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Khalifa Haftar, un raciste apprenti dictateur ami de la France.

mercredi 17 avril 2019, par Masin

C’est en gilets jaunes que des Libyens ont manifesté mardi 16 avril à Tripoli pour dénoncer l’offensive de Haftar et le silence de la Communauté internationale. Des pancartes en français se sont même fait inviter : c’est un message adressé directement à la France. Parmi ces slogans « La France contribue à l’assassinat de la Libye » ou encore « La France doit cesser de soutenir le rebelle Haftar en Libye ».
C’est depuis le 4 avril que Le dictateur de Benghazi a lancé son offensive sur Tripoli avec le soutien des Emirats arabes, l’Arabie Saoudite et l’Egypte. Près de deux semaines plus tard, il n’est toujours pas à Tripoli. Mieux, il a essuyé des pertes considérables malgré tous les soutiens dont il bénéficie et la complicité de la Communauté internationale qui le laisse faire en violation de toutes les règles. Certaines puissances, comme la France, offre même une assistance militaire au criminel Haftar qui agit en violation de toutes règles et défiant les Nations unies puisqu’avec son offensive il s’attaque à l’autorité reconnue par les Nations unies ; le Gouvernement d’entente nationale.



La stratégie de la France, allié principal en Occident de Khalifa Haftar, ne serait-elle pas de temporiser afin de laisser le temps à son ami va-t-en-guerre de prendre le contrôle de Tripoli et mettre la communauté internationale ainsi devant le fait accompli. Et arguant de la non-ingérence, cette communauté s’interdira toute intervention dans les affaires d’un Etat souverain.
Mais Khalifa Haftar ne semble pas être à la hauteur de la promesse qu’il aurait fait à ses partenaires, celle de prendre le contrôle de Tripoli en l’espace de quelques jours. Non seulement, il n’arrive pas à avancer, mais il subit d’importantes pertes.
Ces derniers jours ont vu une importante avancée de la Force nationale mobile, qui se bat au profit du Gouvernement d’entente nationale, reconnu par les Nations unies, qui a libéré plusieurs endroits pris les Forces armées arabes libyennes de Khalifa Haftar. Des combattants amazighs venus de Zouara et d’Adrar n Infusen ont rejoint ponctuellement les unités de cette force pour défendre Tripoli et repousser les forces arabes de Khalifa Haftar.

Khalifa Haftar, chef d’une organisation militaire raciste.

Au sujet de Khalifa Haftar, les médias, notamment occidentaux, parlent d’ « Armée nationale libyenne » qui marche sur Tripoli. Ils feignent ainsi d’ignorer le véritable nom que Khalifa Haftar lui-même a attribué à ses forces armées à savoir « Forces armées arabes libyennes ». C’est au lendemain de la rencontre de La Celle Saint-Cloud, en France, à l’initiative d’Emmanuel Macron, que Khalifa Haftar avait déclaré, à l’occasion d’un entretien accordé à France 24, que « l’armée qu’il dirige est une armée arabe et qu’il entend la nommer "Les Forces armées arabes libyennes" ». Le Haut conseil des Amazighs de Libye (HCAL) n’avait pas tardé à réagir aux propos de celui qu’il considère comme "un homme de coup d’Etat qui veut gouverner en rétablissant un régime militaire". Quant à cette pseudo-armée de Hafter, le HCAL la qualifie de "milice raciste et terroriste". Et pour le HCAL, une telle « armée » ne saurait représenter les Amazighs de Libye. Le HCAL considère que « la vraie Armée nationale est celle qui doit regrouper toutes les communautés de Libye, sans aucune vocation ou affirmation raciale » [1].
Même les images diffusées par les services de communications des milices de Haftar indiquent bien qu’elles émanent des « Forces armées arabes libyennes » (voir photo ci-dessous). Ces photos sont reprises et diffusées par des agences de presse comme l’AFP.

