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9 octobre 1988 : un gendarme algérien tire sur Lounès Matoub
Déclaration de Nadia Matoub.
dimanche 11 octobre 2020, par
Ci-après nous publions la déclaration de Nadia Matoub, rendue publique sur sa page Facebook, le 9 octobre 2020.
Le 9 octobre 1988, sous le vacarme des rafales assourdissantes, les montagnes imposantes de Michelet tremblent. Un gendarme algérien vient de tirer sur Lounès Matoub sous le regard effaré des étudiants Masin Ferkal et Mehdi Siam. Alors que, dans le cadre des événements qui secouent alors Alger et ses environs, ils étaient en train de diffuser un appel au calme, Lounès et ses compagnons basculent dans un monde de terreur.
Ils sont pourchassés puis arrêtés. Alors que Lounès exige des explications, un des trois gendarmes qui viennent d’interpeller Masin, Mehdi et Lounès, tire avec une arme d’assaut et atteint Lounès à la main, à plusieurs endroit au niveau du ventre et au fémur.
Cet acte raciste et d’une violence extrême, perpétré par un représentant de la force publique, a marqué l’esprit des Kabyles qui subiront collectivement en 2001 le déchaînement meurtrier de la même institution militaire.
Aujourd’hui encore, cette Kabylie martyrisée, mais toujours frondeuse, jalouse de sa liberté et de sa terre, ne cesse d’affronter des violences en tous genres, commises par des institutions étatiques qui assument désormais leur rôle d’instruments d’oppression. Les militants engagés sont intimidés, menacés, harcelés, traqués et emprisonnés. Certains sont condamnés à des peines évidemment injustes, injustifiées et lourdes à l’instar de celle que subit Khaled Tazaghart qui écope d’un an de prison ferme. Nous pensons à d’autres personnalités publiques ou anonymes bien sûr qui croupissent en prison pour avoir voulu exprimer leur opinion. D’autres, comme Mira Moknache et ses camarades de lutte souverainistes sont convoqués comme accusés sans aucun chef d’inculpation révélé. Même des avocats sont empêchés dans l’exercice de leur mission de défense. Maîtres Kader Houali et Sofiane Dekkal ont été pris en filature et contraints de rebrousser chemin alors qu’ils se rendaient à Alger pour assurer la défense de Lounis Hamzi, un autre souverainiste kabyle placé sous mandat de dépôt.
L’irréparable maintes fois vécu doit nous servir à prévenir les dangers qui nous guettent et entraver les missions de violences programmées.
Win i wen-yennan : d acu i d tafat ?
Init-as : d iɣallen yedduklen.
Nadia Matoub,
Paris, le 9 octobre 2020.
Le 9 octobre 1988, sous le vacarme des rafales assourdissantes, les montagnes imposantes de Michelet tremblent. Un...
Publiée par Nadia Matoub sur Vendredi 9 octobre 2020