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Kabylie
La CICB adopte le document de mise en œuvre de la Plate-forme d’El-Kseur
Les délégués des comités de villages et de quartier de la Région de la Soumame du Pays kabyle ont fini par adopter le document qui conditionnerait l’éventuel dialogue avec les représentants de l’Etat algérien !
dimanche 19 octobre 2003, par
Au moment où la CADC est confrontée à des "blocages" l’empêchant d’aboutir à l’adoption du document de mise en œuvre de la Palte-forme d’El-Kseur, les délégués de la CICB (Bgayet) ont fini par adopter le document ce 17 octobre à Akfadou.
Tout en dénonçant les pratiques arbitraires du gouvernement algérien que les citoyens continuent toujours de subir, la CICB, dans sa déclaration, se démarque des luttes des clans au sommet de l’Etat, lesquels, dit-elle,"ne concernent nullement le mouvement citoyen qui demeure autonome et engagé pour le seul objectif de la satisfaction de la plate forme d’El-Kseur".
Nous publions ci-après l’intégralité du document adopté par la CICB.
COORDINATION INTER-COMMUNALE N’BGAYET
Document de mise en œuvre de la Plate-forme d’El-Kseur
PREAMBULE
L’explosion de la rue en Kabylie a fait suite à l’assassinat prémédité le 18 avril 2001 à Béni Douala du jeune GUERMAH Massinissa dans l’enceinte d’une brigade de la gendarmerie et à l’enlèvement arbitraire de trois collégiens (KHALDI Ikhlef - BARICHE Farid - MAÂMMERI Samir) ainsi que l’agression de leur professeur (MAÂMMERI Ahmed) à Amizour le 22 avril dans un cours d’éducation physique.
Ces deux actes sont vécus comme un suprême affront par toute la population, et en particulier la jeunesse déjà éprouvée, socialement par une marginalisation extrême qui se traduisait par un chômage endémique, politiquement par une exclusion de tout débat sur son avenir, et moralement par une HOGRA qui se manifestait sous plusieurs visages, allant de la brimade policière aux passe-droits dont les auteurs jouissent d’une impunité exaspérante.
Le déni identitaire exacerbé par un discours officiel construit sur les cendres d’une berbérité vite enterrée n’a cessé d’alimenter le sentiment d’injustice dans l’esprit de la masse juvénile.
Si l’assassinat de Massinissa et l’interpellation des collégiens d’Amizour, qui sont intervenus dans un contexte aussi explosif, sont la cause directe de la révolte de la jeunesse, il faut avouer qu’ils ne constituent, en réalité, que l’injustice de trop. L’arbitraire, l’injustice et la hogra du pouvoir mafieux et assassin remontent à des décennies déjà.
L’espoir suscité par l’avènement du pluralisme politique après le 5 octobre 1988, a vite laissé place à un désenchantement tant les tentatives de changement entreprises par les nouvelles élites politiques du pays se sont avérées infructueuses. Il faut reconnaître, à son corps défendant, que la classe politique post-octobre 1988 a été piégée en souscrivant à des règles définies par le système pour s’assurer sa propre pérennité.
Ayant perdu tout espoir de changement dans un cadre légal et organisé, la jeunesse a exprimé, à sa manière, son refus de la fatalité, au péril de sa vie. C’est ainsi que la Kabylie s’est embrasée notamment durant le printemps 2001. Depuis, ces évènements sont communément appelés "Printemps Noir".
Le pouvoir, au lieu de réaliser la gravité de la situation et d’être, pour une fois, à l’écoute de la société, s’est, comme à son habitude, engagé dans une répression digne d’un état colonial envers les enfants d’Algérie. Plus d’une centaine de jeunes sont assassinés par des balles réelles et des milliers de citoyens blessés dont des handicapés à vie, sans oublier les expéditions punitives menées à l’encontre des citoyens allant jusqu’aux violations des domiciles.
