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Hommage à Mohya

L’illustre Mohya nous a quitté.

par Mohand Chérif Bellache

jeudi 16 décembre 2004, par webmestre

Il m’est très dur de parler de Mohya au passé, mais la vie a choisi de le reprendre très tôt. Nous espérons qu’il repose, désormais, en paix.
Mohya représentait un être de cœur, il suffisait d’une rencontre pour s’attacher à lui, à ses mots qui sont souvent emprunts de poésie. Même spontanément, il surprenait par sa maîtrise du verbe et de la langue Kabyle.
Sur le plan humain, c’était un homme modeste, plein de générosité, toujours souriant. Son sourire restera gravé dans toutes les mémoires des hommes et des femmes qui l’ont côtoyé, approché ou simplement rencontré ne serait ce qu’une seule fois.
Il était d’une humilité légendaire, à l’image de « l’âme kabyle ». Aujourd’hui, la mort nous l’a arraché, mais son œuvre précieuse en matière de traduction, d’adaptation, de poésie, de contes... est d’une valeur inestimable.

Kateb Yacine, de son vivant, qualifiait Mohya de génie, de phénomène unique, tant par sa créativité que par sa capacité à adapter de grandes œuvres universelles importantes tout en respectant ces textes dans leur fond et en apportant une touche propre à l’univers culturel de la société Kabyle.
Il a ainsi traduit, La Farce de Maître Pathelin, une comédie anonyme du moyen âge, L’exception est la Règle, la Décision et la Mère de Bertolt Brecht, ‘le Ressuscité et la véritable histoire de Ah Q de Lu Xun, En Attendant Godot de Samuel Beckett, Morts sans Sépulture de Jean Paul Sartre, Tartuffe et le Médecin malgré lui de Molière et bien d’autres œuvres.

Mohya était un homme de théâtre, un dramaturge qui a apporté une contribution précieuse à la culture berbère. Il fait partie de cette génération d’écrivains en langue populaire qui a fait entrer la langue Kabyle sur la scène des arts et de la culture des grandes nations modernes. Il adorait le savoir, la connaissance et le livre.
Indépendant d’esprit, on pouvait parler avec lui de tout. Mohya est une source dont on doit s’inspirer.

Il a eu l’hommage qu’il méritait : des dizaines de milliers de Kabyles sont venus, dans son village natal en Kabylie, l’accompagner dans sa dernière demeure. Mais le plus bel hommage qui nous reste à lui rendre c’est de défendre son œuvre, la protéger et la promouvoir.


Mohand Chérif Ballache
Saint-Ouen le 13 décembre 2004