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La commission Stasi plaide pour l’enseignement du berbère en France
mardi 23 décembre 2003, par
COMMUNIQUE
La commission Stasi plaide pour l’enseignement
de la langue berbère en France
Le Président de la République française avait confié, le 1er juillet 2003, à M. Bernard Stasi, Médiateur de la République, la mission de présider la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République.
Bernard Stasi a rendu son rapport jeudi 11 décembre 2003. Immédiatement, les esprits se sont embrasés s’agissant des propositions visant, d’une part, à l’introduction de jours fériés supplémentaires correspondant aux fêtes juive et musulmane et, d’autre part, à l’interdiction par la loi du port de signes religieux "ostensibles" à l’école. En somme, seule la question du voile et, au-delà, celle de l’Islam ont marqué les réactions. Pourtant, la commission Stasi s’est efforcée d’ouvrir d’autres perspectives en se saisissant de problématiques qui sont au cœur même du débat sur la République et l’école. Ainsi, il a été question, dans ce rapport, de la lutte contre les discriminations induites par les politiques publiques relatives à l’éducation nationale.
En effet, le rapport Stasi revient sur l’enseignement des langues étrangères en posant d’emblée la double question : quelles langues pour quel enseignement ? Aujourd’hui, seules les langues officielles sont enseignées en vertu d’accords bilatéraux prévoyant un enseignement des langues et cultures d’origine (ELCO) aux enfants de l’immigration. Faisant preuve d’une heureuse clairvoyance, la Commission Stasi a considéré que cette situation porte en elle les germes d’une discrimination. Car, le système, tel qu’il est, induit une différence de traitement entre les enfants de l’immigration eux-mêmes : les ressortissants de peuples non reconnus dont les langues n’ont aucun statut officiel dans l’Etat d’origine ne bénéficient pas du dispositif ELCO. Dès lors, Bernard Stasi estime nécessaire, pour mettre fin à cette discrimination rampante, que des langues "non étatiques", lorsqu’elles ont un nombre de locuteurs suffisant en France, puissent être enseignées. Sur ce fondement, précise le rapport Stasi, la langue berbère est éligible à être enseignée en France.
L’association Tamazgha, qui œuvre pour le développement et la promotion des langue et culture berbères, salue cette position en faveur de la langue berbère.
L’association Tamazgha appelle de ses vœux les autorités françaises, et en premier chef, le Président de la République, à suivre les recommandations de la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République concernant l’enseignement de la langue berbère.
Paris, le 13 décembre 2003.