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Synthèse des documents relatifs à la perspective politique du Mouvement

L’Interwilaya réunie les 6 et 7 février à Takerboust

mardi 7 octobre 2003, par Masin

Coordination Interwilayas des Archs, daïras et Communes

Synthèse des documents relatifs à la perspective politique

A. Décisions prises par l’interwilayas

Après la lecture de la synthèse des travaux de réflexion, la plénière a adopté un préambule suivi d’un bilan comme avant-projet à débattre au niveau des différentes coordinations en concertation directe avec les citoyens.

B. Perspectives du mouvement

 (1) Perspective de la refonte du système politico-institutionnel de l’Etat présenté par la CADC.
 (2) Perspective des mécanismes de la praticabilité de la plate-forme d’El-Kseur explicitée à Larbâa-Nath-Irathen présentée par la CCCWB.
 (3) Perspective de la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur explicitée à L.N.I. par la CICB.
 (4) Projet de la conférence nationale présenté par la CICB.
 (5) Projet de la rencontre nationale avec la société civile présenté par la CCCWB.
 (6) Elargissement du mouvement citoyen présenté par toutes les coordiantions.

L’ensemble de ces six points élaborés dans un document constituant un avant-projet de perspectives du mouvement à soumettre directement à la base citoyenne pour débat et approfondissement synthétisé au niveau des différentes coordinations de wilayas.

A cet effet, l’interwilayas a installé une commission de réflexion qui se chargera de rédiger la synthèse finale à soumettre à la plénière de l’interwilayas prévue pour les 6 et 7 mars prochains à Tizi-ouzou.

Takerbousth, le 07 février 2003


Perspectives du mouvement proposées par la délégation de la CADC (Tizi-Ouzou).

Après 21 mois de combat ponctués par des actions historiques par lesquelles la population a montré toute sa détermination et sa mobilisation pour aboutir à un changement, le pouvoir en place n’a opposé que mépris et répression à l’exigence d’une réponse publique et officielle du président de la république quant à la satisfaction pleine et entière de la plate forme d’El Kseur explicitée à Larbaa Nath Irathen.



Entre temps, le pouvoir manipulateur, contrairement aux offres de dialogues qui ne valent que comme effet d’annonce, a réuni des pseudo-délégués pour accoucher d’une réponse qui avait pour objectifs de corrompre les parents des martyrs par le truchement d’un décret présidentiel et en présentant les martyrs du printemps noir comme des victimes du parachèvement de l’identité nationale avec le but évident de confiner les revendications citoyennes dans un cadre identitaire et aussi d’amputer la revendication identitaire en ne constitutionnalisant que le caractère national de la langue Tamazight, obtenue d’ailleurs par un marchandage mercantiliste en offrant un statut en or aux députés. Presque une année après, Tamazight n’est "langue nationale" que dans la constitution. En somme, il s’agissait d’un charcutage de la plate forme d’El Kseur afin de donner une dimension seulement identitaire aux revendications citoyennes pour mieux ghettoiser la Kabylie alors que les crimes contre ses dignes fils demeurent encore impunis.


Après le simulacre du dialogue communément appelé "Taïwan" par dérision, le pouvoir maffieux et assassin s’évertue à trouver d’autres partenaires pour les desseins d’un dialogue-capitulation et les grenouillages actuels en sont des signes avant coureurs. C’est dire que l’échéance des présidentielles aiguise les appétits. Que faut-il donc faire pour dépasser, encore une fois, les petits calculs mesquins pour des dividendes matérialistes ? Il faut d’abord donner une réponse cinglante aux détracteurs de la plate forme d’El Kseur qui, pour la brader, voudraient qu’elle soit descellée et négociable. Or, le caractère scellée et non négociable de la plate forme d’El Kseur explicitée à Larbaa Nath Irathen traduit d’abord une volonté ferme de ne pas trahir les idéaux démocratiques et identitaires et de justice sociale pour lesquelles des dizaines de citoyens ont consenti le sacrifice suprême sans oublier les milliers de blessés dont certains handicapés à vie qui ont bravé la mort en se défendant, les mains nues, contre la sauvagerie des forces de répression. Ensuite, les revendications citoyennes constituent un projet de société qui permettra à notre pays d’opérer une véritable rupture avec le système en place. Il ne s’agit donc point d’une obstination infantiliste ou d’un entêtement absurde comme le clame innocemment certains et vicieusement d’autres. Bien au contraire, c’est une position politique responsable qui répond au souci majeur de faire aboutir un idéal noble qui est, en fait, l’accumulation de tant de sacrifices et de tant d’années de luttes. En sus, l’insurrection citoyenne d’avril 2001 se caractérise particulièrement par l’unité des rangs en Kabylie qui a tant souffert de la division alimentée, bien sûr, par les manœuvres diaboliques du pouvoir. Ce dernier a toujours favorisé la manipulation et les procédés de récupérations à l’encontre de tout mouvement qui s’oppose à son diktat surtout s’il bénéficie d’un ancrage populaire. Le mouvement citoyen n’a pas échapper à ce traitement puisque les manœuvres du pouvoir pour le saborder relèvent de l’inédit soit en matière de répression, de manipulation ou de récupération. C’est pourquoi la responsabilité historique du mouvement citoyen exige rigueur et lucidité pour ne pas succomber aux chants des sirènes que représente un simulacre de dialogue car dilapidé ce capital en matière de mobilisation, de confiance et de cohésion c’est participer à une régression historique de la société qui, historiquement, politiquement et socialement, a atteint la maturité nécessaire lui permettant d’assumer pleinement son combat démocratique et de le faire aboutir.