Haftar, l’autre Kadhafi…

Dans notre article « L’autre guerre des Amazighs de Libye » (10 avril), nous avons rappelé certains repères de l’itinéraire de Khalifa Haftar qui semble adorer les coups d’Etat. Lorsqu’il retourne une deuxième fois en Libye en 2014, il envisageait déjà la prise du pouvoir. Il crée alors sa propre force militaire qu’il finit par appeler "Armée arabe libyenne".
En décembre 2017, il opère un changement dans la composition de son cabinet en intégrant ses deux fils, Saddam et Khaled dans la direction des brigades opérationnelles. Ses deux autres fils, Oqba et Saddik, sont intégrés comme ses conseillers économique et diplomatique. L’entourage familial des Haftar est constitué par des membres de sa tribu Ferjani qui se sont exilés avec lui en Virginie dans les années 80. On y trouve ainsi Aoun Al Farjani, conseiller militaire ; Belgacem Al Ferjani, à la sécurité intérieure ; Ayoub Al Ferjani, chargé de la logistique militaire ; Fadel Al Dib, conseiller stratégique auprès d’Oqba et Saddik Haftar [2]. Dans une décision du 20 février 2019, signée par le Commandant général des forces armées arabes libyennes Khalifa Haftar, son fils Saddam s’est promu Colonel. Son gendre Ayoub Youssef, est promu au grade de capitaine.
Selon le site « Le.1.ma », « le désormais nouveau colonel Saddam Haftar, proche des Emirats arabes unis, est accusé par plusieurs milieux libyens d’avoir détourné, en 2017, des centaines de millions de dollars de la banque centrale libyenne. Une affaire qui a révélé au grand jour la mainmise de la famille Haftar sur les ressources de l’Etat libyen » [3].
Selon Bassam Tahhan, analyste franco-syrien des questions internationale, Khalifa Haftar a toujours, et ce depuis longtemps, voulu remplacer Kadhafi, « et à la militaire » [4]. Et pour l’analyste, le guerrier de Benghazi estime que le fait qu’il ait fait partie du mouvement des officiers libres qui ont renversé le régime monarchique en 1969 sous la direction de Kadhafi ; lui donne la légitimité d’accéder au pouvoir aujourd’hui.

Soutien de la France à Khalifa Haftar.

Pourtant ce chef militaire raciste et apprenti-dictateur qui rêve d’une Libye à la Kadhafi est l’ami de la France. En tous cas, c’est sur lui que la France semble miser pour essayer de tirer profit de l’empire pétrolier. Peut-être que la France estime qu’elle mérite bien d’être récompensée pour les efforts qu’elle a déployés pour débarrasser la Libye du despote Kadhafi… quitte à remettre cette même Libye entre les mains d’un autre futur despote ! Et il semblerait que ce plan Haftar serait l’œuvre de Jean-Yves Le Drian. Il faut signaler que Khalifa Haftar contrôle aujourd’hui plus de 80 % des champs pétroliers ainsi l’ensemble des ports de l’est qui exportent le pétrole. Marianne Arens, écrit dans un article publié le 26 février sur le site wsws.org, que la France soutient militairement Hafter et veut comme preuve un document de la Fondation allemande pour la science et la politique (SWP), organisme gouvernemental, qui affirme que la France a "apporté un soutien politique et probablement d’autres formes de soutien aux opérations de Haftar dans le sud et a empêché ses partenaires occidentaux de faire des déclarations communes sur cette question" [5]. Nous le disions aussi, dans notre article du 10 avril, que selon des combattants des forces amazighes en Libye, des conseillers militaires français seraient aux côtés des troupes de Hafter qu’ils appuieraient.
Le magazine en ligne tunisien « Kapitalis » rapporte que l’armée tunisienne au poste de passage entre la Tunisie et la Libye à Ixf n Ajdir (Ras Jdir) a saisi le dimanche 14 avril des armes et munitions en possession de 13 passagers de nationalité française portant des passeports diplomatiques en provenance de Lybie sur 13 véhicules. Mercredi 10 avril, ce sont deux canots pneumatiques en provenance de Libye qui ont été interceptés par la police maritime tunisienne. A leurs bords, onze personnes, toutes de nationalités européennes et portant des passeports diplomatiques et des armes [6].

L’Onu et l’UE réagiront-elles ?

Selon l’AFP, dans une dépêche datée du 16 avril, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a prévenu ce mardi qu’elle « n’hésitera pas » à élargir ses enquêtes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Libye, face à une escalade des violences à Tripoli. Selon un bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié le 16 avril, au moins 174 personnes ont été tuées et 758 blessées, dont des civils, depuis le 4 avril. L’AFP rapporte également qu’au moins 18.000 personnes sont déplacées suite aux combats.
De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a demandé mardi 16 avril aux Etats de l’Union européenne de renvoyer des navires de guerre en Méditerranée pour permettre à l’opération militaire Sophia [7] de lutter contre les trafics d’armes et de pétrole en Libye.
Le Royaume-Uni aurait soumis lundi 15 avril soir à ses 14 partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution sur la Libye, réclamant un cessez-le-feu et un accès humanitaire inconditionnel aux zones de combats près de Tripoli.

Masin Ferkal.

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[1« Le HCAL dénonce les dérives racistes de Haftar », Tamazgha.fr, le 4 août 2017 : http://tamazgha.fr/Le-HCAL-denonce-les-derives.html

[2source : Mondafrique.com

[7Cette opération a entre autres missions de contribuer à la mise en œuvre de l’embargo sur les armes imposé par l’ONU en haute mer au large des côtes libyennes