Tout petit, Djagfer Chibani se frottait déjà aux vieux de Kabylie qui avaient l’art de conter... Mais conter, c’est transmettre ! Transmettre une mémoire, une histoire...
A l’âge de sept ans, les vieux du village le prenaient et le mettaient à la place privilégiée du conteur. Sa capacité à mémoriser les contes qu’il entendait et à les répéter a impressionné les hommes du village qui l’ont très vite pris en charge et l’ont investit de cette mission de contribuer à la transmission de la mémoire. Il a été alors très souvent associé aux affaires des hommes...
Encore aujourd’hui, il lui arrive d’entendre cette voix de l’époque lui disant : "cfu a mmi" (retiens mon fils !). Il a donc très vitre compris ce rôle de "transmetteur" dont il a été investi. Un rôle qu’il s’est déployé à honorer en perpétuant ce qu’il a entendu et mémorisé. En effet, Djafer n’a jamais raté une occasion qui lui est offerte pour partager des contes avec le public. A Tamazgha, c’est depuis plusieurs années qu’il vient animer des rencontres autour du conte, très souvent avec des enfants mais aussi avec les adultes.
Au-delà de cette capacité qu’il a à mémoriser des contes, Djafer Chibani est un artiste : il a l’art de raconter ; il sait capter l’attention et faire voyager les esprits...
Le parcours de Djafer Chibani ne se limite pas au conte ; il a fait du théâtre. Il a eu notamment à collaborer avec le monument de la littérature kabyle Mohia avec qui il a travaillé et a eu à jouer des pièces de théâtre que le dramaturge a écrit. Ils sont montés ensemble sur scène plusieurs fois notamment à Paris. Il a continué à faire du théâtre et il a eu à collaborer avec Hamma Miliani et d’autres hommes de théâtre.
Ses qualités de comédien l’ont emmené dans le cinéma. Ainsi, il a joué un rôle dans l’un des premiers films kabyles réalisé par Arezki Harani et produit par Editions Berbères, un film intitulé "Muḥend Uceɛban" qui est une adaptation par Mohia d’une œuvre du chinois Lu Xun.
Il a eu également à jouer des rôles dans plusieurs films et séries aussi bien en kabyle qu’en français.
En 1994, il publie en France une centaine de petites histoires en kabyle qu’il a rassemblées dans un ouvrage intitulé "Ddeqs-nneɣ", ouvrage publié à compte-d’auteur, réédité par le HCA en 2009.