Accueil > Actualité > La Une > Et si nous amnistions les militaires ?
Affaires algériennes
Et si nous amnistions les militaires ?
par SID-LAKHDAR Boumédiene
samedi 1er octobre 2005, par
D’une seule voix, a-t-on entendu le chant de l’unanimité et de la compassion collective. Tous, pas un des icônes de l’ère soviétique ne manquait à l’appel des médias gouvernementaux. L’ouvrier, le paysan, la ménagère, l’écolier et le retraité, tous ont chanté, qui devant un micro, qui devant une caméra le couplet tant appris et tant répété comme notre leçon de récitation sur les bancs de l’école d’antan.
Alors je dis qu’il serait dommage de briser ce tableau, ces louanges et ces épanchements de miséricorde. Allons jusqu’au bout et profitons-en pour amnistier les responsables de la plaie originelle. Eux qui sont et restent à l’origine de tous nos malheurs et troubles. Je pose donc la question, pourquoi le pardon aux autres et pas envers eux ? Ce serait faire preuve d’injustice ou de compassion à deux vitesses.
C’est le moment où jamais pour que l’esprit de pardon se manifeste envers ce qui est inexcusable. Puisqu’il y a un tel esprit de réconciliation, c’est bien le moment de tendre la main généreuse envers ceux qui ne nous l’ont jamais tendu sinon pour de coupables dessins.
Reprenons un à un les arguments de ce débat et déclinons les à la situation que je propose. Trop horribles, les crimes ! Diront certains, nous avons vu père et fils mutilés et disparaître. Comment pourrions-nous pardonner ? C’est pourtant bien ce que propose la loi d’amnistie. Dans cette logique, pourquoi ne s’étendrait-elle pas aux militaires ?
Trop tard ! Diront d’autres, ils ont eu toutes les occasions du repentir et ne les ont jamais saisies. Trop facile de venir maintenant réclamer le pardon dont ils auraient peut-être bénéficié après leur premier égarement. C’est bien là pourtant un point acquis par la loi d’amnistie.
« Pardonner ? Mais encore faut-il que les coupables viennent demander pardon » déclarait au journaliste étranger une mère de famille, effondrée par la disparition de son fils. Nous n’en avons pas vu beaucoup se présenter au jugement des familles et demander humblement le pardon, la loi les en exonère.
Qu’ils vivent, respirent et qu’ils profitent de la société alors que l’être cher nous a été arraché ! C’est tout simplement insupportable ! Diront la plupart de ceux qui ont refusé de voter. C’est pourtant ce qui va se passer, la barbarie aura un quitus moral par la validation du référendum.
Alors pourquoi ne pas finir le travail d’unité et de concorde nationale en abrogeant les crimes des militaires ? Pourquoi ne pas s’atteler à l’autre dossier de concorde nationale et créer les conditions de fraternité avec nos frères et compatriotes berbérophones ? Et pourquoi ne pas pardonner les fortunes illégitimes acquises au prix du sang ?
Non, vraiment, je ne comprends pas pourquoi nous amnistions certains et pas les autres. Et si l’un des lecteurs venait à me rappeler le clivage entre les éradicateurs et les dialoguistes pour m’en faire grief, je lui répondrai qu’il y a eu un gros malentendu que l’accès sélectif des médias gouvernementaux a créé.
Je trouve aussi choquant ce solde de tout compte pour une barbarie et encore plus révoltant qu’elle ne s’adresse pas à une autre, pourtant à l’origine de tout.
SID-LAKHDAR Boumédiene
Enseignant.
Autres articles de l’auteur :
– "Négocier" n’est pas "aimer" !
– Je dénie ce droit à Hand Sadi !
– Mohammed Samraoui : "Chronique d’un repenti, fonctionnaire du crime"
– Mascarade électorale algérienne : Les urnes du mépris
– 8 avril-20 avril : deux dates, une rupture.
– La ligne rouge du débat sur la Kabylie.
– Nous sommes également des éradicateurs, M. Ouyahia !
– Un 5 juillet avec nos frères de Kabylie.
– Les démocrates sont ailleurs !
– Un puzzle sans image
– 5 juillet...
– "Les amis de mes amis sont mes ennemis" selon Mohamed Benchicou.
Messages
1. > Et si nous amnistions les militaires ?, 2 octobre 2005, 18:06, par mak
http://www.anp.org/tortionnaires/Mhenadjebbar.htm
« Le pouvoir algérien récompense les officiers criminels de la sale guerre »
Même les symboles de l’Histoire ne sont pas épargnés !
