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Déclaration de l’AG de décembre 2002
samedi 6 décembre 2003, par
Depuis avril 2001, la Kabylie connaît une situation quasi insurrectionnelle. Le pouvoir en place a entendu pacifier la région dans un bain de sang et faire qu’une fois pour toutes, la Kabylie capitule. La violence et la cruauté de l’agression subie par la Kabylie est gravée dans nos esprits. L’association TAMAZGHA demeure solidaire des luttes kabyles.
Cette expression politique de la Kabylie reste toutefois gênante pour les Etats européens. Récemment, l’Union Européenne a conclu un contrat d’association avec le gouvernement algérien alors qu’au même moment, celui-ci condamnait la Kabylie au silence et à la mort. En exprimant leur soutien au pouvoir assassin d’Alger, les Etats européens, la France en première ligne, engagent leur responsabilité aux yeux du peuple amazigh de Kabylie.
La France, convaincue d’être le “berceau des droits de l’homme”, s’autorise pour autant certains écarts lorsqu’il s’agit de soutenir le pouvoir dictatorial algérien. En guise de caution, le gouvernement français s’apprête à organiser une grande “année de l’Algérie en France”. Il s’agit principalement de faire la promotion du régime d’Alger en réduisant l’opposition qu’il serait susceptible de susciter. Au surplus, la France ne serait-elle pas tentée de participer à l’arabisation des jeunes berbères scolarisés dans l’Hexagone en ce qu’elle leur recommande l’apprentissage, dès le primaire, des langue et civilisation arabes jugées être leurs langue et civilisation d’origine. Les tergiversations des différentes équipes gouvernementales françaises qu’elles soient de gauche ou de droite sont, on ne peut plus instructives sur le poids de l’Etat algérien sur la vie politique française. De plus, la tentation reste grande de définir les Berbères comme étant une composante d’une communauté plus large qui serait la communauté musulmane de France. Une telle approche est à déplorer. L’association TAMAZGHA rejette cette catégorisation assimilationniste. Les Berbères n’entendent pas se définir par rapport à une religion, quelle qu’elle soit sinon à se référer à leurs langue, culture et identité.
Aussi, l’association ’TAMAZGHA soutient toute initiative qui ira dans le sens des intérêts du peuple amazigh (berbère). Ainsi, elle demande depuis près de dix ans la prise en charge d’un enseignement du berbère en France comme langue vivante pour ceux qui souhaitent l’apprendre. TAMAZGHA est également solidaire des milliers de Kabyles fuyant le pouvoir d’Alger et débarqués en France, cherchant asile.
TAMAZGHA assure son appui au projet d’une “Maison de la culture berbère à Paris” initié par le Professeur Salem CHAKER. Ce projet, tant attendu dans cette capitale berbère qu’est Paris, donne toute sa place à la culture berbère. Nous sommes convaincus que Salem CHAKER saura garantir au projet toute son indépendance et sa neutralité.
Enfin, l’association TAMAZGHA souhaite mieux que jamais renouveler ses objectifs initiaux par lesquels elle s’engage à promouvoir la culture berbère et à contribuer à la défense des droits des Imazighen. Ainsi, elle dénoncera toutes les atteintes portées au peuple amazigh, à sa dignité et ses intérêts. Dans cette mesure, elle se doit de condamner les dernières arrestations de nombreux militants kabyles par l’Etat algérien. De même qu’elle dénonce les manœuvres de la monarchie marocaine quant à l’installation de l’IRCAM (Institut royal pour la culture amazigh) censé permettre l’introduction du berbère dans le système scolaire marocain alors qu’aucune mesure constitutionnelle d’officialisation n’a été prise à ce sujet. De même, elle dénonce la confiscation du ’Congrès mondial amazigh (CMA) pour des intérêts occultes.
Depuis dix ans déjà, l’association TAMAZGHA s’illustre dans son combat pour la berbérité et s’est sans cesse engagée à œuvrer main dans la main avec tous ceux et toutes celles qui partagent ses objectifs. Elle continuera, ainsi, à militer pour la promotion et le développement des langue et culture berbères. Mais aussi pour contribuer au combat des Imazighen (Berbères) pour le recouvrement de leur souveraineté sur leur Terre, Tamazgha.
Paris, le 28 décembre 2002