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France
Bernard Stasi plaide pour l’enseignement de la langue berbère
Jacques Chirac suivra-t-il les recommandations du Médiateur de la République ?
samedi 13 décembre 2003, par
Le 11 décembre 2003, la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République, conduite par son président Bernard Stasi, Médiateur de la République, a remis un rapport au président de la république Jacques Chirac.
Dans son rapport la Commission préconise l’introduction de l’enseignement des langues étrangères non étatiques en donnant le berbère et le kurde comme exemples.
C’est le deuxième rapport présenté aux plus hautes autorités de l’Etat français qui plaide pour l’enseignement de la langue berbère en France. En effet, en septembre 1998, Guy Cracassonne, dans son rapport remis à Lionel Jospin, alors premier Ministre, il recommandait la protection de la langue berbère par la France en assurant entre autre son enseignement. Le rapport de Guy Carcassonne avait comme objet l’Etude sur la compatibilité de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et la constitution. C’était en prévision de la signature puis de la ratification de cette Charte que Lionel Jospin avait commandé ce rapport à Guy Carcassonne. L’on se souvient que cette Charte, signée par le Gouvernement français, n’a malheureusement pas été ratifiée : le Conseil constitutionnel, saisi par Jacques Chirac, s’était opposé à la ratification la jugeant anti-constitutionnelle !
Avec ce deuxième rapport qui plaide pour l’enseignement du berbère, la République doit se déterminer et doit exprimer clairement sa position par rapport à la question berbère en France. Et cette fois-ci, c’est Jacques Chirac lui-même qui doit décider. Va-t-il écouter la raison et faire en sorte de rendre justice à ces langue et cultures qui sont depuis longtemps marginalisées par la République ou continuer à s’abstenir sur tout sujet qui peut fâcher ses amis d’outre-Méditerrannée ? Les mois à venir nous le diront !
Ufrin.
Ci-dessous un extrait du rapport Stasi où est citée l’enseinement du berbère.
4.1.2.2 Supprimer les discriminations induites par les politiques publiques
Paradoxalement, l’Etat n’a pas encore respecté toutes ses obligations en matière d’accès au service public de l’éducation. Le préambule de la Constitution de 1946 a pourtant consacré le principe selon lequel "l’organisation de l’enseignement public, gratuit et obligatoire à tous les degrés est un devoir de l’Etat". Or force est de constater que cette obligation constitutionnelle n’est pas totalement respectée. Dans certaines communes rurales, les familles sont contraintes de scolariser leurs enfants dans des établissements privés sous contrat d’association, du fait de l’absence d’école publique. Il s’agit là d’une situation résiduelle qui n’a plus lieu d’être.
A partir des années 1970, à une époque où la venue de populations immigrées était considérée comme temporaire, la France a signé avec l’Algérie, l’Espagne, l’Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie-Monténégro, la Tunisie et la Turquie des accords bilatéraux pour proposer un enseignement des langues et cultures d’origine (ELCO) aux enfants de l’immigration. Les accords auxquels s’adossent ces ELCO sont depuis régulièrement reconduits. Or, la commission constate que sur fond de droit à la différence, on a glissé vers le devoir d’appartenance. Cet enseignement relève d’une logique communautariste. Il est assuré par des enseignants étrangers, rémunérés par le pays d’origine pour des jeunes, qui, eux, sont souvent de nationalité française et ont vocation à vivre en France définitivement.
Ce dispositif va souvent à l’encontre de l’intégration des jeunes issus de l’immigration, de la promotion de la langue française, et de la valorisation de l’enseignement de l’arabe, du turc et d’autres langues. La commission recommande la suppression progressive des ELCO au fur et à mesure de leur remplacement par un enseignement de langues vivantes de droit commun. Dans le primaire, cet enseignement pourrait être confié, en cas de besoin, à des associations agréées par l’Etat. La situation actuelle, où l’enseignement de l’arabe est assuré très majoritairement dans le cadre d’écoles coraniques, n’est pas satisfaisante. L’Education nationale doit réfléchir aux moyens de promouvoir cet enseignement à l’école, en valorisant notamment ces cours de langues. Par ailleurs, la commission préconise l’introduction de l’enseignement de langues étrangères non étatiques (le berbère et le kurde par exemple), à l’instar des langues régionales : 2000 élèves s’inscrivent chaque année à l’épreuve facultative de berbère au baccalauréat.