La plate forme d’El Kseur explicitée à Larbaa Nath Irathen véhicule un projet de société démocratique qui vise la consécration de la citoyenneté ainsi que la réabilitation de l’identité Amazigh dans toutes ses dimensions mais sa satisfaction pleinement et entièrement est freinée non seulement par la nature dictatoriale du système politique mais aussi par le caractère centraliste Jacobin de l’Etat algérien.

Le point 11 de la plate forme d’El Kseur qui met l’accent sur la primauté des instances démocratiquement élues sur les fonctions exécutives de l’Etat ainsi que les corps de sécurité de même que l’officialisation de la langue Tamazight ne peuvent prétendre à une satisfaction réelle et effective qu’avec une refonte du système centraliste actuel dans le sens où le mode d’organisation politico-institutionnelle de l’Etat consacre pleinement les spécificités sociologiques, culturelles et linguistiques de chaque région du pays.


Cette perspective, que doivent parrainer absolument les structures du mouvement citoyen pour éviter toute interférence politicienne, s’inscrit, bien sûr, dans le cadre d’une Algérie plurielle et harmonieuse ,mais unie ,permettant de briser toutes les entraves psychologiques et politiques feintes ou avérées à la satisfaction pleine et entière de la plate forme d’El Kseur explicitée à Larbaa Nath Irathen.
Il va de soi que cette refonte du mode d’organisation politico-institutionnelle de l’Etat passe irrémédiablement par sa consécration constitutionnelle qui doit englober l’affirmation de la nature républicaine de l’Etat garantie dans la société par un cadre institutionnel adéquat conformément aux principes contenus dans la déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen.

Perspectives du mouvement proposées par la CCCWB (Bouira)

L’assassinat prémédité du jeune Guermah Massinissa dans l’enceinte même de la brigade de gendarmerie de Béni-Douala et l’enlèvement des collégiens d’Amizour, se sont les deux actes criminels commis par le pouvoir maffieux et assassin.


Ces deux crimes organisés, ayant poussé les populations dans les différentes wilayates du pays à se révolter pacifiquement contre les violations des droits de l’homme les plus élémentaires à savoir le droit à l’existence.


Le mouvement citoyen né dans la douleur du printemps noir a canalisé la protestation en transformant les aspirations profondes de notre société à une plate-forme de revendications adoptée le 11 juin 2001 à El-Kseur explicitée le 31 octobre 2001 à Larbaa Nath Irathen (L.N.I.).

Le mouvement citoyen d’essence démocratique et résolument pacifique, mobilisateur et émanant des profondeurs de la société, transpartisan, autonome, se refusant à toute forme d’allégeance ou substitution aux formations politiques et aux institutions de l’Etat, tirant les leçons du passé, réaffirme son engagement et sa détermination à honorer le sang des martyrs et des victimes et à faire aboutir les revendications contenues dans la plate-forme d’El-Kseur explicitée à L.N.I.

