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Acharnement des autorités algériennes sur des Mozabites.

lundi 8 avril 2019, par Masin

Alors que la confusion règne au sein du système algérien qui doit être préoccupé à trouver la solution pour sa restructuration, des éléments de ce système trouvent le temps et le moyen de s’attaquer à des militants mozabites qu’ils osent même arrêter.
Le dimanche 31 mars Kamaldine Fekhar, un militant amazigh du Mzab, est enlevé par la police algérienne à Tagherdayt, dans le pays Mzab, avec ses deux enfants mineurs. Ils les ont embarqués au commissariat de police de Ghardaïa. Le même jour, un syndicaaliste du Mzab, Brahim Aouf est également arrêté à Tagherdayt. Et une semaine plus tard, le 7 avril, c’est l’un des avocats des deux victimes, en la personne de Salah Dabouz, qui est arrêté à Alger et transféré immédiatement à Tagherdayt. A Berriane, un quatrième mozabite, militant du FFS, est également arrêté et transféré à Tagherdayt ce dimanche 7 avril.



Braquage à l’hollywoodienne.
A la sortie de son cabinet médical, accompagné de ses deux fils, Yasin et Salim, Kameldine Fekhar monte dans sa voiture pour aller faire des courses avant de rentrer chez lui. Deux voitures de la police l’ont pris en sandwich l’obligeant à s’arrêter. L’un des policiers est monté dans la voiture du militant pour le sortir en usage de la force. Il a été embarqué, avec ses deux enfants mineurs, au commissariat de police de Tagherdayt. Les enfants sont restés deux heures au commissariat avant d’être conduits au domicile de leurs parents.
Cette arrestation révèle un véritable acharnement qui vise ce militant qui a subi une autre arrestation arbitraire en 2015 avant d’être « libéré » en juin 2017 après avoir passé plus de deux années en prison. Cette arrestation est ordonnée par le même procureur qui avait ordonné son arrestation en 2015.

Pour l’association Izmulen pour les droits des Mzabs, basée à Paris, Kamaldine Fekhar est enlevé « en raison de sa dénonciation de la discrimination raciale pratiquée par les différentes autorités de Taghardayt ».

Comme en 2015, l’arrestation de Kamaldine Fekhar est basée sur des accusations fantaisistes et qui sont un pur montage de l’administration algérienne menée par le procureur Mohamed Bensalem [1] qui semble avoir des comptes à régler avec les Mozabites. Lequel procureur est le représentant de cet Etat anti-amazigh. Dans son communiqué, Izmulen qui dénonce les conditions illégales, en violation flagrante des procédures, de l’arrestation de Kamaldine Fekhar, précise que le militant mozabite est « accusé d’outrage à un corps constitué ».

Dans une vidéo diffusée sur Facebook, Salad Dabouz, avocat de Kamaldine Fekhar, émet l’hypothèse que ce procureur hostile aux activistes amazighs du Mzab voudrait profiter de la confusion ambiante pour se débarrasser de Fekhar ainsi que d’autres activistes mozabites. En effet, aujourd’hui qui se préoccuperait de la situation dans le pays du Mzab ! C’est le dernier souci y compris de ces « millions » de manifestants qui arpentent les rues de plusieurs villes tous les vendredis après la prière islamique.
Le même jour où Kamaldine Fekhar est enlevé, un autre mozabite a été arrêté par la police algérienne à Tagherdyat. Il s’agit du syndicaliste Brahim Aouf, sous contrôle judiciaire depuis plusieurs mois. Son arrestation est intervenue au sein du tribunal de Tagherdayt où il s’était rendu, comme il le fait régulièrement, pour signer étant soumis à un contrôle judiciaire. Les deux militants ainsi écroués ont aussitôt observé une grève de la faim pour protester contre leurs arrestations arbitraires et exiger leur libération.
Alors que l’on s’attendait à leur libération, voilà que nous apprenons, le 7 avril, l’arrestation de Salah Dabouz, l’un de leurs avocats. Son arrestation est intervenue à Alger, dans un restaurant pas loin de son bureau d’avocat. C’est le procureur général de Tagherdayt, toujours lui, qui a ordonné cette arrestation. Dans un communiqué rendu public le jour-même, Izmulen déclare que « cette arrestation est due à sa dénonciation du racisme du procureur général de Taghardayt (Ghardaïa) Mohamed Bensalem et de son abus de pouvoir ».

Le même jour, un autre mozabite, Lassaker Bahmad, militant du FFS, est arrêté à Berriane près de Tagherdayt. Lui aussi est transféré à Tagheradyt. Izmulen déclare dans son communiqué daté du 7 avril que «  Bahamad Lassakeur a été menacé à maintes reprises par des policiers ou leurs émissaires pour avoir soutenu les victimes de l’injustice et dénoncé courageusement les abus de pouvoir des autorités locales, mais aussi pour sa participation aux récentes manifestations visant à changer le système ».

Ainsi, en moins d’une semaine alors que, semble-t-il, des millions de personnes sortent dans les rues, au moins tous les vendredis, pour dénoncer le « système algérien » et s’attaquent à plusieurs de ses représentants notamment des généraux et les hauts dirigeants, les militants amazighs du Mzab semblent être interdits d’expression. Quatre parmi eux ont été même arrêtés sur ordre du procureur raciste Mohamed Bensalem.
Faudrait-il rappeler, par ailleurs, que des dizaines de mozabites croupissent injustement dans les prisons algériennes, parmi eux Baba Nejjar.

Masin Ferkal.

Salah Dabouz est libéré le lendemain de son arrestation


[1Mohamed Bensalem appartient à une famille qui serait originaire de Djelfa et elle est connue pour son appartenance et son soutien appartenance à la mouvance islamiste du MSP. Le procureur semble ainsi être une fervent défenseur de l’arabo islamisme. A Taghardaayt, ce procureur ferait partie des agents sur lesquels le système s’appuie pour museler les Mozabites dans le but, à terme, de l’éradication de l’Amazighité portée par les Mozabites.

Messages

  • "Le procureur Mohamed Bensalem, (qui) appartient à une famille... connue pour son appartenance et son soutien appartenance à la mouvance islamiste du MSP ... ferait partie des agents sur lesquels le système s’appuie pour museler les Mozabites dans le but, à terme, de l’éradication de l’Amazighité portée par les Mozabites. ...
    les militants amazighs du Mzab semblent être interdits d’expression. Quatre parmi eux ont été même arrêtés sur ordre du procureur raciste Mohamed Bensalem. ... par ailleurs, des dizaines de mozabites croupissent injustement dans les prisons algériennes,..."