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Dix mille personnes à Tizi Ouzou pour le printemps berbère
AFP, Tizi-Ouzou, le 21 avril 2003.
mardi 22 avril 2003, par
lundi 21 avril 2003, 11h50
Dix mille personnes à Tizi Ouzou pour le printemps berbère
TIZI OUZOU (AFP) - Quelque dix mille personnes ont manifesté dimanche à Tizi Ouzou, en Grande Kabylie (110 km à l’est d’Alger) pour le 23e anniversaire du printemps berbère et le 2e anniversaire du printemps noir de 2001, a constaté l’AFP.
Dans une ambiance bon enfant, les manifestants, en majorité des jeunes, ont parcouru la capitale de cette région, en criant des slogans hostiles au pouvoir central d’Alger contre lequel la Kabylie est en révolte larvée depuis les émeutes du printemps 2001 au cours duquel une centaine de personnes ont été tuées.
Ces émeutes avaient éclaté à la suite de la mort dans la gendarmerie de Béni Douala, près de Tizi Ouzou, d’un lycéen, Massinissa Guermah, tué d’une rafale de kalachnikov.
Les manifestants ont, une fois de plus, accusé le pouvoir de la répression sanglante de ces émeutes et demandé que soient "jugés les assassins" des 123 victimes, tuées en Kabylie par les forces de sécurité depuis le printemps 2001.
Chaque année, la Kabylie, qui réclame la reconnaissance de son identité culturelle et linguistique, célèbre le printemps berbère d’avril 1980. Cette année-là, des émeutes avaient éclaté à Tizi Ouzou lors de manifestations réclamant la reconnaissance de cette identité.
Organisée par les aârchs (tribus kabyles), fer de lance de la contestation en Kabylie, la manifestation qui devait s’achever devant la prison de Tizi Ouzou où sont détenus depuis octobre 2002,quatre délégués de ce mouvement dont la figure de proue Belaïd Abrika, a été détournée au dernier moment par des responsables de ce mouvement pour éviter un affrontement avec la police, massivement présente autour de l’établissement pénitencier.
Les manifestants ont défilé sous les banderoles de leurs village, arborant des portraits de Massinissa Guermah, le premier mort du printemps noir et de Belaid Abrika.
Brandissant des drapeaux algériens et des emblèmes avec la lettre Z en berbère, symbole de l’amazighité et de la culture berbère, les manifestants ont parcouru une ville morte, paralysée par une grève générale à l’appel des âarchs.
Seuls quelques marchands de légumes et de vendeurs de boissons et de journaux avaient ouverts leurs échoppes.
Les manifestants, qui ont progressé par saccades et en claquant des mains, ont notamment crié "pouvoir assassin", un slogan qui revient dans toutes les manifestations en Kabylie, "pas de négociations, libérez les détenus", ou encore "gendarme, terroriste".
Une vingtaine de délégués des âarchs sont actuellement détenus en Kabylie.
Au passage du cortège, un groupe d’enfants du quartier contestataire des genêts dont Belaïd Abrika est le délégué, ont entonné "Abrika président, Bouteflika en prison".
Quelques affrontements ont opposé à l’issue de la dispersion de cette marche des manifestants aux forces de l’ordre devant le théâtre Kateb Yacine, qui abritait l’ancien siège des âarchs à Tizi Ouzou.