Le Collectif Azaykou dénonce...

Les dernières évolutions de la situation sociale, économique, politique et culturelle, par leur gravité, viennent démentir les slogans officiels et les discours de l’Etat et du gouvernement sur "l’Etat de droit" et "la promotion de la question amazighe".
En faisant descendre des masses pour manifester contre les caricatures de la publication danoise, le makhzen tente vainement, en exploitant le sentiment religieux, de distraire la population des hausses de prix et des augmentations des impôts ainsi que la répression des travailleurs, des mineurs et diplômés en chômage qui en arrivent au suicide collectif, ce qui aggrave l’injustice et les inégalités sociales.
La marche pacifique d’Ayt Ourir est réprimée dans la violence et une dizaine de citoyens ont été arrêtés et emprisonnés pour la seule et simple raison qu’ils ont dénoncé, au coté de leurs concitoyens, l’assassinat d’un des leurs, un jeune homme marié et père d’un enfant, et l’absence de sécurité, de même que la marginalisation et la hogra qui, après 50 ans de "l’indépendance", continuent à frapper la région.
Des années après la création d’une institution censée promouvoir et développer l’amazighe, la situation de tamazight, langue, identité, culture et civilisation, est loin de s’améliorer. La réalité de l’amazighité ne cesse au contraire de reculer, démentant tous les discours officiels, de gauche et de droite. Elle toujours absente de la constitution, des mass médias, de l’administration et même à l’école elle régresse avec une autre année blanche pour la 3e année du primaire.
Le bras de fer du makhzen continue sa pression sur l’action associative amazighe, par le refus de livrer les récépissé aux associations telles Iz’uran à Lakhssas, Az’ett’a amazigh i Tnamurt, et bien d’autres et par l’interdiction de leurs activités et l’intimidation des militants amazighes.
Par ailleurs, les heureuses mères et les heureux pères voient leur joie gâchée et leur liberté et leur droit fondamental bafoués et violés par l’interdiction des prénoms qu’ils ont choisis à leurs enfants. C’est le cas de IDIR et de AMAZIGH, et bien d’autres. Le plus étrange c’est que cette malédiction poursuit même les marocains de l’étranger qui se voient interdire les prénoms amazighes de leurs enfants au près des consulats du Maroc.

Nous annonçons enfin à l’opinion nationale et internationale que nous :

– dénonçons la répression et la terreur dont sont victimes les habitants d’Ayt Ourir et nous réclamons que la justice soit rendue à la famille de la victime et que les détenus soient libérés ;

– réclamons la levée de l’interdiction qui frappe les prénoms amazighes dans le respect des droits garantis par les chartes internationales ratifiées par l’Etat marocain ;

– revendiquons la reconnaissance et l’intégration de l’amazighité dans toutes ses composantes dans toutes les institutions étatiques ;

– appelons les forces démocratiques amazighes de faire preuve de dynamisme et de créativité en vue d’élaborer de nouvelles conceptions et de nouvelles stratégies de travail et d’organisations.

p/Les associations amazighes de Tad’a Azayku,
réunies à Mirlleft (Tiznit),
Le 12 mars 2006
Abderrahim CHHAIBI