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De la volonté perverse de la mise à mort de notre patrie Kabyle

dimanche 15 août 2021, par Rédaction-Tamazgha

Aujourd’hui, notre terre brûle.
Depuis toujours, la Kabylie amasse son lot de malheurs. Les tragédies sont alternativement d’ordre « naturel », ou provoquées. Nous pensons aux intempéries hivernales et aux incendies des étés. De plus, les ravages causés par le Covid sont incroyablement dévastateurs.
Nous proposons de reprendre ces points et les analyser lucidement.
La culture du pouvoir d’Alger se résume...

Aux Bombardiers, aux Mig, et...

Désormais, il est habituel de constater, chaque été, les dévastations des flammes dans les maquis kabyles. Ces maquis sont laissés à l’état sauvage. L’État algérien laisse faire et parfois organise lui-même les mises à feu. Ces pratiques ne sont pas nouvelles ; l’on se souvient des incendies qu’a connu la Kabylie en 2007, 2010, 2012, 2017, 2019, pour ne citer que ceux-là.
Comment expliquer le départ simultané de 70 feux ? Seule une structure hautement organisée ou un État est capable d’un tel forfait. Beaucoup signalent que plusieurs départs de feux sont précédés par le passage d’hélicoptères de l’armée algérienne !!!
Les dégâts sont incommensurables. Nos oliviers sont détruits, nos figuiers sont calcinés. Le bétail est décimé. Jamais un feu de forêt en Kabylie n’a fait autant de morts.
La question de survie économique est dramatiquement posée. La question simplement de vie aussi. Nos villages sont pour certains en cendres. Il faudra rebâtir, replanter... Cela prendra des années ou des décennies, mais le peuple kabyle y arrivera.
La population s’est fortement mobilisée, et malgré ses maigres moyens, elle a pu faire face. La diaspora n’est pas en reste. Du matériel et des médicaments sont acheminés hors système officiel.
Notons que le pouvoir d’Alger fait tout pour détourner ces aides et impose désormais l’envoi des aides via son ministère de la santé : il s’agit là d’un contrôle policier de la solidarité citoyenne. Un comble ! Mais la solidarité saura dépasser cette contrainte.
L’État, qui a dilapidé les rentes, ne fait même pas appel à l’aide internationale, par arrogance et par calculs politiciens. Il dispose de pas moins de 150 bombardiers, mais d’aucun Canadair. Les premiers coûtent 3 fois plus chers que les seconds (75 millions d’euros contre 25). L’État algérien a choisi la stratégie de la destruction plutôt que celle de la quiétude ou de la paix. Il en est ainsi de toutes les dictatures et systèmes militaro-policiers.
La France apporte son aide temporaire, mais cela reste insuffisant. C’est tout de même louable.
Le monarque allaouite qui n’est pas en odeur de Sainteté, propose lui aussi un envoi de deux Canadairs. Nous n’oublions pas la répression récente du Rif et l’emprisonnement de Zefzafi ainsi que de ses camarades. Bref, les régimes algérien et marocain, ennemis de façade, sont en réalité des alter egos permanents. Au détriment des Berbères, quoi qu’on dise.
Rappelons qu’il y a quelques 300 militants kabyles écroués dans les geôles algériennes depuis deux ans. Pour les plus récents, citons nos amis incarcérés à Tizi-Ouzou pour leurs opinions politiques : Bouaziz Aït Chebib, Lounès Hamzi, Hocine Azem, Boussaad Becha, Hamou Boumedine, Djamel Azaïm et Belaïd Amer Khodja. En concomitance, nous avons une profonde pensée pour les militants mozabites, dont Baba Nedjar, qui croupissent dans les prisons algériennes depuis des années.
Les régimes algérien et marocain sont en vérité les deux faces de la même pièce : ils sont mortifères et à abattre.
L’Algérie, puissance régionale autoproclamée, s’avère dans l’incapacité de porter secours à sa propre population et ses administrés.

Passons sur ces lamentables « conflits » de chapelle et revenons à notre sujet.
Il est arrivé par le passé de grands malheurs chez nous. Notons la déroute de Fadma n Summer, ou de Ccix Aheddad par exemple. Les Kabyles furent par la suite dépossédés de leurs meilleures terres. Cela a pris du temps mais ils s’en sont remis.
La Kabylie est aujourd’hui fortement dévastée, et nous nous en remettrons nous aussi.

… aux mosquées

Le Covid fait des ravages en notre patrie. Il en fut de même pour le Typhus des années 40 (sous-alimentation, peu d’hygiène par manque d’eau et de savon).
La misère kabyle décrite magnifiquement par Albert Camus fut bien jugulée. Il en sera de même de nouveau pour le Covid car nous sommes un peuple de courage et d’abnégation. Nous le voyons : l’effervescence de la solidarité commence à produire ses effets.
Les hôpitaux en décrépitude sont sinistres. Ils ressemblent à des mouroirs. Les malades y sont rassemblés au sol, ou pour les plus chanceux sur des paillasses de fortune. Les présidents successifs, les ministres et les militaires se soignent à l’étranger même quand il s’agit d’un rhume banal.

Ne laisserons pas sombrer les nôtres.
L’oxygène manque, le personnel fait de son mieux, les centres de soins sont hors du pays (ou en catimini di tmurt) alors que les mosquées pullulent. Une vraie calamité !
La grande mosquée d’Alger, construite récemment peut accueillir 120 000 fidèles.

Le nombre de mosquées en Kabylie est de quelques milliers. Leur nombre dépasse la quantité de quartiers. En même temps, pas d’hôpitaux nouveaux – aucun de ceux laissé par la colonisation n’est muni d’un générateur d’oxygène encore moins de concentrateurs à haut débit –, pas d’écoles républicaines, mais beaucoup de mosquées hideuses et sonorement polluantes. Un choix sciemment dicté par l’idéologie, opium des peuples, non pas par la raison.

Ces preuves, à différentes échelles, montrent un mode de gouvernance fondé sur le complot, l’instrumentation, la violence et le crime.

Où est l’erreur ?

Kateb Yacine disait « Les minarets sont des fusées qui ne décolleront jamais ». Eh bien, elles ont décollé pour nous retomber sur la tête.

Tamazgha,
Paris, le 14 août 2021

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