Devant cette hécatombe, et face à l’impuissance d’élus dépourvus de réelles prérogatives, à mettre fin à l’acharnement des corps de sécurité sur une jeunesse désarmée, les citoyens, en l’absence de toute structure sociale, se sont organisés en mouvement pour endiguer cette spirale du sang. C’est à partir de ce triste épisode qu’est né le Mouvement Citoyen.
Ce mouvement a, dès son irruption sur la scène politique, balisé sa mission en se dotant d’un code d’honneur et de principes directeurs traduisant ainsi sa nature pacifique et démocratique d’une part et son autonomie vis-à-vis de toute entité politique existante d’autre part. L’horizontalité régit son mode de représentation et le consensus ses prises de décisions. Par ailleurs, le Mouvement citoyen s’est, dès le départ, interdit toute velléité de prise de pouvoir, son unique objectif étant de faire aboutir les revendications de la société et dont la jeunesse a exprimé par son sang la légitimité. C’est pourquoi, le 11 juin 2001, une plate de revendications est élaborée à El-Kseur par les délégués du Mouvement après consultation de la population.
Cette même population s’est déplacée par millions à Alger pour déposer cette plate-forme à la présidence de la république. Un arsenal répressif a été la seule réponse à ce formidable élan citoyen. Depuis, le pouvoir maffieux et assassin n’a cessé de recourir aux harcèlements des populations et aux arrestations arbitraires et poursuites judiciaires des citoyens et des délégués du mouvement citoyen.
Dans le strict souci de prémunir cette plate-forme de toute fausse interprétation ou détournement de ses objectifs réels par le pouvoir en place, le mouvement a procédé à son explicitation dans un document élaboré à Larbaâ Nat Irathen. Aujourd’hui, le besoin de produire un document référentiel détaillé se fait sentir, d’une part, pour éviter la réédition de la farce du dialogue "taïwan" par le recours à des interlocuteurs pseudo délégués prêts à avaler toutes les couleuvres pour peu que des promesses de privilèges matériels ou politiques leur soient faites. D’autre part, notre objectif est de faire apparaître la portée réelle de la plate-forme d’El-Kseur dans sa double dimension nationale et révolutionnaire en ce sens qu’elle apportera systématiquement des changements radicaux dans la gestion politique, culturelle et socio-économique du pays, une fois appliquée.
En conséquence, ce document ne sera remis aux autorités de l’état qu’une fois prononcé l’engagement pour la satisfaction des incidences du mouvement citoyen avec effet immédiat de libérer tous les détenus et de lever toutes les poursuites judiciaires.
A/ - MODALITES TECHNIQUES DU DEROULEMENT
DU DIALOGUE
I-COMPOSITION DE LA DELEGATION
La délégation du Mouvement citoyen se compose de l’ensemble des délégués mandatés à l’inter wilayas et des invités d’honneur.
1- Les délégués interlocuteurs :
Chaque wilaya sera représentée par son porte-parole et un nombre de délégués équivalant au nombre d’intervenants dont elle bénéficie dans un conclave ordinaire de l’inter wilayas.
2- Interlocuteurs directs :
Sept (7) délégués ou plus seront désignés pour chaque séance de dialogue avec les représentants du pouvoir.
3- Invités d’honneur :
Chaque wilaya touchée par les assassinats et agressions des services de répression du pouvoir sera représentée par trois (3) parents de martyrs et trois (3) blessés handicapés.
4- Présence dans l’enceinte du dialogue :
Pendant que les interlocuteurs directs discutent avec les représentants de l’Etat, le reste des délégués mandatés ainsi que les invités d’honneur prendront place dans l’enceinte-même des pourparlers.
II- PREMIERE PRISE DE CONTACT AVEC LES SERVICES DE L’ETAT.
1-Une fois, l’engagement de l’Etat prononcé quant à la prise en charge des incidences du Mouvement Citoyen, l’inter wilayas chargera les 3 collégiens d’Amizour et le père du martyr Guermah Massinissa de remettre le présent document aux services du chef du gouvernement. C’est à ce titre que les services de l’Etat prendront connaissance des conditions tant matérielles que politiques dans lesquelles le dialogue sera entrepris.
