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Yalla Seddiki s’explique...

jeudi 22 décembre 2005, par Masin

La Rédaction de Tamazgha.fr a reçu un communiqué de Yalla Seddiki, jeune chercheur kabyle, qui a été surpris de voir son nom dans un magazine qui semble être sponsorisé par l’Etat algérien. Un Etat qui, ces derniers temps, distribue de l’argent sans aucune limite notamment en Kabylie et dans les milieux kabyles de manière générale. C’est vrai que si l’Etat algérien veut corrompre la Kabylie, il n’a pas d’autre choix que de "casquer" comme diraient certains. Et comme la réserve est suffisamment notamment avec la flambée du prix du baril de pétrole, l’Etat des généraux ne compte plus ses "sous"...

Yalla Seddiki semble se trouver ainsi devant une situation où il a le sentiment de "se faire avoir"... Un travail de traduction e textes de Chérif Kheddam lui a été demandé, lequel travail es publié dans une "publication" préfacée par la ministre kabyle du gouvernement algérien. Au passage, cette préface est une véritable "insulte" à la langue amazighe. A peine lisible, ce texte est écrit d’une façon bizarroïde : on ne sait de quelles règles d’écriture de tamazight madame la ministre s’est inspirée !? Ce ne sont même pas les règles du Haut commissariat algérien à l’amazighité.
Nous publions ci-après le communiqué de Yalla Seddiki.

La Rédaction




Je ne mange pas de ce pain-là, c’est pour ça que je le crache




Ce communiqué est à destination de ceux et celles, qui, connaissant mon parcours dans le milieu culturel kabyle, pourraient, après avoir vu mon nom dans une revue préfacée par Khalida Toumi, Ministre de la culture, croire que j’ai corrompu ma dignité.
Cette revue a été distribuée au public qui a assisté au concert de Cherif Kheddam au Zénith de Paris.



Je ne veux ni polémiquer, ni régler des comptes ni m’exhiber. Je ne veux pas adopter la posture du résistant indigné ni, en intervenant publiquement, me donner une importance mégalomaniaque. Je me sens simplement, en dépit de mes précautions, piégé et avili et je ne veux obéir qu’à ce seul impératif, la fidélité à soi et à cette chose insignifiante qui ne regarde que notre conscience : la dignité ; cette dignité qui est celle de centaines de milliers d’anonymes, hommes et femmes, lettrés et analphabètes.

Il m’a été demandé par Tahar Boudjellil (le producteur de Cherif Khedam) et par Saïd Yahya Cherif (chargé d’organiser le concert du chanteur au Zénith) de réaliser un travail de traduction sur une dizaine de textes. Je n’ai vu le producteur Tahar Boudjellil qu’une fois, tout le travail de négociations et de précisions éditoriales ayant été mené avec Saïd Yahya Cherif.

Compte tenu des enjeux symboliques que représente un artiste aussi estimé que l’est Cherif Kheddam, j’ai posé des questions explicites à Saïd Yahya Cherif sur le rôle éventuel des institutions algériennes dans le financement de la revue. J’ai explicitement indiqué qu’il ne me serait en aucune manière possible de participer à sa rédaction si des officiels s’y exprimaient. À cet égard, les réponses de Saïd Yahya Cherif ont été aussi rassurantes que mes interrogations inquiètes. Il m’a assuré que lui-même ne visait à rien comme à "protéger (sic) Da Cherif" des tentatives de récupération par les représentants du régime algérien. Pour me garantir que notre travail s’effectuerait en dehors de toute accointance avec les représentants du gouvernement, il a fait prévaloir son parcours, ses positions maintes fois et publiquement réitérées en faveur de la Kabylie.

J’insiste bien ici sur l’expression de mon attitude de refus catégorique à l’idée d’un patronage culturel venant du gouvernement algérien. Expression à laquelle Saïd Yahya Cherif a souscrit de façon répétée : il n’était pas un seul instant concevable que la Ministre de la culture puisse apporter quelque contribution que ce soit à ce projet de revue.

Or, entre les fois (au moins trois) où nous avons parlé du contenu éditorial et le samedi 17 décembre 2005 (jour où m’a été donné le magazine), un changement, qui trahissait les engagements pris, s’est produit. La revue est désormais, sans que j’en aie été informé, placée sous l’égide de Khalida Toumi, Ministre de la culture. Ce qui signifie que j’aurais travaillé sous la responsabilité et les orientations éditoriales de cette dernière.

Bien que j’aie pris soin de préciser les conditions de mon intervention dans cette revue, Saïd Yahya Cherif, en ne respectant pas ses engagements moraux vis-à-vis de moi, me place en contradiction scandaleuse avec les valeurs dans lesquelles je crois. Je suis un simple citoyen, démocrate, laïque, amazighiste. J’ai eu honneur de bénéficier de l’amitié et surtout de la confiance de Lounès Matoub. Je suis fidèle au message des morts qui nous ont transmis l’amour de la culture kabyle, de la démocratie, du progrès social, c’est-à-dire de la vie, mais de la vie émancipée.


