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Akal répond au gouvernement tunisien
lundi 17 juin 2019, par
Le 11 juin 2019, une page Facebook au nom de "Services des relations avec les instances constitutionnelles, de la société civile et des droits de l’homme à la présidence du gouvernement" (@MRICSCDH), qui appartiendrait donc au gouvernement tunisien, a publié un communiqué, en arabe, par lequel elle fait savoir qu’il n’existe aucun parti politique nommé "Akal" et nie le dépôt d’un quelconque dossier au sujet de ce parti.
Les dirigeants d’Akal qualifient ce communiqué Facebook de mensonger et s’étonnent qu’un Etat fasse appel à un réseau social pour communiquer.
Le parti Akal déclare qu’il a déposé son dossier, dûment enregistré par les autorités tunisiennes, en date du 13 avril 2019. Une conférence de presse s’est tenue le 6 mai pour annoncer publiquement la constitution du parti Akal.
Le gouvernement tunisien use du mensonge et semble vouloir priver des citoyens tunisiens d’exercer un droit fondamental qu’st celui de s’organiser en parti afin de participer à la vie politique du "pays".
Avec cette manœuvre l’Etat tunisien vient de donner la preuve qu’il est anti-amazigh et qu’il n’est pas prêt d’admettre l’existence d’un parti amazigh, d’un parti qui met le doigt sur une question essentielle en Afrique du nord : la question identitaire.
L’Etat tunisien peut verser dans ces méthodes, dignes de systèmes voyous, mais il peut compter sur la détermination des initiateurs et militants de ce parti dont l’objectif est clair.
En effet, ce n’est pas du jour au lendemain qu’une voyoucratie puisse se transformer en république !
Le parti Akal a rendu public un communiqué par lequel il apporte toutes les précisions quant à cette question de dépôt de dossier auprès des services du gouvernement tunisien ce qui contredit les propos du gouvernement. Par ailleurs, Samir Nefzi a accordé un entretien à l’émission radiophonique "Awal n Imaziɣen" dans lequel il a apporté des précisions à ce sujet.
Cette attitude de l’Etat tunisien laisse craindre une éventuelle répression au sein des milieux militants amazighs en Tunisie. L’Etat tunisien ne semble pas être prêt à accepter l’expression amazighe et la remise en cause de la politique arabiste basée sur la négation de l’Amazighité de l’Afrique du nord. Et comme le langage préféré, et le seul maîtrisé, par cet Etat - à l’instar de l’ensemble des autres Etats en Afrique du nord - étant la violence et la répression, il n’est pas exclu d’assister à des arrestations et des actions de répression en Tunisie. La mobilisation et la vigilance sont de mise !
Nous publions ci-après l’entretien audio de Samir Nefzi ainsi que le communiqué du parti Akal.
La Rédaction.
COMMUNIQUE
Après la publication d’un message sur Facebook dans une page portant le nom de « Services de relations avec les instances constitutionnelles, de la société civile et des droits de l’homme à la présidence du gouvernement », dans lequel il a été déclaré qu’aucune demande des fondateurs officiels du parti AKAL n’a été reçue par la présidence du gouvernement, et nie l’existence de tout élément juridique au nom du parti politique « AKAL ». A ce sujet, le mouvement amazigh tunisien AKAL annonce à l’opinion publique :
– Nous déplorons que le gouvernement fasse appel à Facebook pour répondre à la déclaration de création d’un parti politique, ce qui témoigne de l’état de faiblesse de l’État en raison de la politique du gouvernement et de la faiblesse de ses techniques en communication qui paraissent défaillantes. L’État tunisien dispose pourtant d’institutions officielles pour traiter avec les corps politiques et citoyens de manière générale.
– Nous condamnons avec force l’attitude du gouvernement tunisien qui fait appel au mensonge qui nuit à la crédibilité de l’Etat auprès de l’opinion publique, aussi bien au pays qu’à l’étranger. Les services du gouvernement nient avoir reçu le dossier du parti AKAL alors que nous détenons les preuves et documents officiels attestant de nos démarches.
- Nous déplorons également la teneur des propos du communiqué du gouvernement qui semble être une réponse à ce qui a été diffusé dans les médias et les sites de réseaux sociaux : cela confirme la perte de toute crédibilité par le gouvernement qui fait appel aux méthodes de l’ancien système pour trancher sur l’approbation ou non d’un parti politique.
– Le dossier du parti AKAL est envoyé au services du gouvernement le 13 avril 2019 ; le parti a tenu une conférence de presse le 6 mai 2019, et depuis cette date les médias nationaux et internationaux ont apporté à la connaissance de l’opinion l’avènement du mouvement AKAL. Le gouvernement, de son côté, n’a pas répondu ni réagi et a attendu le délai de deux mois accordé par la loi aux déclarations d’organisations politiques. En effet, au terme de ce délai, et sans réponse des services du gouvernement, le parti concerné peut agir en toute légalité. Par son attitude, le gouvernement affiche une volonté délibérée d’empêcher tout renouvellement et toute innovation au sein de la société tunisienne.
– Nous tenons à assurer tous les dirigeants du Mouvement AKAL, ses membres et ses partisans ainsi que l’ensemble des Amazighs que nous sommes engagés dans nos luttes pour l’aboutissement de notre juste cause ; nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre nos luttes sur cette voie quelles que soient les difficultés et les entraves.
– Le parti AKAL a également l’intention d’envoyer une délégation pour rencontrer des représentants du gouvernement pour demander des explications quant à la validité de la publication parue sur Facebook en tant que communiqué du gouvernement afin de que nous puissions déterminer les démarches judiciaires à entreprendre et, le cas échéant, les démarches internationales que nous serons contraints d’entreprendre si le gouvernement vient à confirmer son refus d’autoriser à AKAL de participer à la vie politique en Tunisie.
Il n’échappe à personne que cette distorsion administrative et les ramifications bureaucratiques exprimées dans le communiqué paru sur Facebook dont les auteurs prétendent avoir un mandat gouvernemental leur permettant d’examiner les dossiers des partis politiques, ne sont qu’une partie de la pathologie administrative suscitée par la politique gouvernementale et instrumentalisée par l’État pour liquider ses opposants.
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Longue vie à Tamazgha
Vive les Amazighs
Tunis, le 14 juin 2019
Le Bureau politique du mouvement AKAL
Le Président : Samir NEFZI
Contacts :
Mouvement AKAL – Tunisie
E-mail : mouvementakal@gmail.com
Page Facebook : @ akalmouvementofficiel
Dans l’entretien audio, Samir Nefzi a eu à répondre aux questions suivantes :
1) L’Etat tunisien a publié un communiqué sur la page Facebook de l’un de ses services pour dire qu’il n’a jamais reçu un quelconque dossier venant d’un parti appelé AKAL. Est-ce vrai ?
2) L’Etat tunisien dit que le parti Akal n’hésite pas, C’est juste une invention de certains sur les réseaux sociaux...
3) Certains tunisiens également, certains se disent même intellectuels, vous critiquent et disent que les Amazighs sont une minorité qui représente rien en Tunisie. Comment expliquer ce mépris et ces propos anti-amazighs et racistes ?
4) Ne pensez-vous pas que l’état tunisien sera tenté d’utiliser son institution judiciaire pour réprimer les militants d’Akal ?
5) ...car on peut déduire d’après son communiqué qu’il veut interdire AKAL...
6) Que comptez-vous faire en réaction à ce communiqué de l’état tunisien ?