2-Le Mouvement citoyen recommande l’observation d’une minute de silence à la mémoire des martyrs du printemps noir au début des travaux.
III- CONDITIONS DU DEROULEMENT DU DIALOGUE.
1-L’inter wilayas, étant l’instance suprême de concertation et de décision du Mouvement citoyen, un conclave ouvert, durant la période des pourparlers avec le pouvoir, s’impose en vue d’organiser toutes les concertations en temps utile et de prendre les décisions appropriées dont les délégués interlocuteurs seront porteurs.
2-La date et le lieu du début du dialogue seront arrêtés en commun accord par le mouvement citoyen et les représentants des autorités de l’Etat.
3-Exiger du pouvoir la présence des médias nationaux et internationaux audio-visuels et de la presse écrite. Les travaux doivent être diffusés en direct par la télévision.
4-Les langues de travail durant les séances de dialogue sont le tamazight, l’arabe et le français.
5-Dans le cas d’une satisfaction réelle des revendications contenues dans la plate forme d’El-Kseur, le mouvement citoyen doit exiger du pouvoir qu’un document consignant ce résultat soit paraphé par les deux parties (Mouvement Citoyen et le Président de la République) en présence du Conseil constitutionnel et de la presse écrite et audio-visuelle. Une large diffusion du document paraphé doit être assurée par les services de l’Etat algérien.
B / - MISE EN ŒUVRE DE LA PLATE
FORME D’EL-KSEUR
1° - Réparations aux victimes du printemps noir
(réf. 1-3-5-14)
a- Identification :
– La liste nominative des martyrs du printemps noir est celle définie par le Mouvement Citoyen.
– Les blessés et les invalides du printemps noir seront identifiés également par le mouvement citoyen notamment ceux inscrits sous une fausse identité dans les services hospitaliers par peur de représailles des services de police lors des évènements du printemps noir.
b- Réparation morale :
– Statut de "martyrs de la dignité et de la citoyenneté" pour les martyrs du printemps noir.
– Statut d’"Invalides du printemps noir" pour les invalides, grands invalides et mutilés du mouvement.
– L’Etat algérien doit faire acte de contrition envers la Kabylie.
c- Réparation matérielle :
– Garantir une indemnisation due aux martyrs du printemps noir ainsi qu’une pension à leurs ayant droit avec effet rétroactif. L’Etat doit procéder à un plafonnement unique de l’indemnisation des martyrs du printemps noir.
– Une pension aux invalides, grands invalides et mutilés du mouvement citoyen doit être assurée.
– L’Etat doit garantir une réinsertion sociale aux blessés du printemps noir présentant une invalidité partielle en leur accordant une priorité à l’emploi et à la formation et en leur octroyant les droits à la promotion, au logement et à la retraite.
d- Réparation morale et matérielle vis-à-vis de la population :
– Réparation des dégâts causés aux commerçants.
– Amnistie et franchise fiscale pour les commerçants, entrepreneurs et autres investisseurs dont l’activité a été affectée par les évènements du printemps noir.
– Réparation des dégâts causés aux individus (familles).
– La facture SONELGAZ du citoyen, depuis l’avènement du printemps noir, doit être payée par l’Etat algérien au motif qu’elle renferme une taxe destinée à l’ENTV, laquelle ENTV a été auteur de manipulations et mensonges contre la Kabylie, voire contre l’Algérie. En toute évidence, la taxe ENTV doit disparaître définitivement de la facture SONELGAZ.
– Une réhabilitation spéciale rendant de fait, obsolètes les jugements rendus contre tous les citoyens et délégués emprisonnés durant les évènements du printemps noir doit être décrétée par l’Etat algérien.
– Les personnes détenues injustement durant cette période doivent être dédommagées.
– L’Etat doit prendre en charge les frais médicaux des blessés du printemps noir en procédant au remboursement des dépenses déjà engagées et en prenant en charge les traitements en cours.
