorté les parties belligérantes à œuvrer à la réussite des négociations sans conditions préalables et dans les plus brefs délais. Une première étape importante, a-t-il estimé, pourrait être une solution démilitarisée pour Syrte et Jufra. « Nous appelons les parties en Libye et chacun d’entre vous à vous rallier à cette idée. » Le Ministre a enfin demandé que le Secrétariat présente des options possibles à cette fin.

Au moment où nous parlons, le conflit armé en Libye se poursuit sans relâche, ouvrant la porte à un terrorisme effréné, à la prolifération des armes et aux sorties massives des réfugiés, a constaté le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi. Alors que la Conférence internationale de Berlin en janvier dernier a réaffirmé le consensus de la communauté internationale, la mise en œuvre se heurte à des revers et à des problèmes, a-t-il regretté. Il est impératif que la communauté internationale s’efforce de traduire le consensus en actes, a souhaité le Ministre. Il a mis l’accent sur le rôle de premier plan du Conseil de sécurité, estimant qu’un cessez-le-feu global et la cessation de la violence devraient être « notre priorité immédiate ». La Chine a appelé toutes les parties en Libye à répondre à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, à cesser immédiatement les hostilités et à lancer les travaux de la Commission militaire conjointe 5+5 pour désamorcer le conflit et instaurer un cessez-le-feu durable. Elle a également appelé les autres pays à respecter à la lettre les résolutions du Conseil de sécurité, et à ne pas s’impliquer dans le conflit armé ni à se mêler des affaires intérieures de la Libye, mais aussi à appliquer strictement l’embargo sur les armes.

Pour le Ministre, la seule voie à suivre est celle d’un règlement politique comme le souligne également la résolution 2510 du Conseil de sécurité. C’est en ce sens qu’il a appelé les parties en Libye à reprendre le dialogue et à poursuivre en parallèle les négociations politiques, économiques et militaires. Le principe d’un processus dirigé et contrôlé par les Libyens doit être respecté par tous, a exigé la Chine, pour laquelle le rôle des Nations Unies doit être soutenu en tant que principal canal de médiation. Par ailleurs, les organisations régionales telles que la Ligue des États arabes et l’Union africaine disposent de ressources « uniques » pour faciliter une solution politique. Elles devraient être encouragées à jouer un rôle important, a estimé le Ministre.

Il a mis en garde contre les retombées de la crise libyenne et demandé la communauté internationale de rejeter le terrorisme dans toutes ses manifestations. Il est impératif, a-t-il insisté, de lutter contre les mouvements transfrontières des terroristes étrangers, de combattre les organisations terroristes et les individus répertoriés par le Conseil de sécurité et d’empêcher la Libye de devenir un foyer du terrorisme. Même s’il a dit « comprendre la pression que subissent certains pays » en raison de l’afflux des réfugiés, le Ministre a estimé que la seule solution, c’est la fin de la crise libyenne et le début de la reconstruction. Le Ministre a conclu en revenant sur le respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies. La tourmente, qui dure depuis une décennie en Libye, nous enseigne, a-t-il affirmé, que les tentatives de changement de régime ne provoquent que des turbulences et que les interventions militaires, que des problèmes sans fin. Notre position demeure inchangée, a martelé le Ministre : respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Libye et soutien à un règlement politique sous les auspices de l’ONU.

Le Ministre des affaires étrangères du Niger, M. KALLA ANKOURA, a regretté que six mois après la Conférence de Berlin sur la Libye, la situation sur le terrain se soit dégradée au lieu de s’améliorer, compte tenu des engagements pris par les différents participants à cette conférence. Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale continue d’être mis à rude épreuve par les ingérences extérieures qui alimentent les tensions entre les parties belligérantes et compromettent gravement les efforts de la communauté internationale en faveur d’un retour à un processus politique porté par les libyens eux-mêmes, a-t-il noté. « Ces ingérences, dont on sait, aujourd’hui, qu’elles s’accompagnent de transferts massifs d’armes de guerre et de mercenaires, constituent une violation flagrante des résolutions 1970 (2011) et 2292 (2016) du Conseil de Sécurité. »

Le Ministre a rappelé que les cinq États du G5-Sahel souffrent depuis près de 10 ans d’une instabilité croissante, qui vient en partie de la situation déplorable dont souffre la Libye. À cet égard, la situation du Mali, où la MINUSMA intervient dans un contexte délicat, illustre avec une vive acuité, les problèmes posés par la situation de la Libye, pays voisin et frère, a-t-il déclaré en appelant tous les participants au processus de Berlin à honorer leurs engagements, à s’abstenir d’interférer dans les affaires intérieures de la Libye et à donner une chance à la création des conditions d’un cessez-le-feu général, à même de permettre l’acheminement d’une aide humanitaire cruciale dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

« On ne le dira jamais assez, la Libye n’a pas besoin d’armes ; elle n’a pas besoin de mercenaires ; elle n’a pas non plus besoin d’être le théâtre de l’expression de la volonté de puissance de certains acteurs internationaux », a clamé le Ministre. Elle a aujourd’hui besoin de réconciliation, de paix et de prospérité, a-t-il fait valoir, expliquant qu’elle peut compter, à cet égard, sur les immenses potentialités dont regorge son sous-sol.

