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Conférence-débat
Où en est la question berbère au Maroc ?
Conférence-débat avec Abdellah BOUNFOUR
jeudi 5 juin 2003, par
Depuis 1994, la question amazighe ne cesse d’évoluer dans cette région de la Berbérie : un Mouvement amazigh qui se cherche, un Palais qui veille au contrôle de la situation craignant une évolution à la kabyle, des discours affirmant l’appartenance de la dimension amazighe au patrimoine marocain, la création de l’Ircam ; mais aussi des mesures répressives à l’égard de militants amazighs.
Pour comprendre la situation et les enjeux, Tamazgha vous propose une conférence-débat avec Abdellah Bounfour qui suit de très près l’évolution de la question amazighe dans cette région de la Bérbérie.
La conférence-débat aura lieu le samedi 28 juin 2003 à 18H00
à l’adresse suivante :
Local associatif
12, rue du Moulin des Lapins
75014 Paris.
Métro : Mouton Duvernet ou Plaisance
(Attention : la station Pernéty est fermée pour travaux !)
Renseignements :
Tel : 01.45.45.72.44.
E-mail : tamazgha@wanadoo.fr
Depuis 1994, la question amazighe ne cesse d’évoluer dans cette partie occidentale de Tamazgha (Bebérie).
L’arrestation des militants de l’association TILELLI à Goulmima en 1994 et la mobilisation qui s’en est suivie a parmis une certaine prise de conscience de la nécessité de s’organiser afin de mener la lutte pour la reconnaissance de Tamazight. Ainsi, plusieurs associations ont vu le jour même si des entraves systématiques sont pratiquées par les autorités administratives marocaines. La militance amazighe a même vu la nécessité d’une coordination du mouvement amazigh.
Pa ailleurs, plusieurs revues associatives ont vu le jour. Diverses activités culturelles s’organisaient à travers plusieurs régions.
Le palais n’était pas en reste de cette évolution ainsi que de l’évolution de la question amazighe de manière générale. Il n’était surtout pas en reste de l’évolution de la question amazighe en Kabylie. C’est ainsi qu’au mois d’août 1994, au lendemain de la mobilisation suscitée par l’arrestation des militants de Goulmima, Hassan II avait fait un discours par lequel il avait promis l’enseignement des "dialectes berbères" dans les écoles marocaines. Discours qui est resté lettre morte.
L’arrivée de Mohamed VI au pouvoir, suite à la mort de son père, avait suscité de l’espoir au sein d’une certaine classe de l’"élite" amazighe qui voyait en le jeune roi quelqu’un de favorable à Tamazight. La nomination par Mohamed VI de Hassan Aourid, un amazigh originaire de Tafilalt et ayant travaillé sur la question amazighe dans le cadre de ses recherches universitaires, vient "conforter" la thèse de ceux là qui voient en M6 quelqu’un de favorable à Tamazight.
En 2000, Mohamed Chafiq, un amazigh proche du palais, professeur au collège royal et membre de l’Académie royale, rend public un texte intitulé "Manifeste amazigh" par lequel il dresse un constat de la situation des langue et culture amazighes au Maroc et formule des proposition afin que cesse l’injustice qui pèse sur tamazight dans cette région de Bérébrie. Ce document avait mobilisé l’sssentiel de la militance amazigh qui a multiplié les réunions dans le but de mettre en place un cadre qui donnerait forme à un cadre qui porterait le manifeste. Mais, par la même occasion, le mouvement associatif a été fragilisé et relégué au second plan.
Si la mouvance amazighe se cherchait et s’agitait pour trouver un cadre adéquat qui conviendrait à la "nouvelle situation", le Palais semblait avoir une stratégie et un plan d’action visant le contrôle de la question amazighe ! Très vite, Mohamed VI annonce dans un discours le dahir de la création de l’IRCAM (Institut royal de la culture amazighe)qui, à l’image du HCA algérien, a pour mission l’introduction de Tamazight dans l’enseignement ainsi que dans les divers domaines culturels et artistiques.
Si au sein de la mouvance amazighe, certains ont toujours été prudents et vigilants quant à tout ce qui vient du Palais et qui estiment que ses "initiatives" en "faveur" de Tamazight ne sont, en réalité, que manipulation et tentative de contrôle du mouvement amazigh, la majorité des acteurs de la cette mouvance ont applaudi et cautionné la création de l’IRCAM. A peine l’annonce a été faite, "la course au Palais" pour arracher sa place au sein de cette nouvelle instance royale a commencé..
D’un autre côté, les autorités marocaines continuent à user de la répression, l’intimidation et tout autre moyen pour empêcher certaines activités associatives mais surtout pour sanctionner celles et ceux qui résistent encore et refusent de cautionner les "magouilles" du Palais...
Le Mouvement amazigh dans cette partie occidentale de Tamazgha traverse donc une période compliquée et difficile, mais elle lui sera certainement riche d’enseignements et l’aidera peut-être à s’orienter vers la voie qui doit être la sienne ; celle de la libération de Tamazight et celle qui permettra aux Imazighen de reconquérir leur souveraîneté.
Ufrin.
Paris, juin 2003.