– Un suivi médical et psychologique doit être garanti à toute personne ayant subi des sévices ou traumatismes durant les évènements du printemps noir.
e- Enquête pour rétablir toute la vérité :
– La mise en place d’une commission d’enquête indépendante est un impératif majeur dans un double but de faire la lumière sur les évènements du printemps noir et de déterminer les responsabilités à tous les niveaux de l’Etat. Par ailleurs, ceci permettra de sanctionner les personnes dont il sera prouvé l’implication dans le génocide qui a frappé une région du pays.
– Cette commission sera composée de personnes indépendantes ayant reçu l’aval du mouvement citoyen et en particulier des parents de martyrs et des blessés du printemps noir. Par ailleurs, elle doit bénéficier de tous les moyens matériels, moraux et financiers de la part de l’Etat.
– L’Etat doit garantir la sécurité des témoins prêts à s’exprimer sur ces évènements ou détenteurs de documents écrits ou audio-visuels.
f- Réparations vis-à-vis des lycéens et collégiens :
– Les lycéens et les collégiens ont subi des traumatismes énormes pendant les évènements du printemps noir, notamment durant la fin de l’année scolaire 2000/2001. Cette situation a, sans l’ombre d’un doute, engendré des conséquences néfastes sur leur scolarité. Ce n’est sûrement pas l’organisation d’une deuxième session du baccalauréat qui compenserait les dégâts psychologiques subi par ces derniers. En conséquence, des mesures complémentaires doivent encore être prises par l’Etat algérien pour réparer les effets de cette tragédie sur les lycéens et collégiens.
– Un suivi psychologique des lycéens et collégiens des wilayas touchées par les évènements du printemps noir doit être assuré en affectant un psychologue dans chaque lycée et collège.
– Des mesures pédagogiques doivent être prises vis-à-vis des élèves encore affectés par ces évènements en leur accordant des dérogations d’âge pour les redoublements, en renforçant l’encadrement pédagogique des établissements scolaires de façon à faciliter la prise en charge de ces derniers.
2° - Réparation par le châtiment et la sanction
(Réf.2-4-6-7)
a- Une enquête sérieuse doit être menée pour d’abord confirmer les inculpations des auteurs directs des assassinats tels que les gendarmes, policiers et C.N.S et ensuite remonter le fil pour aboutir aux ordonnateurs et commanditaires.
b- Le directeur de l’ENTV doit répondre devant la justice pour les manipulations dangereuses de l’opinion par la télévision nationale lors de la marche historique du 14 juin 2001.
c- Une fois les responsabilités déterminées, toutes les personnes impliquées, quelque soit leur niveau dans la hiérarchie de l’Etat, seront traduites devant les tribunaux civils. Par ailleurs, les assassins et leurs commanditaires, dûment identifiés et traduits devant la justice, doivent être radiés des corps où ils exercent.
d- La commission d’enquête doit jouir de prérogatives très larges à même de lui permettre d’accéder aux archives de tous les services de l’Etat, civils ou militaires (Ministère de l’intérieur, de la défense, Présidence de la république et Gendarmerie nationale).
e- Le corps de la gendarmerie, de par son implication avérée dans l’assassinat avec une sauvagerie jamais égalée de jeunes désarmés, durant le printemps 2001, a fini par engendrer un divorce définitif avec la population de la Kabylie. Cette population exige le départ définitif et immédiat de toutes les brigades de gendarmerie. Naturellement, les missions civiles de la gendarmerie seront transférées à un autre corps de sécurité. La dissolution, à terme, de ce corps qui est vu par les populations comme un vestige des institutions coloniales est un impératif. Peu de pays dans le monde ont institué le corps de la gendarmerie. Dépendant de l’ANP, le corps de la gendarmerie, dans le cas du maintien de l’ordre, est mis sous la tutelle du ministère de l’intérieur d’où la confusion des prérogatives.
