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Droits linguistiques et culturels des Berbères en France

Tamazgha soumet un rapport aux Nations Unies...

La France devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale...

mardi 22 février 2005, par Masin

A l’occasion de sa 66ème session, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) examine les quinzième et seizième rapports périodiques de l’Etat français. A cette occasion, Tamazgha, Organisation non gouvernementale de défense des droits des Imazighen, présente un rapport sur les droits linguistiques et culturels des Berbères en France. C’est aux côtés de la délégation du Bureau européen pour les langues les moins répandues (EBLUL-France) qu’une délégation de Tamazgha est allée plaider la cause des langues régionales et minoritaires de l’Hexagone devant les membres du CERD à Genève.


Ci-après, nous publions le communiqué de Tamazgha à cette occasion.




Nations Unies - Conseil économique et Social
66ème session du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD)



Le CERD examine les quinzièmes et seizièmes rapports périodiques de la France


COMMUNIQUE

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La langue et la culture berbères peu considérées par l’Etat français





Lors de la 66ème session du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) qui se tient à Genève du 21 février au 11 mars 2005, l’Etat français est appelé à fournir un rapport sur les mesures législatives, judiciaires et administratives qui ont été prises pour s’acquitter de ses obligations, conformément à l’article 9 de la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (ICERD).

A cette occasion, Tamazgha présente un rapport alternatif par lequel elle entend attirer l’attention des membres du CERD sur l’état des droits linguistiques et culturels des Berbères en France. Une délégation s’est rendue à Genève pour présenter devant les membres du CERD le rapport de Tamazgha ainsi que ses demandes afin que cessent les discriminations dont font l’objet les Berbères de France.

Même si le berbère est la langue maternelle, conjointement au français, de centaines de milliers de citoyens français, les langue et culture berbères ne bénéficient toujours pas d’une reconnaissance et prise en charge réelle et effective par l’Etat français qui les ignorent. La France toujours liée par des conventions désuètes aux pouvoirs en place en Afrique du Nord n’a, semble-t-il, pas l’intention d’« évoluer ».

Les rapports officiels élaborés à la demande du gouvernement et/ou de la Présidence de la République ont insisté sur la nécessité de reconnaître le berbère comme langue de France non territoriale qu’il convient de protéger et d’enseigner. Ainsi, Guy Carcassonne, dans son rapport au Premier ministre, Lionel Jospin, en 1998, préconise l’intégration du berbère dans la liste des langues que la France que l’Etat se doit de protéger car faisant partie de son patrimoine linguistique. En 2003, c’est Bernard Stasi, président de la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République, qui plaide, lui aussi, pour la nécessité d’enseigner le berbère en France. Il relève par ailleurs une situation qui est porteuse de germes de discrimination dans la mesure où les élèves berbérophones, comme tous ceux dans les langues d’origine ne sont reconnues par aucun Etat, sont privés de l’apprentissage de leur langue. En 2002, une note de service émanant du Ministère de l’Education nationale demandait expressément aux Rectrices et Recteurs d’académies la mise en œuvre d’un enseignement en vue de la préparation à l’épreuve facultative du berbère au baccalauréat dont le nombre de candidats en 2004 a atteint 2250. Mais aucune de ces différentes recommandations n’est suivie de concrétisation.

Les dernières manœuvres de l’équipe gouvernementale, en accord avec la Présidence de la République, ne visent qu’à satisfaire les intérêts du pouvoir d’Alger qui, à travers son lobbying, n’aspire qu’à un contrôle systématique et tous azimut d’une émigration qu’il estime hostile.

En effet, en janvier 2005 nous apprenons par une lettre émanant de la Présidence de la république adressée à Salem Chaker, professeur de berbère à l’Inalco (Paris), la nomination d’un responsable coordinateur du suivi de l’expérimentation de l’enseignement du berbère pour les candidats des lycées parisiens à l’épreuve écrite de berbère au baccalauréat. Ce coordinateur est, selon la même lettre, nommé pour sa qualité de « locuteur berbère reconnu ». Si on déplore la nomination d’un « locuteur » pour accomplir une telle responsabilité, on ne peut que regretter le mépris des instances républicaines qui isolent une institution telle que l’Inalco qui a eu en charge la gestion du dossier du berbère au Bac depuis 1995. Pour des raisons politiques, les règles académiques sont « violées » et les compétences, jusque-là utiles, sont écartées.

Tamazgha estime qu’il est temps que l’Etat français assume ses responsabilités et prenne, par la même, des positions indépendantes d’intérêts politiques et stratégiques immédiats. Il doit, dans l’intérêt de la République, songer à une prise en charge réelle et effective des langue et culture berbères et à leur assurer les moyens de leur promotion et épanouissement.

Solidaires avec les Bretons, les Basques, les Corses, les Occitans,... dont les langues sont minorisées et reléguées au statut « de parlers destinés à disparaître », nous ne pouvons que nous indigner de l’attitude de la France qui est à la traîne des pays européens en matière de signature et ratification des traités et chartes relatives aux droits des minorités ainsi qu’aux droits linguistiques.

Tamazgha appelle de tous ses vœux pour que les membres du CERD interpellent l’Etat français quant à la situation des langues et cultures de l’Hexagone.



Tamazgha,
Genève, le 22 février 2005.



 Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale

Télécharger le rapport de Tamazgha

Télécharger la déclaration de Tamazgha

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