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Tamazgha : le combat continue...

Déclaration de l’Assemblée générale de Tamazgha

dimanche 20 février 2005, par Masin

A la suite de son Assemblée générale annuelle tenue le 12 février 2005 à Paris, Tamazgha a rendu public une déclaration par laquelle elle fait l’état de la question amazighe en Afrique du Nord, elle revient sur la gestion des langue et culture berbères en France et se positionne par rapport à tout cela.





Déclaration de l’Assemblée générale de Tamazgha




Depuis avril 2001, la Kabylie, après avoir subi la violence et la cruauté de la répression de l’Etat algérien, alterne entre soubresauts insurrectionnels et désespoirs. Les voies de l’expression politique et celles du mouvement berbère sont pernicieusement éliminées, la Kabylie se trouve sans perspectives d’avenir réelles. Aujourd’hui, souhaitant pacifier définitivement la Kabylie, l’Etat algérien joue la carte de la négociation et le soit-disant mouvement citoyen dit "âarchs", prétendant représenter la Kabylie, en accepte le principe. Il tourne ainsi le "dialogue en reddition". Ces négociations considérées par les parties prenantes comme la matière d’un règlement entier de la crise que la Kabylie traverse depuis 1963 ne sont qu’un leurre : les âarchs n’obtiennent même pas une once telle que l’officialisation de la langue berbère ! (Une de leurs sacrées et saintes revendications inscrites dans la Plate-forme d’El-Kseur). A cet égard, nous rappelons que la question kabyle va bien au-delà puisqu’elle est nationalitaire et politique, depuis que la question de l’autonomie de la Kabylie s’est posée au grand jour. Enfin, nous estimons que la crédibilité qu’attachent les âarchs à ces négociations et au pouvoir lui-même ne sont là que pour précipiter la Kabylie dans un accord d’armistice à la faveur du pouvoir d’Alger. Nous pensons que le peuple kabyle ne verra son salut que lorsqu’il aura réussi à dépasser les manœuvres et les luttes d’influence dont la Kabylie est systématiquement l’objet.

Nous sommes toujours sous le choc des événements d’Imteghren du 24 décembre 2003 et de ceux d’Agadir du 21 avril 2004 qui où les autorités marocaines et leurs sbires locaux se sont complus à réprimer dans le sang des manifestations d’étudiants et de militants amazighs. La Monarchie marocaine, quoi qu’elle fasse croire s’être convertie à la doctrine des droits de l’Homme depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, a quand même brillé par sa politique anti-amazighe. A cet égard, on se souvient, notamment, des menaces de condamnation pour atteinte à la sûreté de l’État pesant sur les militants de l’association Tilelli. Aussi, la question amazighe dans cette région reste toujours pendante. Et ce n’est guère la mise en place de l’IRCAM qui assouvira le berbérisme des militants amazighs que nous soutenons.

Singulièrement, l’arabisation des Imazighen entamée par les États d’Afrique du Nord ne s’arrête pas à leurs portes. Elle irradie au-delà, et même en France. En effet, les autorités françaises recommandent aux jeunes berbères l’apprentissage, dès le primaire, des langue et civilisation arabes jugées être les fondements de leur "identité d’origine". Aussi, les tergiversations des différentes équipes gouvernementales françaises, qu’elles soient de gauche ou de droite, au sujet de l’enseignement du berbère en France, en disent long sur le poids de l’État algérien dans la vie politique française. Aujourd’hui, le Ministère de l’Education nationale français se complaît d’avoir ouvert un cours de berbère dans un lycée parisien au bénéfice des lycéens qui souhaitent passer l’épreuve facultative de berbère au baccalauréat. Pour le moins, cette mesure n’est pas à la hauteur de satisfaire la demande de plus de 2000 candidats dispersés à travers l’Hexagone. Aussi s’est-il décidé dans la confidentialité, de confier la charge et la responsabilité de cet enseignement à un non berbérisant pour de simples raisons politiques et de lobbying. Il désavoue ainsi une institution, l’Inalco, relevant de l’Education nationale qui était liée par une Convention avec la DESCO (Direction des enseignements scolaires) pour la préparation des sujets et la correction des copies du Bac depuis 1995. Salem Chaker, semble-t-il, ne plait pas au pouvoir d’Alger. Est-ce son indépendance politique qui dérange ?

Aussi, nous réaffirmons notre demande de prise en charge réelle et effective de l’enseignement de la langue berbère par les pouvoirs publics dès lors qu’elle est explicitement reconnue "Langue de France".

Enfin, Tamazgha renouvelle sa fidélité à ses objectifs initiaux par lesquels elle s’engage à promouvoir les langue et culture berbères et à contribuer à la défense des droits des Imazighen. Ainsi, elle dénoncera toutes les atteintes portées au peuple amazigh tant à sa dignité qu’à ses intérêts et ce, jusqu’à ce que soit restauré leur souveraineté sur leur terre, Tamazgha.


Paris, le 12 février 2005.

Siège de Tamazgha à Paris


Tamazgha
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Fax : 01.49.81.02.32.
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