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Francisco Tarajano Pérez, le poète de la Liberté

Décédé à Agüimes, le10 novembre 2018

lundi 12 novembre 2018, par Masin

C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de Francisco Tarajano Pérez, poète écrivain indépendantiste canarien, survenu le samedi 10 novembre à Agüimes (Tamaran à Taknara), à l’âge de 94 ans.
Tamazgha présente ses condoléances les plus attristées à sa famille ainsi qu’à la famille indépendantiste canarienne.


Les esclaves vivent morts dans les terres coloniales,
Morts vivront leurs enfants,
morts vécurent leurs parents.

Francisco Tarajano Pérez (Coplas para el pueblo,1980)


Francisco Tarajano Pérez est né en 1924 à Ingenio. Il a vécu à Agüimes au sein d’une famille d’agriculteurs avant d’intégrer l’internat de l’école Salesianos de Las Palmas de Gran Canaria en 1936. Commence alors son aventure. Il enseigne dans différentes écoles, d’abord sur son île natale, Tamaran (Gran Canaria), puis à Tenerife où il exercera en tant que professeur de langue et littérature à l’université de La Laguna jusqu’en 1955. En 1956, il émigre au Venezuela où il a eu à enseigner seize ans durant. En 1972, il rentre au pays où il a continué à enseigner (Ecole María Auxiliadora, Institut Isabel de España et à l’Institut Pérez Galdós). En 1983, il est nommé chroniqueur officiel de la Villa de Agüimes.

Attaché au Pays et aux racines, Francisco Tarajano Pérez est amoureux de la littérature populaire canarienne, il s’est intéressé à l’histoire et à la culture canriennes. L’écriture l’a accompagné durant toute sa vie.

Dans un hommage rendu à Francisco Tarajano en 2015, publié dans "La verdad de Lanzarote (27 avril 2015), Francisco Javier González écrit que "Francisco Tarajano Pérez est clair sur le fait que la libération doit être nationale et sociale" et pour cela il s’appuie sur les ce que le poète a écrit :


Si aujourd’hui mes Canaries africaines
sont un Eurobordel,
il faudra ici un Fidel qui nous nettoie la crasse et les plaies.
Il nous faudra un saint Che [1]
qui, avec ses appels bruyants,
réveille la foi guanche
de Bencomo [2] et Doramas [3]



Javier González rajoute que Franceso Tarajona est de ces poètes qui éveillent les consciences et qui appellent à l’ère nouvelle d’une patrie libre.

Pour Antonio Morales, actuel président du Cabildo de Gran Canaria, Francisco Tarajano Pérez est un "poète, chercheur de nos traditions, enseignant, compilateur de notre histoire, défenseur de notre identité..." Il estime que le poète nous laisse un travail extraordinaire marqué par son engagement envers le pays canarien et ses habitants"
Luis Falon, Président de l’Association Azar (Las Palmas, Tamaran) parle d’un poète engagé dans la lutte pour l’indépendance des Canries avant de rajouter que le poète, par l’enseignement qu’il dispensé, ses écrits ainsi que sa poésie, a contribué à la libération de nombreuses consciences. A rappeler que Francesco Tarajano Pérez était membre honoraire de l’Association Azar. En effet, son combat pour la libération de Taknara est synonyme, pour lui, du combat pour l’Amazighité des îles.

Francisco Tarajona Pérez rejoint ainsi toutes ces femmes et tous ces hommes, ces étoiles, qui ont servi la nation amazighe par leur résistance, leurs œuvres et leurs combats divers et variés. Ceux-là qui ont contribué pour que la flamme de Timmuzgha ne s’éteigne pas... Oui, car un jour viendra où cette flamme allume le brasier qui détruira le colonialisme, le brasier qui débarrassera Tamazgha de l’obscurantisme pour qu’enfin cette Terre qui a nourri la Liberté reprenne ses couleurs...

Francisco, merci pour tout ce que tu as fait !
Nous ne t’oublierons pas !



Masin Ferkal.


 Biographie de Francisco Tarajano Pérez

 Francisco Tarajano Pérez sur Wikipédia


[1Che Guevara

[2Bencomo (Benchomo) est un chef guerrier guanche (Mensay) de Taoro àTenerife qui a résisté à la colonisation espagnole qu’il a combattu jusqu’à sa mort en 1494.

[3Doramas est un chef guerrier canarien qui a joué un rôle capital dans la résistance à l’invasion espagnole à Tamaran (Gran Canaria) vers 1478. Il a défendu avec bravoure l’île et il a livré des batailles mémorables à l’ennemi. Il fut nommé chef de Gáldar, gouvernorat du nord de l’île. Il est resté dans les mémoires et l’histoire comme leader charismatique de la résistance guanche à l’invasion espagnole.