Ce 5 juillet, date hautement symbolique de l’indépendance, a été souillé par la promotion au rang de général du sinistre Mhenna Djebbar. Encore une insulte, à la mémoire des hommes qui ont rendu possible le miracle du premier novembre ; Encore une injure, à la mémoire des 250.000 victimes de la sale guerre ! Encore un outrage á l’Armée Nationale Populaire de devoir désormais compter dans ces rangs un autre odieux général qui s’était acharné contre les Algériens à l’instar des Nezzar, Touati et Lamari pour ne citer que les plus illustres ! Cette promotion n’a en fait rien de surprenant, elle ne fait que confirmer la logique du pouvoir qui glorifie le bourreau de milliers d’Algériens qui ont eu le malheur de tomber entre ses griffes.
En dépit de quinze années sanglantes, le mépris voué aux citoyens qui assistent impuissants à la destruction et au démantèlement systématique de la société algérienne est criard et se traduit au quotidien par les ignobles manigances, les gesticulations des plus sordides telles que la gratification des criminels, La corruption effrénée de la classe politique, la soumission des médias, la manipulation des masses, la rétribution des médiocres et des incompétents, l’encouragement du vice et de la perversion, l’avilissement de la justice, la répression féroce de toute contestation, les luttes claniques pour l’accaparement de la rente avec un partage inéquitable des richesses… Cet acharnement sans limites qui vise à désarticuler toutes les structures sociales, n’est que le signe avéré de la volonté de ces imposteurs de vouloir à tout prix pérenniser ce système mafieux qui a conduit le pays à la catastrophe depuis 1962.
La farce démocratique de 1989, interrompue quelques années plus tard par le putsch militaire de janvier 1992, a été habilement améliorée, mais il n’en demeure pas moins que cette pseudo démocratie sert de façade pour légitimer toutes sortes d’abus. Pour preuve, il suffit de constater le harcèlement permanent que subissent certains journalistes, sans parler des représentants des droits de l’Homme et des organisations qui revendiquent la vérité sur les disparus (pour ne citer que ceux-là). Il suffit juste de recenser l’ampleur des interdits qui pèsent sur certaines formations politiques qui luttent pour un changement réel pour mesurer la détermination des barons qui ont mis main basse sur l’Algérie.
En revanche quel changement espérer avec ce paysage politique où se côtoient des partis satellites, domestiqués, simples figurants (à l’image de l’UDR) qui ont l’insolence d’afficher leur allégeance au DRS ? Il est vain et insensé d’espérer qu’un quelconque changement puisse venir de cette classe politique sclérosée et désuète, enfermée sur sa logique vassale.
En réalité, seule une force populaire unifiée renversera ce régime criminel ! C’est par la prise de conscience de sa foi, de sa volonté, de ses capacités que le peuple algérien mettra fin à l’injustice, chassera les tortionnaires, ces géniteurs de terrorisme, ces gangsters qui prennent en otage tout un peuple par le biais du cabinet noir dirigé par des usurpateurs, à leur tête Larbi Belkheir, ses camarades DAF et leurs sbires.
On ne peut que s’interroger sur les raisons qui poussent le pouvoir a multiplié les compromissions et concessions, allant jusqu’à hypothéquer les richesses du sous sol et brader la souveraineté nationale pourtant chèrement acquise par le sacrifice d’un million et demi de martyrs. Que signifie cette ouverture économique ? Pourquoi cette volonté d’attirer les investissements étrangers alors qu’aucune réforme économique sérieuse n’ait été engagée ?
En réalité, il ne s’agit que d’une superposition de rôles ; A la force de l’arme s’est substituée la puissance financière. Les mêmes vieux et indéboulonnables acteurs se sont arrogés de nouveaux rôles, comme par exemple le général Mohamed Lamari qui par dessus son costume de militaire a enfilé le costume du businessman, gardant ainsi comme la plupart de ses pairs, un œil rivé sur l’armée et l’autre sur les affaires.
Les nouveaux travestis cherchent à s’offrir ainsi un habit de respectabilité sur la scène politique internationale dominée par le libéralisme sauvage. En jouant sur le double tableau militaire et économique, les supplétifs de l’armée coloniale ne retrouvent que leurs réflexes du passé. Plaire au maîtres du monde et écraser leurs propres administrés.