Kabyles et Berbères : luttes incertaines

Lors de sa présentation qui a duré un peu plus d’une heure, Salem Chaker a présenté les axes principaux dz son ouvrage qui est une synthèse d’une réflexion qui dure depuis près d’un demi-siècle, avec des étapes, des échéances ce qui explique les trois éditions de l’ouvrage (1989, 1998 et 2022). C’est la reprise d’études, de réflexions d’analyses publiées par-ci par-là sur la question berbère en Afrique du nord. Cette réflexion est entamée dans la foulée du Printemps 80. La dernière édition (2022) comprend une dizaine de chapitres de plus que celle de 1998 qui matérialisent la continuité d’une réflexion, d’une expérience, de nombreux échanges avec différents spécialistes de l’Afrique du nord mais aussi de la militance et toutes sortes d’observateurs.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, Salem Chaker a tenu à « exprimer une pensée solidaire pour toutes les victimes de la répression, non seulement en Algérie mais largement en Afrique du nord. Une répression prend une ampleur inouïe et tout à fait nouvelle particulièrement en Algérie, notamment avec la dernière fournée de condamnations (54 condamnations à mort) ». Il a tenu à signaler les lourdes condamnations qui ont visé les militants rifains où « la justice marocaine n’est pas allée de mainmorte non plus ».
Il a évoqué la mise en place de la nouvelle politique berbère des Etats algérien et marocain à partir des années 1990 qui ont fait croire à une prise en charge de la question berbères mais qui n’est qu’e réalité qu’une stratégie de dépossession. Ce contexte « qu’on pensait plus détendu depuis les années 1990-2000, autour de la question berbère, reste en réalité très difficile ». Cette ligne de patrimonialisation de la question berbère peut avoir des effets désastreux.
Lors de cette conférence il nous fait part d’une rencontre qu’il a eue avec Mohamed Harbi à Paris, fin 1981 ou début 1982, « vous êtes des boy-scouts ! Ne savez-vous pas que les plans de mise en état d’alerte de l’armée algérienne sont fondés sur deux scénarios uniquement : une guerre sur la frontière algéro-marocaine et une insurrection armée en Kabylie ? ». En effet, la Kabylie a toujours été, et ce depuis 1962, dans le viseur de l’Etat algérien qui fait tout pour la normaliser en l’assimilant notamment par l’arabisation.

La Rédaction.