3° - Revendications démocratiques et historiques
(Réf. 8-9-11-13)
a. L’Algérie doit lever toutes les réserves sur les chartes et traités qu’elle a signés, ceux portant notamment sur les valeurs universelles, les droits de l’homme et la démocratie.
b. L’Etat doit respecter le pluralisme politique tout en balisant le champ politique de façon à consacrer définitivement le caractère républicain de l’Algérie, et par voie de fait, respecter les choix politiques du peuple algérien.
c. Par ailleurs, la liberté de conscience, telle qu’énoncée dans l’article 18 de la constitution algérienne en vigueur, ne doit souffrir d’aucune ambiguïté. Il est impératif de supprimer ou de reformuler l’article 2 de la constitution pour être en conformité avec les valeurs universelles et les droits de l’homme.
d. La réhabilitation de l’identité historique amazighe de l’Algérie par la restitution de l’histoire authentique, et non falsifiée, doit être le credo de l’Algérie de demain. La référence à des paramètres linguistiques et cultuels pour définir l’appartenance historique de l’Algérie à un monde moyen oriental n’a de fondement que dans l’esprit des idéologues de malheur dont la chapelle politique est très connue. La sphère géopolitique à laquelle appartient l’Algérie est l’Afrique du Nord dont l’identité de synthèse est la résultante de brassages culturels, religieux et linguistiques depuis l’antiquité à nos jours. Aujourd’hui, l’Algérie plurielle doit impérativement s’ouvrir aux apports de la civilisation universelle.
e. Tamazight doit être consacrée langue nationale et officielle aux côtés de l’arabe. Invoquer l’impossibilité de l’officialisation de Tamazight pour des raisons d’unité nationale est irrecevable, l’Afrique du Sud, pays nouvellement indépendant, dispose de 11 langues nationales et officielles sans pour autant plonger dans une quelconque guerre civile.
f. Concrètement ceci doit se traduire par une prise en charge réelle de cette identité dans ses dimensions culturelle, historique et linguistique par l’état algérien en :
– instituant l’enseignement graduel mais obligatoire de tamazight sur tout le territoire national ;
– optant pour une politique d’encouragement du livre, du cinéma, du théâtre, de la chanson et de la presse en subventionnant la création en tamazight dans ces domaines ;
– réhabilitant la véritable toponymie de l’Algérie ;
– créant une chaîne de télévision en tamazight ;
– encourageant la recherche anthropologique par le financement dans le domaine amazigh ;
– doublant les films étrangers et nationaux en tamazight ;
– s’engageant à ouvrir dans l’immédiat un centre formation d’enseignants de tamazight ;
– décrétant le 12 janvier (1er jour de l’an amazigh) et le 20 avril (journée nationale de la liberté d’expression) jours fériés, chômés et payés ;
– décrétant le 18 avril "Journée de la citoyenneté", 22 avril "Jour contre tamheqranit", et le 28 avril "Jour contre la répression".
– créant une académie indépendante dont le seul souci serait la standardisation et la promotion de la langue amazigh.
g. Une instance pour la réhabilitation et la promotion de la langue et de la culture amazighes (Ministère, Haut Conseil ou autre) doit être créée.
h. La séparation effective des pouvoirs entre le législatif, l’exécutif et la Justice doit être une réalité. Une refonte des textes de loi existants s’impose, notamment en ce qui concerne le code de l’information, le code de procédures pénales, le statut du magistrat et la création d’une haute cour de l’Etat avec la définition de ses prérogatives.
i. Pour vivre en harmonie dans notre pays et ne plus connaître l’injustice, les passe droits, le mépris des hommes de loi, le peuple algérien doit se doter d’une charte citoyenne dans laquelle seront consignés clairement les devoirs et les droits du citoyen et de l’Etat.
j. Les évènements d’avril 1980 et mai 1981, octobre 1988, et ceux du printemps noir nous ont enseigné que les instances élues n’ont aucune autorité sur les organes exécutifs de l’Etat, particulièrement ceux chargés de la sécurité du citoyen d’une part. D’autre part, la gestion politico- économique de la commune, de la wilaya, voire même du pays échappe aux élus en raison des interférences de plusieurs centres de décision. Ainsi la prééminence des instances élues sur les organes exécutifs s’avère impérative pour sortir le pays du système corrompu qui géré les affaires publiques depuis plus de 40 ans avec les résultats catastrophiques que tout le monde connaît.
