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Épuration ethnique dans l’Azawad

Junte malienne et Wagner responsables de crimes contre l’humanité

jeudi 23 mai 2024, par Masin

C’est depuis plusieurs mois que l’armée malienne, exécutant les ordres de la junte au pouvoir, appuyée par les milices russes de Wagner commettent les pires des atrocités dans l’Azawad, visant systématiquement les Touaregs et les Maures. Assassinats par balles, décapitations, calcination, bombardement,... sont le lot réservé aux populations civiles par l’armée malienne et les milices Wagner. Cette barbarie ne semble pas inquiéter outre-mesure la Communauté internationale qui laisse une junte arrivée au pouvoir suite à un coup d’Etat commettre les pires des atrocités en toute impunité.

L’association Kal Akal dénonce "un massacre de grande envergure à Amassin" près de Kidal, dans l’Azawad, le 19 mai 2024. En effet, les soldats de l’armée malienne (FAMA) appuyés par des mercenaires russes de Wagner ont assassiné au moins une trentaine de personnes dans des conditions abjectes. Pour le CSP-DPA (Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad), "cette barbarie affreusement cruelle", contre la population d’Amassin, s’inscrit dans une série de crimes et de "massacres orchestrés par la junte militaire de Bamako […] dans le cadre d’une campagne de nettoyage ethnique systématique qui cible directement les communautés arabo-touarègues et peules". Parmi les victimes des massacres de ce 19 mai, Ahmed Ag Hamzata et Lamin Ag Bassada, deux notables très influents de l’Adghagh. Leurs pères, aux deux personnes, ont été tués dans les mêmes circonstances ne 1967 par le régime de Modibo Keita qui avait comme exécutant le sanguinaire capitaine Diby Sillas Diarra.

Selon des sources proches de la rébellion rapportées par RFI, "les militaires se positionnent immédiatement au niveau du château d’eau et tuent les villageois qui viennent y chercher de l’eau". Les mêmes sources rapportent que des boutiques sont pillées, des maisons incendiées et que les victimes, toutes civiles, ont été pour la plus part exécutées par balle ou carbonisés dans leur maison, quatre ont égorgées.

Victimes civiles de la frappe de drone à Tin-Blagh (mars 2024)

Pierre Boilley, dans un article paru dans "Droits et Libertés" (n° 205, Avril 2024), explique comment l’armée malienne, lors de sa marche vers Kidal en novembre 2023, a créé la terreur en "bombardant à l’aide des drones des villages et des campements, tuant sans discrimination, décapitant des civils et piégeant leurs corps". Craignant d’être la cible d’exactions, les Touaregs et les Maures ont fui Kidal pour aller se réfugier dans les pays voisins. Pour P. Boilley, les exactions commises peuvent être qualifiés sans aucune difficulté de "crimes de guerre" ou encore de "crimes contre l’humanité" et va jusqu’à dire que "le ciblage des victimes qui se comptent par centaines" fait penser, selon lui, à une "purification ethnique".
Pour rappel, le 17 mars 2024 à Amasrakad (près de Gao) deux frappes de drone effectuées de nuit par l’armée malienne ont fait au moins 13 victimes parmi des civils, dont sept enfants âgés de 2 à 17 ans, a rapporté Amnesty International qui estime que "tuer des civils qui ne participent pas directement aux hostilités constitue une violation du droit international humanitaire et du droit à la vie".

Tout en déplorant le silence de la Communauté internationale, notamment les États voisins, sur des graves violations des droits de l’Homme commises par le junte malienne et Wagner, le CSP-DPA "lance un appel pressant aux juridictions internationales indépendantes et aux organisation de droits de l’Homme à s’intéresser à ces crimes odieux dont la population de l’Azawad est victime afin que leurs auteurs ne restent pas impunis".

La Rédaction.

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