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Tweet en tifinagh du GNA : clarifications de Fethi n Khlifa.
jeudi 23 avril 2020, par
Suite à l’accusation gratuite lancée par Ahmed Almasmari, Porte-parole officiel du commandement des Forces armées arabes libyennes, dirigées par le va-t-en-guerre Khalifa Haftar, présentant des combattants de Zouara comme de vulgaires mercenaires turcs, le ministre de l’intérieur du GNA [1], Fathi Bashagha, réagit sur son compte Tweeter avec un message écrit en tifinagh et par lequel il rappelle à Elmasmari que l’armée libyenne, la vraie, est constituée de jeunes venus de tous les coins de la Libye, des jeunes qui affrontent avec bravoure les milices de Haftar pour défendre leur Terre.
En effet, il est certainement de bonne stratégie de faire un tel geste envers les Amazighs, notamment en jouant sur l’une de leurs fibres sensibles qui est le Tifinagh. Ce geste de tweeter en tifinagh, par un membre du gouvernement de Saraj, intervient à un moment où les forces armées amazighes d’At-Willul et d’Adrar n Infusen ont rejoint officiellement la guerre pour combattre les forces de Haftar et réalisent des victoires inattendues pour le GNA sur les forces du criminel Haftar.
Pour rappel, cette entrée en guerre des Amazighs intervient suite aux frappes aériennes effectuées par des drones des Emirats arabes sur la ville de Fessatu (Jadu), à Adrar n Infusen, faisant huit victimes parmi les jeunes combattants de cette ville amazighe. [2] Ainsi, le 14 avril, lors des funérailles des victimes de la frappes aériennes, les combattants de Jadu ont promis à Haftar de lui montrer ce que valent les Amazighs de Jadu. Ils l’ont rassuré également que les Amazuighs iront traquer ses forces jusqu’à Tarhouna et Kofra. Dès le lendemain, le 15 avril, des brigades notamment de Zouara se dirigent vers Tripoli et le recul des forces de Haftar a commencé. Ilfaut rappeler également que le 13 avril au matin, alors que des brigades armées d’At-Willul avaient participé à l’attaque des villes de Sabrata et Sorman, près de Zaouia à l’ouest de Tripoli, alors que d’autres brigades, toujours des forces armées d’At-Willul, ont effectué des opérations de démantèlement de milices madkhalistes armées par Hafter et qui ses ont introduites dans les cinq villes arabophones qui entourent Zouara et dont les populations sont majoritairement favorables à Haftar. [3]
Cette entrée en guerre des Amazighs, dès le 15 avril, ayant très vite infligé des pertes considérables dans les rangs des Forces armées arabes libyennes de Khalifa Haftar ont conduit ce dernier à contre-attaquer notamment par des propagandes visant à mobiliser l’opinion en sa faveur. L’une de ces propagandes consistait à dire que ceux combattaient contre lui étaient des mercenaires turcs ou autres enrôlés par la Turquie [4]. A supposer que ces mercenaires turcs étaient présents en Libye, ce qui n’est pas exclu vu ce de quoi est capable l’islamiste Erdogan qui soutient le GNA, mais il se trouve que les services de propagande de Haftar illustrent leur propagande par une vidéo montrant des combattants de la Brigade des martyrs du 31 mars de Zouara en plein combat et s’exprimant en tamazight. Le post Facebook de Mesmari, Porte-parole officiel du Commandement des Forces armées arabes libyennes [5], le 20 avril, ainsi que l’annonce faite le 22 avril par la chaîne de télévision arabe AlHadath [6] qui diffuse la même vidéo [7]. La présentatrice cette chaîne parle même d’usage de la langue turque et de présence de mercenaires étrangers combattant aux côtés des forces du Gouvernement d’entente nationale (GNA).
Et comme dirait l’autre, "ceci explique cela". C’est là que ce ministre du gouvernement de Saraj intervient sur son compte Twitter, le 22 avril, pour répondre aux propos mensongers des services de propagandes de Haftar. Le site arabophone de la chaîne américaine CNN a également évoqué cette question dans une publication datée du 22 avril. L’article rapporte que le porte-parole de l’armée de Hafter, aurait fait savoir que des mercenaires turcs combattaient aux côtés des force du GNA dans des batailles près de Tripoli, ce qui a provoqué une polémique en Libye, notamment lorsque l’opinion s’est rendu compte que les combattants qui apparaissent sur la vidéo diffusée ne sont autres que des libyens, Amazighs.
Que ce ministre du gouvernement Saraj clarifie les choses et réponde à la propagande du criminel et raciste Haftar, cela est la moindre des choses, faudrait-il le faire de manière beaucoup plus que conséquente que par un simple Tweet, combien même il est écrit en tifinagh. Mais faudrait-il aussi rappeler que ce gouvernement dit d’entente nationale, certes reconnu par les Nations unies, n’est pas vraiment l’ami des Amazighs, un gouvernement que les Amazighs ne reconnaissent pas dans la la mesure où il ne répond pas à leurs exigences au sujet de l’Amazighité. Aussi, les véritables positions de ce ministre en personne qui seraient en contradictions avec ce que les Amazighs exigent pour l’Etat libyen qu’ils veulent un Etat qui ne soit ni entre les mains des militaires ni entre les mains des religieux et qu’il soit respectueux de la diversité culturelles, linguistique et ethnique de la Libye.