k. Concrètement le pouvoir de décision en matière de choix de développement économique et de maintien de l’ordre et de la sécurité doit revenir aux assemblées élues à tous les échelons de l’Etat.
l. Que l’Etat s’engage politiquement, après consultation de spécialistes, à concrétiser une large décentralisation par la révision du découpage administratif et territorial en vue de garantir une meilleure prise de décision politique et le bien être du citoyen. En conséquence, les textes régissant les collectivités locales doivent être révisés.
m. La refonte des textes de lois devant consacrer la mise en application effective du point 11 de la plate forme d’El-Kseur est un impératif.
n. La dissolution de toutes les assemblées élues (locales et nationales) s’impose dans l’immédiat.
o. La désignation des députés au sénat doit obéir à des règles démocratiques.
4° - Revendications socio-économiques
(Réf. 10-12-15)
a- Le système éducatif doit être le creuset de toutes les valeurs universelles de tolérance de citoyenneté. C’est par l’école que la réhabilitation de l’identité historique se fera.
b- L’enseignement des matières scientifiques en français est une nécessité du fait, d’une part, que le cursus universitaire dans les filières autres que les sciences sociales, n’est jamais assuré en langue arabe. Des élèves brillants durant leur scolarité, une fois à l’université, sont confrontés au problème de langue et par conséquent perdent plusieurs années dans les redoublements. D’autre part, pour des raisons d’efficacité (le français étant une langue véhiculant le savoir scientifique) et de disponibilité de compétences humaines et d’un fonds documentaire appréciable (ouvrages dans toutes les disciplines littéraires et scientifiques) laissé par l’ancien colonisateur, le choix d’enseigner dans cette langue s’avère le plus sage pour le relèvement du niveau général de notre système éducatif.
c- L’endoctrinement religieux que subissent les écoliers doit laisser place à l’enseignement de l’éducation civique et morale porteuse des valeurs telles que le respect d’autrui, la préservation de la propriété collective, l’amour du travail, l’honnêteté…
d- En plus du cursus scolaire classique (primaire, collège, lycée), l’Etat algérien doit engager une politique de formation professionnelle à même de permettre aux jeunes éjectés du système scolaire une insertion sans trop de dommage. Des mesures doivent être prises pour instaurer des cycles longs dans les centres de formation professionnelle en tenant compte de la réalité économique du pays de façon à assurer des débouchés aux stagiaires.
e- L’institution d’un présalaire dans la formation professionnelle démultipliera la motivation des stagiaires et responsabilisera davantage l’Etat qui s’inquiètera des conditions de formation et des résultats obtenus en fin de cursus.
f- L’égalité entre l’homme et la femme est une garantie de la citoyenneté. Elle ne peut se concrétiser que devant la loi. Pour ce faire, les textes de loi doivent être adaptés pour certains et abrogés pour d’autres, comme le code de la famille notamment.
g- L’Etat doit consacrer l’indépendance de la justice, le garde des sceaux n’a aucun droit de regard sur les procès, le juge n’a de compte à rendre qu’au peuple et à sa conscience.
h- Pour plus d’efficience dans la gestion économique, les mesures suivantes doivent être prises :
– Rétablir le week-end universel [4 jours sur 7 non ouvrables pour les échanges internationaux], l’investisseur étranger préfère s’installer chez nos voisins (Maroc- Tunisie) pour cette raison et tant d’autres ;
– Consacrer définitivement l’autonomie de gestion des entreprises publiques qui ne doivent répondre qu’aux lois de l’économie et du commerce. L’exemple des médias publics en est l’illustration parfaite. En plus du détournement politicien dont elle fait l’objet de la part du pouvoir, la télévision nationale est un gouffre financier (le personnel de l’ENTV dépasse celui de TF1, M6 et Canal+ réunies pour de piètres résultats commerciaux).
i- Opter pour une politique fiscale à même de permettre l’émergence de vrais investisseurs.