M. Ankoura a réitéré l’importance du rôle que doivent continuer de jouer le Conseil de Sécurité, l’Union africaine, la Ligue des États arabes, l’Union européenne et tous les autres acteurs concernés, pour stopper la dérive actuelle et aider la Libye à redevenir un pays de paix, de stabilité et de prospérité. Le Ministre a également rappelé l’urgence de la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général qui, en fédérant l’ensemble des initiatives, pourra relancer la dynamique de paix et de réconciliation. Il appartient désormais au Conseil d’agir en vue de remplir cette vacance qui n’a que trop durée, a-t-il réclamé.

Le Ministre nigérien a dit soutenir, par ailleurs, les travaux du Comité spécial de haut niveau mis en place par l’Union africaine sur la Libye et exprimé le souhait de voir la Conférence de réconciliation interlibyenne être organisée très prochainement, sous l’égide de l’Union africaine. À cet égard, le Ministre a estimé qu’aucune solution politique à la crise libyenne ne pourra être trouvée sans la participation pleine et entière « de toutes les filles et de tous les fils de la Libye », sans exclure quiconque.

La paix définitive et durable ne peut s’accommoder des graves violations des droits de l’homme dont sont victimes les populations libyennes, en majorité des femmes et des enfants, a-t-il poursuivi. En cette période de pandémie de COVID-19, rien ne peut expliquer à ses yeux les attaques contre les hôpitaux, et les autres infrastructures civiles qui constituent des violations flagrantes du droit international humanitaire et qui s’apparentent à des crimes de guerre. Dans un tel contexte, une attention particulière doit être accordée à la situation des migrants africains se trouvant dans des camps de détention, a-t-il demandé, rappelant qu’ils sont souvent utilisés comme des combattants ou des boucliers humains par les différents groupes armés en Libye.

Le Ministre a ensuite félicité l’Union européenne pour avoir mis en place l’opération IRINI, avec l’espoir que cette opération continue à limiter le flux d’armes en Libye, y compris par les frontières terrestres, en travaillant en étroite collaboration avec les Libyens eux-mêmes, les pays voisins et l’Union africaine, en vue de garantir le respect de l’embargo sur les armes, la lutte contre le crime organisé, le trafic des migrants et l’exportation illégale du pétrole libyen. Il a également demandé aux membres du Quartet sur la Libye de travailler avec le Comité international de suivi chargé de la mise en œuvre des engagements pris à Berlin. La pérennisation des décisions de Berlin passe en effet par leur mise en œuvre, a-t-il conclu.

Pour le Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, M. NOUREDDINE ERRAY, l’escalade militaire et le blocage du processus politique représentent une menace directe et sérieuse pour la paix et la sécurité dans la région et le monde ainsi qu’un problème majeur qui exige des efforts concertés et combinés et des initiatives réalisables et viables, pour parvenir à une solution durable sous les auspices des Nations Unies et conformément aux cadres régionaux et internationaux convenus. Le Ministre a réitéré sa position de principe à savoir qu’il faut trouver une solution politique intralibyenne conformément à la légalité internationale et sur la base des mécanismes de dialogue mentionnés dans l’Accord politique.

Rappelant le rôle positif et impartial de la Tunisie dans les relations avec ses voisins et leur histoire commune, le Ministre a réitéré son soutien à tout dialogue intralibyen et s’est félicité, dans ce contexte, des progrès réalisés dans la mise en œuvre des résultats de la Conférence de Berlin et des étapes franchies dans les négociations au sein du comité militaire 5+5. Le Ministre a espéré que le processus politique pourra bientôt reprendre avec la participation de toutes les parties libyennes. Après avoir salué le rôle important de la MANUL, le Ministre a renouvelé son appel à la nomination d’un nouveau représentant spécial du Secrétaire général. Consciente des graves retombées de la crise sur la situation humanitaire et sociale du peuple libyen, il a appelé toutes les parties à garantir la sécurité des civils, en particulier des femmes et des enfants. La situation des migrants et des réfugiés doit également recevoir l’attention voulue, a-t-il ajouté.

Dans le contexte de la COVID-19, le Ministre a rappelé que son Président, M. Kais Saied, a été parmi les premiers dirigeants à avoir appelé très tôt à une trêve humanitaire et à une nouvelle vision basée sur les valeurs de solidarité et de coopération. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2532 le 1er juillet dernier, un texte porté par son pays et la France. Décriant les divergences, différends et méfiance qui continuent de diviser les parties, le Ministre s’est dit confiant dans la capacité du peuple libyen de surmonter cette crise. Il a plaidé pour un dialogue pacifique et inclusif, dans le cadre des pistes de Berlin, et sur la base de l’Accord politique libyen et des résolutions internationales.

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