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Portrait

Saïd Zerouali, une voix de l’espoir et de la liberté...

lundi 2 janvier 2006, par Masin

Dans le sillage de Walid Mimoun et de Khalid Izri,
Saïd Zerouali, jeune chanteur talentueux d’Aberkan, a
suivi la pente ascendante de la chanson amazighe
contestataire. Saïd, 35 ans, vient de sortir son
premier album "Mayemmi" (pourquoi ?) : un hommage à la
lutte des Imazighen pour la liberté et la dignité.


Saïd : "J’avais troqué la radio familiale contre une guitare !"

L’histoire de Saïd avec la musique remonte à son enfance. Né à Aberkan dans le Rif, ce jeune troubadour de la chanson amazighe moderne a appris la musique dans la rue. "Je n’ai pas appris dans un conservatoire, mais en jouant avec mes amis dans les rues d’Aberkan. On se débrouillait pour faire les photocopies des notes de musique" disait Saïd. La guitare est l’instrument le plus fréquent dans cette ville méditerranéenne, comme elle l’est dans tout le Rif. La posséder était pour Saïd une obsession.
Cet enfant rêveur finit par acquérir sa propre guitare. Il a tout simplement troqué la radio familiale contre cet
instrument magique. Depuis, la guitare ne l’abandonnera jamais. Cet instrument sera son meilleur compagnon.

Sage révolté

Appelé dans tout le Rif "le chanteur-siffleur", Saïd a
réussi au cours des années à s’imposer sur la scène
artistique amazighe par son engagement, sa persévérance
et son travail sérieux. Il participe à la quasi-totalité des activités culturelles et artistiques organisées à travers Tamazgha occidentale. Partout où il va, il apporte la
bonne parole aux épris de justice et de liberté.
Ses chansons remettent le couteau dans les plaies du
peuple amazigh. Il chante la trahison, Abdelkrim, la
femme amazighe et la souffrance de tout un peuple.

Voix douce, des textes affûtés comme des couteaux,
Saïd dresse une implacable critique de la situation de
la langue et de la culture amazighes.
Simples et directes, ses chansons ne s’écartent pas de la revendication politique. Il n’a pas ménagé ses critiques vis-à-vis des partis politiques issus du "mouvement national" qu’il accuse de "massacrer" l’identité du peuple amazigh au nom de l’unité (Une seule langue, une seule religion,...). "Gan-anegh tacmamt s yisem n lweh’da" (on nous a trahi au nom de l’unité), chante Saïd. Il fustige également le désespoir des jeunes (Mayemmi ?) et le regard porté par l’islam sur les femmes perçues comme des machines à reproduction (Yelli/ma fille).

Cet album, six titres, fruit de plusieurs années de travail, est un hommage à la lutte des Imazighen pour la liberté et les droits humains.

Parcours du combattant

Pour sortir son album, Saïd a eu à contacter des éditeurs
dans plusieurs villes du Rif dont Aberkane et Nador. Mais son nouveau style les dissuade. "Les producteurs favorisent la musique jetable et aiment la musique rythmée qui les fait danser. Les éditeurs ont peur, ils préfèrent ne pas avoir affaire à la chanson politisée" affirme Saïd. Cette peur frise parfois le ridicule. "Dans l’oriental, raconte l’artiste, les
éditeurs testent les échantillons des chansons en dansant. L’éditeur rassemble deux ou trois personnes, met la cassette en marche et demande leur avis. Si la musique les fait danser, il la considère valable, sinon il l’a rejette".

Homme libre et déterminé, Saïd refuse de se plier à la bêtise et à la loi des producteurs. Il prépare déjà un autre album plus élaboré.

A. Yafelman

Ecouter Saïd Zerouali

Abdelkrim

Mayemmi

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