j- Créer des facilités pour l’investissement productif créateur d’emplois :
- En matière d’assiette foncière
- Allègement de la constitution de dossiers d’investissement et l’institution d’un guichet unique ;
-Assurance de rapatriement des bénéfices pour l’investisseur étranger ou national établi à l’étranger :
- Réforme du système bancaire en adéquation avec les normes universelles ;
- Avantages fiscaux notamment dans les régions reculées du pays et un taux d’imposition préférentiel par rapport aux autres investissements ;
- Désenclavement des régions susceptibles d’intéresser les investisseurs par la construction de routes, l’adduction en eau potable et l’électrification.
k- Agriculture :
– Engager la construction de barrages pour assurer la pérennité de l’agriculture ;
– Réviser la loi sur la concession des terres agricoles ;
– Instaurer une politique de contrôle de l’exploitation des terres (périodes de mise en jachère, alternance et variation des cultures, interdiction de la sous-traitance…) ;
– Allouer des subventions aux paysans pour encourager la production céréalière ou autre ;
– Créer un fonds de solidarité contre les calamités agricoles ;
– Préserver les terres agricoles contre l’avancée du béton ;
– Encourager l’agriculture de montagne.
l- Investir dans le cadre du développement de la pêche et réaliser des ports de pêche.
m- Mettre en valeur le tourisme en aménageant des sites sur les côtes, les montagnes et le sud algérien.
n- Protéger la faune et la flore du pays.
o- L a remise sur rail de l’économie nationale débouchera peu à peu sur une offre d’emplois à la jeunesse, cependant des mesures d’insertion pour cette dernière doivent être arrêtées pour atténuer son attente : il s’agit de la formation professionnelle et surtout d’une allocation chômage équivalente à 50% du SNMG à tout demandeur d’emploi.
p- Pour garantir un développement harmonieux de l’Algérie, il est évident qu’il faille tenir compte des spécificités de chaque région. Pour la Kabylie, en plus de la mise sur pied d’un plan de première urgence pour résorber son énorme déficit en matière d’habitat et autres besoins vitaux de la population (eau, assainissement, routes, électricité, approvisionnement…), l’Etat doit encourager l’investissement, essentiellement, dans le tourisme et dans d’autres domaines en créant les infrastructures de bases nécessaires comme :
– La construction de ports de pêche ;
– La construction de digues pour arrêter l’avancée de la mer ;
– L’extension du port actuel ;
– L’extension de l’aéroport et l’aménagement de la piste d’atterrissage ;
– La construction d’une bretelle autoroutière pour relier le chef-lieu de la wilaya à l’autoroute Est-Ouest ;
– Extension du réseau routier à l’intérieur de la wilaya.
q- Il y a lieu de déclasser les terres inondables et sablonneuses de toute la côte du Sahel pour les affecter au fonds foncier et permettre ainsi la construction d’infrastructures hôtelières et industrielles.
r- La mise en valeur des terres agricoles dans la vallée de la Soummam et l’encouragement de l’agriculture de montagne sont des mesures qui déboucheront sur la création de centaines d’emplois pour la jeunesse de la wilaya.
s- L’investissement dans le secteur minier dans la wilaya doit être lancé (Découverte récente d’un gisement important de minerai dans la région d’Amizour).
t- L’Etat doit jouer le rôle de régulateur pour garantir une justice sociale aux citoyens.
u- Une transparence dans la gestion des revenus fiscaux du pays doit être instaurée.
v- Un fonds de solidarité aux régions touchées par des catastrophesnaturellesdoitêtre institué. Par ailleurs, l’Etat doit intervenir avec la même célérité pour réparer les dégâts dans toutes les régions du pays.
w- La plate-forme d’El-Kseur après sa satisfaction, ne doit pas tomber dans les oubliettes de l’Histoire. Comme l’appel du 1er novembre 1954 et la charte de la Soummam, elle doit être enseignée à l’école pour que les futures générations soient fières du combat de leurs aînées.
x- Dans le même ordre, l’Etat doit ériger des stèles et des mémoriaux à la mémoire des martyrs du printemps noir.
Akfadou, les 16 et 17 octobre 2003.
ULAC SMAH ULAC
GLOIRE A NOS MARTYRS
LE COMBAT CONTINUE.