Pour clarifier les choses et ne pas laisser l’occasion aux ennemis des Amazighs de Libye, y compris dans les milieux "amazighs", nous publions la réaction de Fethi n Khlifa, président du parti politique libyen Libu, à ce fameux Tweet de Fathi Bashagha, ministre de l’intérieur au sein du Gouvernement d’entente nationale (GNA).
La Rédaction
Réaction de Fethi n Khlifa :
De la part de Fathi Benkhlifa [8] à Fathi Bashagha.
En mon nom personnel, et non au nom de l’organisation politique que je représente, je tenais à vous dire ceci :
Vous vous êtes engagé dans la vie politique libyenne depuis 2011. A ce titre, je ne vous ai jamais entendu (ou entendu quelqu’un dire) que vous revendiquez un Etat civil dans sa définition précise, à savoir qu’il ni militaire, ni théocratique et ni “racial”.
Je n’ai jamais entendu votre position vis-à-vis de la “farce” du processus constitutionnel et ses aboutissements à caractère racistes et sectaires. Vous n’avez jamais pris position quant à notre boycott de la “mascarade” de la constitution et la “comédie” de la Commission de la constitution.
Je vous ai vu même faire l’éloge des forces de l’“Armée Arabe” de Haftar et le rôle patriotique qu’elles jouent dans “le sud”.
Aujourd’hui, je vous vois faire usage d’une langue qui n’est pas la langue de l’Etat et d’utiliser des mots qui sont inconstitutionnels. Dans un tweet, vous écrivez que “le temps des dictatures est révolu ?” Qui croire ?
Pourriez-vous nous faire part de votre position personnelle avant d’être ministre, de manière franche et sans détours politiciens ?
Auriez-vous l’audace d’annoncer, mais pas dans un tweet, que vous n’adhérez qu’à l’idée d’un Etat civil qui ne soit ni militaire ni théocratique et ni racial ? Pourriez-vous affirmer publiquement que vous n’accepterez qu’un Etat basé sur la citoyenneté, l’égalité entre tous les Libyens sans aucune distinction raciale, linguistique ou régionale ?
Répondez-moi clairement à ces questions. Ce n’est qu’à ce moment-là, et à ce moment-là seulement que nous pourrons oublier le passé.
A ce moment-là, nous vous regarderons et vous écouterons, mais pas en "tweetant" de manière aléatoire.
Fethi n Khlifa.
Contenu du Tweet du ministre de l’intérieur du GNA :
[rouge]« ⴰⴷⴼⵔⵉⵔ ⴰⵔⴰⴱ ⴰⵍⵉⴱⵉ »
ⵖⵔ ⴰⵎⵎⵉ ⵓⵍ ⵙⵉⵏⴻⵏ-ⵛ ⴷ ⴰⴷⴼⵔⵉⵔ ⵏ ⵍⵉⴱⵢⴰ ⵢⵙⵙⵓⵔ ⴷⵉⵙ ⵉⵎⵥⵢⴰⵏⴻⵏ ⵏ ⵍⵉⴱⵢⴰ ⴰⴽⴽ.
ⴹ ⵏⵜⵏⵉⵏ ⴰⵍⴰ ⵓⵥⴹⵏ ⵉⴷⵎⴰⵔⵏ ⵏⵙⵏ ⵉ ⵍⴼⵓⵛⵉ-ⴽ ⴷ ⵢⵉⴷⴰⵎⵎⵏ ⵏⵙⵏ ⵙⵙⵓⵔⵏ ⴰⴼ ⵜⵎⵓⵔⵜ ⵏⵙⵏ ⴰⴱⴰⵛ ⴰⴷ ⴱⴷⴷⵏ ⴳ ⵡⵓⴷⵎ ⵏ ⵓⵍⴱⴹⵓ
« Adefrir arab alibi »
ɣer ammi ul sinen-c d adefrir n Libya yessur dis imeẓyanen n Libya akk.
D netnin ala uẓḍen idmaren nsen i lfuci-k d yidammen nsen ssuren af temurt nsen abac ad bedden g wudem n ulebḍu[/rouge]
Traduction du Tweet :
[bleu]“Armée arabe libyenne”
Ils ne savent pas que l’armée libyenne est mélangée ; elle comprends des jeunes issus de tous les coins de la Libye.
Ce sont eux qui ont affronté tes armes avec leurs poitrines, et leur sang est mélangé avec leur Terre pour pour affronter le terroriste.[/bleu]
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[1] GNA : Gouvernement d’entente national, par ailleurs reconnu par les Nations unies et présidé par Fayez Sarraj
[4] En effet, la Turquie qui soutient le GNA a déployé des forces en Libye. Selon certaines sources, les Turcs ont acheminés des islamistes syriens pour combattre en Libye.
[6] Al Hadath est une filiale d’Al-Arabiya, qui fait partie d’un groupe financé par les Emirats arabes unis.
[8] Fethi n Khlifa est un militant amazigh de longue date. Actuellement, il est à la tête du parti Libu, un parti politique libyen né en novembre 2017. Il défend, entre autre, la laïcité, la démocratie et la diversité.