Yalla Seddiki



Yalla Seddiki a notamment publié des textes dans les revues Polyphonies, Souffles et Triages ; a travaillé plusieurs fois avec Lounès Matoub pour des traductions ; a préfacé est traduit le recueil de Lounès Matoub, Mon nom est combat, Paris, La Découverte, 2004 ; il prépare un dossier sur la Kabylie pour une revue importante.

Messages

  • Je vous rassure M SEDDIKI : vous n’avez pas été le seul dindon de la farce. J’en ai été un également. Et pourtant, combien de fois avais-juré qu’on ne m’y reprendrait plus. J’ai, comme vous, pour principe de m’émanciper de la tutelle de ceux qui nous humilient sans cesse. Oui, j’ai été au Zénith croyant sincèrement rendre tajmilt à Chérif KHEDDAM. Oui, j’ai reçu la brochure qui a été distribuée à l’entrée. Il est vrai que je n’avais pas eu le temps de la lire de suite pensant le faire plus tard, mais j’avais été tout de même intrigué par le fait que cette brochure s’appelait “ wech”. En arrivant chez moi, j’étais pressé d’en prendre connaissance et d’apprendre un peu plus sur le monument de la chanson kabyle qu’est Chérif Kheddam.
    J’ai cru tomber des nues : la brochure avait été préfacée de Khalida TOUMI, ministre de la culture dans un kabyle incompréhensible et n’obéissant à aucune transcription connue. Qui était donc derrière cette ènième supercherie ? Est-ce que Chérif Kheddam l’avait cautionnée. Si oui, je conclurais que j’avais été trompé par une publicité mensongère sur la marchandise. Cherif Kheddam devrait savoir que les 6000 personnes présentes ne se seraient pas déplacées si elles étaient au courant de ce coup fourré.
    Par ailleurs, l’information que vous nous livrez sur l’attitude de Said Yahia Chérif est on ne peut plus troublante. Etait-il dans le coup ? Nom d’une pipe, pourquoi avoir confié à Beur FM l’animation de cette soirée alors que BRTV l’aurait fait avec plus de professionalisme et plus de kabylité. Tout compte fait, tout indique que l’organisation et les moyens de communication mis en branle ont été concoctés en haut lieu. N’était-ce pas une tentative de plus de réhabiliter un régime honni aux yeux des Kabyles ? Vous devriez savoir qu’on peut tromper une personne plusieurs fois, tout le monde une fois mais jamais tout le monde tout le temps. L’hommage que j’étais parti rendre à Chérif Kheddam, sauf démenti par voie de presse, je préfèrerais le rendre à Tahar Djaout, auteur de cette citation. Qu’il repose en paix.
    P.S. : je trouve quand même bizarre que kabyle.com ait supprimé l’article de M. Yalla SEDDIKI ci-dessus même pas une journée après sa publication.

    • BRTV n’en demandait pas moins, mais malgré toutes les courbettes des reszponsables de BRTV (censure, autocensure, manque de critique du régime algérien) cette chaîne ne peut pas plaire aux généraux. La preuve, BRTV a été écartée de la couverture médiatique des élections locales kabyles de fin 2005. Pour Cherif Kheddam, l’Etat algérien a vu les choses en grand, il a choisi Beur FM.

  • Je partage parfaitement l’indignation de Yalla Seddiki dont, par ailleurs, j’apprécie beaucoup les compétences scientifiques.

    Le pouvoir assassin fait de la récup tous azimuts.

    Il facilite la tâche pour certains artistes qu’il juge moins virulents (ou plus concilants) à son égard pour mieux baillonner les autres.

    Ce n’est pas Ferhat ou Agraw qui peuvent se produire dans une salle à Alger, la plus modeste soit-elle. Quant à Takfarinas il attend toujours de faire sa tournée en Algérie.

    Nos artistes doivent être vigilants par rapport à cette manoeuvre du pouvoir. La neutralité n’est pas de mise.

    La chanson kabyle ne peut pas être une chanson pour passer le temps, insipide et anesthésique. Elle doit poser les problèmes que vivent les Kabyles aujourd’hui, comme l’a fait la chanson de Slimane Azem, Zerrouk Allaoua et ElHasnaoui dans son temps.

  • tant qu’il y’a et tant qu’il y’aura des hommes comme monsieur yalla seddiki il y’a de l’espoir bonne continuation
    faite tres attention l’algerie n’aime pas les hommes de abane a matoub combien d’hommes .......

  • Yalla, je te crois et t’es toujours connu avec cette probité.

  • Azul,
    Je tiens à apporter mon soutiens inconditionnel à yalla sachant sa probité, sa sincerité et sa compétance scientifique en le cotoyant à l’époque au sein de l’association des amis de lounes matoub, c’est une personne intègre qui se consacre principalement à ameliorer l’état de notre cause identitaire. Bon courage a yalla.
    ps:je tiens à saluer le travail des pioniers de tamazgha en l’occurence massin et said chemakh et les autres.

  • cher monsieur yalla seddiki
    je suis jean-marie bouchain je viens d’envoyer sur internet, GRATUITEMENT, mon livre A PROPOS DE CERTAINS KK (KABYLO-KABYLES) DE PARIS ET D’AILLEURS, je consacre un chapitre à SYC Saïd Yahia-Cherif
    on peut me le demander gratuitement à partir de mon e-mail : nanogou95@yahoo.fr
    salutations jean-marie bouchain