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Rif : Ni pardon, ni réconciliation.
Entretien avec Moussa Fathi, le coordinateur du National Assembly of Rif
samedi 31 juillet 2021, par
Moussa Fathi est né à Ayt Oulichek dans le Rif. Républicain rifain, il a commencé en 2010 à militer pour le droit des Rifains à restaurer leur république. Il était membre de l’Organisation du 18 septembre qui appelle à l’indépendance du Rif. Aujourd’hui, il est le coordinateur du National Assembly of Rif/Agraw Anamur Arifi, une organisation républicaine qui défend les droits du Rif et des Rifains.
Nous avons rencontré Moussa Fathi à Bruxelles. Il a répondu à nos questions.
Tamazgha.fr : Quels sont les objectifs de NAR ?
Moussa Fathi : L’objectif de notre organisation est de défendre les intérêts politiques, juridiques et économiques du peuple rifain sur sa terre historique et à travers le monde.
Concernant les intérêts politiques, notre objectif est de restaurer la légitimité de la république des tribus rifaines créée en 1921 par le président de la république Mohamed ben Abdelkarim Alkhattabi.
En ce qui concerne le volet juridique, notre engagement est guidé par les nombreux crimes de guerre et atteintes aux droits de l’homme commis à l’encontre du peuple rifain depuis 1921. En effet, nous ne voulons pas que ces crimes restent impunis.
Concernant les intérêts économiques, notre objectif est de promouvoir l’économie rifaine (création du label Made in Rif), promouvoir la préférence nationale et encourager l’indépendance économique du Rif.
Suite au Hirak du Rif et toutes les exactions à notre encontre, le peuple rifain doit plus que jamais se doter d’une organisation qui s’exprime en son nom et porte sa voix dans le monde. En 2017, les militants rifains en Europe, et après plusieurs réunions, ont décidé de créer NAR.
Vous avez organisé le premier congrès de NAR à Louvain la Neuve, en Belgique. Pouvez-vous nous dire plus ?
Dans le plan initial, le congrès devait se tenir l’année dernière, mais la crise sanitaire qu’a connue le monde nous a contraints à l’annuler. Ce congrès est en réalité un congrès constitutif qui nous a permis notamment de structurer l’organisation NAR, de renouveler son bureau exécutif et surtout de se doter d’une feuille de route claire et ambitieuse pour les trois prochaines années. C’était une grande réussite en termes d’organisation et de nombre de participants. Mais c’était également un exercice démocratique dont nous sommes très fiers.
Est-ce que d’autres organisations autonomistes ou indépendantistes (amazighes) ont pris part à votre congrès ?
Oui. Le Mouvement d’autonomie chaoui, représenté par Mas Yella Houha,
et le Mouvement d’autonomie Mzab, représenté par Mohammed Dabouz, ont pris part aux travaux du congrès.
Quelle est la situation actuelle dans le Rif ?
La situation dans le Rif est globalement comparable à celle de toute Tamazgha en termes d’occupation et de répression. Si nous regardons le Rif en particulier, nous pouvons dire que la région a subi et continue de subir une répression sans précédent et ce malgré le caractère pacifiste du Hirak.
En plus de l’occupation militaire, le Rif vit sous un embargo économique qui a pour objectif de soumettre la population. D’autres part, l’occupation marocaine est en train d’opérer un changement démographique, une politique qui consiste à encourager les jeunes rifains à immigrer en Europe au péril de leurs vies et d’encourager l’installation de colons marocains dans les campagnes et les villes du Rif.
Que pense votre organisation des voix “rifaines” qui estiment que l’indépendance du Rif n’est pas une solution raisonnable et préfèrent mettre en avant d’autres solutions politiques au sein d’un Maroc uni ?
Nous avons effectivement entendu et lu ce type de discours. Nous pensons que ces personnes ignorent la véritable histoire du Rif et mettent en avant des contre-vérités sur la légitimité de la république des tribus rifaines.
Nous invitons ces personnes à relire l’histoire de notre peuple, de notre terre et les sacrifices de nos ancêtres. Et puis, nous leur demandons de faire un bilan objectif de 65 ans d’occupation marocaine (crimes de guerre, viols, exactions, kidnapping, expropriation). Et enfin, nous disons à notre peuple que notre lutte va être longue et dure mais elle est juste. Nous leur rappelons ce qu’a dit le premier président de la république du Rif Mohamed Ben abdelkrim alkhattabi : « il n’existe pas de compromis dans la revendication de la liberté. »
En clair : ni pardon, ni réconciliation.
Propos recueillis par
Aksil Azergui.
Messages
1. Rif : Ni pardon, ni réconciliation., 31 juillet 2021, 12:51, par Agwzul
Azul,
Pour une future république arabe du Rif ? Déjà il y a lieu de modifier le drapeau, ensuite il parle de hirak en lieu et place du terme approprié AMUSU ; et enfin l’on sait très bien que les rifains sont gangrénés par le salafisme. Dommage ils ne seront crédibles que lorsqu’ils revendiqueront haut et fort leur Amazighité. Yiwen ufus ur ikkat urar.