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Enseignement du berbère en France : l’ouverture !

mercredi 15 février 2006, par Masin

Dans un communiqué daté du 15 février 2006, l’Inalco rend compte de la signature, le 14 février, d’une convention-cadre "pour la mise en place d’une préparation à l’épreuve facultative de berbère au Baccalauréat dans les établissements du second degré " entre le Ministère de l’Education Nationale, représentée par la DESCO (Direction de l’enseignement scolaire), et l’INALCO. Dans son communiqué l’Inalco qualifie cette initiative du Ministère d’"ouverture décisive".
En effet, c’es la première fois que le Ministère de l’Education nationale prend un tel engagement en faveur de l’enseignement de la langue berbère.

A noter que, selon les premiers éléments qui marquent cette convention, la mise en place d’enseignements dans les établissements scolaires sera fonction de la demande enregistrée. D’où la nécessité de l’implication du mouvement associatif berbère qui doit assurer une publicité de cette convention-cadre ainsi qu’une sensibilisation des lycéens et notamment des parents afin qu’ils effectuent la démarche de demander cet enseignement de la langue berbère au sein de leurs établissement.

Nous reviendrons certainement sur ce dossier et allons contribuer afin de faire en sorte que cette convention puisse, enfin, déclenche le processus de mise en place d’un véritable enseignement de la langue berbère en France.

Nous publions ci-après le communiqué de l’Inalco ainsi que l’annexe comportant Quelques précisions sur les dispositions la convention-cadre qui a accompagne le communiqué.

La Rédaction




Communiqué




"A propos de l’enseignement du berbère dans les lycées : une ouverture décisive"




Depuis 1995, une épreuve facultative écrite de langue berbère peut être présentée au Baccalauréat. Cette épreuve s’intègre dans un ensemble de 27 langues, ne faisant pas l’objet d’un enseignement dans les lycées, mais qui peuvent être présentées par les candidats, en matière supplémentaire. Ces épreuves font l’objet depuis 1995 d’une convention entre l’Education nationale (Direction de l’Enseignement Scolaire - DESCO) et l’INALCO qui, chaque année prépare les sujets et assure la correction des copies. Depuis leur création, le nombre de candidats en berbère est progressivement passé de 1350 à 2200 (session 2005 du Bac) pour toute la France.

Trois sujets sont proposés à chaque session, correspondant aux variétés régionales du berbère les plus représentées en France : kabyle (Algérie), chleuh (Sud du Maroc), rifain (Nord du Maroc). Les premières années, la demande était majoritairement kabyle ; à partir de 1998, les proportions respectives se sont progressivement modifiées au bénéfice des dialectes marocains dont l’ensemble représente désormais environ 65 % des copies (en 2004 : chleuh = 40 %, rifain = 25 %, kabyle = 35 %).

En dehors de quelques rares initiatives locales aléatoires, dépendant de la bonne volonté du chef d’établissement, il n’existait jusqu’à présent aucune préparation régulière à cette épreuve au sein des lycées ; la seule possibilité de soutien pédagogique pour les candidats était de suivre les cours organisés par certaines associations culturelles berbères. Le Centre de Recherche Berbère de l’INALCO, pour sa part, a diffusé avec l’aide d’une de ces associations, une petite brochure d’information sur l’épreuve et a mis en accès libre sur le site Internet de l’INALCO un ensemble d’informations et d’épreuves corrigées ; des « Annales du Bac » sont en cours de finalisation et doivent paraître en 2006.

Le 14 février 2006 a été signé, entre le Ministère de l’Education Nationale (DESCO) et l’INALCO, une convention-cadre « pour la mise en place d’une préparation à l’épreuve facultative de berbère au Baccalauréat dans les établissements du second degré ».
Ce document, qui prévoit et fixe les conditions précises de l’ouverture de classes de langue berbère dans les lycées :

 aura un champ d’application et une validité nationales : il sera la référence pour tous les recteurs d’académies qui auront ainsi un cadre précis.

 aura une durée de validité de 3 ans (reconductible),

 désigne l’Inalco comme établissement référent, au plan national, pour ces enseignements et pour la formation des enseignants.

L’Inalco se félicite de la conclusion de cette convention-cadre qui :

 place clairement cette expérience d’enseignement du berbère dans son cadre académique naturel ;

 conforte une collaboration ancienne et positive avec le MENESR en matière d’enseignement des langues rares ;

 reconnaît la vocation de référence nationale de l’institut pour la langue berbère (et, nous l’espérons, bientôt pour d’autres langues « rares ») ;

 représente un pas significatif dans la consolidation du statut d’une « langue de France ».


Jacques LEGRAND, Président de l’INALCO.
Salem CHAKER,Professeur des Universités, responsable des enseignements de berbère.





ANNEXE

Quelques précisions sur les dispositions de la convention-cadre




a- Des classes de préparation à l’épreuve pourront être mises en place dans des établissements publics d’enseignement du second degré qui en feront la demande.
Les établissements concernés par ces expériences seront identifiés en fonction de la demande et de l’encadrement disponible, du nombre et de la concentration géographique des candidats aux épreuves de berbère au baccalauréat au cours des années précédentes.
Ces préparations pourront porter, en fonction de la demande locale, sur l’une ou l’autre des variétés de langue berbère pour lesquels un sujet est proposé à l’épreuve du baccalauréat (actuellement : kabyle, chleuh et rifain), dans la limite de 26 heures annuelles de formation.

b- Les académies intéressées définiront par une convention spécifique avec l’INALCO les conditions détaillées des séances de préparation. Ces séances pourront être assurées :

 soit par des enseignants de diverses disciplines, professeurs certifies, agrégés ou maîtres auxiliaires, titulaires d’une Licence ou d’un grade supérieur en langue berbère. Ces enseignants seront rémunérés en heures supplémentaires.

 soit par des personnes proposées par l’INALCO, parmi ses étudiants avancés, ses anciens étudiants et ses collaborateurs, titulaires d’une Maîtrise de langue berbère ou d’un grade supérieur, rémunérés sous forme de vacations.

Pour sa part l’INALCO s’engage :

 à mettre à disposition des intervenants les matériels pédagogiques nécessaires (« Annales du Bac », anthologies de textes, outils grammaticaux et autres) ;

 à identifier et sélectionner, parmi ses étudiants avancés, ses diplômés et ses collaborateurs, les formateurs aptes à assurer les séances de préparation.

 à répondre favorablement aux demandes d’intervention en vue de la formation des formateurs, dans le cadre des palans académiques de formation.
De son côté, le MENESR-DESCO s’engage à informer les recteurs d académies de la possibilité de mise en place de telles séances de préparation.

Le texte précise également qu’en considération du caractère expérimental de cette opération, la convention pourra à tout moment donner lieu à la conclusion d’avenants destinés à en préciser ou adapter les modalités d’exécution.

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