Afin de contrer toute forme de charcutage de la plate-forme explicitée et devant les tentatives des uns et des autres de travestir son esprit et sa portée, en la vidant de son sens par des procédés sournois, allant jusqu’à porter atteinte à la mémoire de nos martyrs, les mécanismes de la praticabilité de la plate-forme d’El-Kseur explicitée à L.N.I. sont les seuls garde-fous pour éviter toute interférence malsaine qui pourra dévier le mouvement de son objectif principal qui est la satisfaction des revendications véhiculées.

A cet effet, nous proposons l’installation d’une commission ad hoc composée de différentes coordinations d’interwilayas pour mettre en œuvre cette perspective.

Les perspectives proposées par la CICB (Bgayet)

1. Les balises

L’objectif du Mouvement citoyen demeure la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d’El-Kseur. Ce "texte balise " traduit dans son esprit les aspirations de larges pans de la société algérienne. Des aspirations à plus de liberté, plus de justice sociale, plus de démocratie et plus de progrès. Le mouvement citoyen est populaire, trans-partisan, résolument pacifique et foncièrement démocratique.

Aucune manœuvre, aucune manipulation et aucune diversion ne saurait le dévier de sa trajectoire naturelle.

Son objectif : la satisfaction de la plate-forme d’El-Kseur et ses moyens : la mobilisation populaire pacifique. Dans le respect de ces balises, le Mouvement citoyen doit à chaque fois adapter sa stratégie en fonction de l’évolution de la situation.

Ouverture et concertation

1. Pourquoi la concertation et l’ouverture ?

La concertation avec les acteurs sociopolitiques et avec notre élite en général, telle que préconisée dans le document consacré à l’argumentaire pour le rejet des élections municipales, est un devoir de responsabilité et une exigence d’efficacité. Ce saut qualitatif qui consiste à s’ouvrir à d’autres segments de la société qui soutiennent le Mouvement devient aujourd’hui une nécessité absolue eu égard à la situation générale du mouvement et aux développements intervenus sur la scène nationale et internationale.

Pourquoi la concertation ? Pourquoi l’ouverture ?
a. capitaliser l’élan de solidarité qui s’est exprimée au niveau national et international en faveur des détenus du mouvement citoyen en lui donnant un prolongement actif et une suite effective sur le terrain de la lutte pour la libération de ces mêmes détenus et pour la citoyenneté.

b. faire jonction avec les autres régions du pays et briser ainsi la logique de ghettoïsation du mouvement dans laquelle s’inscrit le pouvoir.

c. construire un puissant réseau de solidarité avec les détenus et d’actions en faveur des revendications contenues dans la plate-forme d’El-Kseur. Le mouvement citoyen court le risque de rester isolé. Sans la protection de la solidarité nationale et internationale, le mouvement sera exposé à un accroissement de la répression.

d. montrer que le mouvement citoyen peut transcender l’insurrection et que la population ne se contente pas de protester contre ce qu’elle refuse, mais commence à construire la vie qu’elle souhaite et se prépare à la défendre.

e. diffuser l’information sur le mouvement citoyen et les revendications qu’il porte sur tout le territoire national et à l’étranger.

2. comment organiser la concertation et l’ouverture ?

a. organiser des rencontres bilatérales entre représentants du mouvement citoyen d’une part et les représentants des partis politiques, des organisations de la société civile et des personnalités nationales qui s’inscrivent dans l’option du mouvement d’autre part. Les discussions porteront sur les perspectives dans les quelles il s’agit de projeter le mouvement citoyen, puis organiser des rencontres locales avec tout ce monde pour l’organisation d’action populaire de rue.

b. organiser des journées d’actions globales en faveur de la libération des détenus du mouvement citoyen et de la satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d’El-Ksuer. Ces actions qui s’étaleront sur plusieurs journées peuvent prendre la forme de meetings, de conférences-débats, de sit-in, de marches populaires, de caravanes de sensibilisation, etc. elles doivent être organisées notamment en dehors de la Kabylie, voire à l’étranger, et impliquer l’ensemble des forces vives de la nation.

c. organiser, après ces journées d’actions globales, une rencontre nationale sous forme d’un forum ou d’une conférence nationale, pur faire le bilan et explorer avec les différents segments de la société, les voies et moyens pour la satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d’El-Kseur.

F. CONCLUSION

La révolte a montré la voie pour commencer à faire entendre la voix du peuple. Il s’agit de continuer et d’approfondir cette expérience pour réussir une issue dans l’intérêt du plus grand nombre.