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Kader Guidjou nous a quittés...
dimanche 9 décembre 2018, par
Des camarades de lutte des années 80 de Kader Guidjou lui rendent hommage.
C’est ensemble qu’ils ont affronté les autorités algériennes en mai 1981 en Kabylie. Ils ont été en première ligne des manifestations qui ont marqué la région de la Soumam en Kabylie ce Printemps 1981. Ils ont été arrêtés et condamnés à de la prison ferme par les tribunaux algériens. Aujourd’hui, ils rendent hommage à leur camarade, Kader Guidjou, décédé hier, vendredi 7 décembre en Kabylie.
Nous publions ci-après leur hommage...
La Rédaction.
L’un des nôtres vient de disparaître
Nous venons d’apprendre la mort de Kader GUIDJOU, cheville ouvrière de la grande révolte de Mai 81 à Bgayet. Pour rappel, ce mouvement de Mai 1981 fut le point de départ de l’affirmation de Bgayet et sa mise en adéquation avec Tizi qui s’est soulevée un an plus tôt.
Principal artisan du mouvement de "Mai 81", Kader écopa de trois ans de prison fermes.
Il a été dès 1974, alors lycéen, jusqu’à sa mort dans cette constante, dans ce combat.
Animateur du MCB, puis député du FFS. Il ne siégea jamais à l’assemblée car ces élections furent annulées par le pouvoir. In fine, il en sera réjoui. "Je n’ai pas envie de me mouiller avec nos oppresseurs" dira-t-il en substance.
Il devint plus tard un militant pour l’autonomie de la Kabylie et rejoint ainsi les rangs de ceux qui défendent cette alternative et cette perspective.
Nous pouvons qualifier ce militant précieux et généreux par ces deux simples mots : abnégation et intégrité.
Abnégation :
Toujours fidèle aux siens et courageux, il fait partie de cette génération qui a mis en exergue le fait Kabyle. Il a, avec ses camarades, mis le feu aux poudres en des moments sombres et hautement répressifs.
Générosité :
Avenant, sensible et facile d’abord, il a toujours été présent et a beaucoup donné de sa personne. Il a entre autres entièrement financé la publication de la brochure du MCB de 1990. Pourtant ses moyens étaient minces.
Voici un extrait de ce qu’il a écrit en substance à propos du soulèvement de Mai 81 :
"Le printemps du 19 mai 1981 était une très belle journée (…).
Un barrage de police est dressé devant nous, un commissaire de police nous sommait d’arrêter la marche. C’est que les lois du pays n’autorisaient pas les manifestations ! Je me suis rapproché de lui pour lui signifier que notre ma marche est pacifique et qu’il n’est pas question d’y mettre fin. La police a chargé mais devant le nombre important de manifestants nous avons eu le dessus. Alors les policiers foncèrent sur nous avec leurs blindés pour nous écraser. Je revoie la foule fondre et ressembler à un champ de blé que le vent balayait. Ce fut la panique durant une seconde, puis spontanément les gens se redressèrent. Un flic n’arrivant plus à remonter dans son blindé fut trainé sur plusieurs mètres de peur d’être lynché par les manifestants.
Nous continuâmes quant à nous notre marche et furent rejoints par les lycéens de la ville".
Kader était un rebelle dans l´âme. Humble, courtois, intègre et engagé, il nous laisse aujourd’hui un grand vide.
Ami et camarade, tu seras toujours parmi nous.
Gérard LAMARI, Aziz TARI, Moh Cherif BELLACHE, Amiruc SADI, Buxalfa BELLACHE
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