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Enseignement de la langue berbère en France

Y’aurait-il une convention entre Paris et Alger pour la gestion de la langue berbère ?!

lundi 14 février 2005, par Masin

"L’enseignement du berbère en France est aussi une affaire politique" [1], c’est le titre d’un article de Catherine Simon publié dans l’édition du 15 février 2005 du quotidien Le Monde.

L’on se souvient qu’en janvier 2005, Salem Chaker, professeur de berbère à l’Inalco, avait adressé une lettre au président de l’Inalco pour lui faire part de sa décision de ne plus s’investir dans l’élaboration des sujets de l’épreuve de berbère au baccalauréat français ni de la correction des copies. Cette décision a été prise par Salem Chaker suite à la nomination de Hocine Sadi [2] par le Ministère de l’Education nationale pour la coordination de l’enseignement du berbère en France ainsi que de la préparation des candidats à l’épreuve de berbère au baccalauréat. Salem Chaker ainsi que la présidence de l’Inalco évoquaient alors le désaveu de leur institution par le ministère. Rappelons-le, une Convention existe, depuis 1995, entre l’Inalco et la Direction des enseignements scolaires (DESCO) dans le cadre de laquelle est assurée la préparation des sujets d’épreuve facultative de berbère au baccalauréat ainsi que la correction des copies.

Selon l’article de Catherine Simon, Salem Chaker explique que la personne nommée au poste de responsable coordinateur des enseignements et épreuves de berbère auprès de la DESCO "ne peut se prévaloir que d’une agrégation de mathématiques, mais il est officiellement lié à un parti politique proche des cercles dirigeants algériens". Est-ce une éventuelle "recommandation d’Alger" qui aurait valeur de diplôme ?

Selon l’article du journal Le Monde, Hocine Sadi qui a refusé de répondre à leurs questions quant à ses liens avec le RCD, même si par ailleurs il ne les nie pas, a tenu à préciser qu’il a quitté officiellement son poste au sein du parti en juin 2004.
En effet, en mai 2002 [3], El Hocine Sadi a été élu président du RCD-France qui est une association régie par la loi 1901 mais qui est le relais officiel du parti politique algérien dont elle porte le même nom "Rassemblement pour la culture et la démocratie" [4] dirigé par son frère Saïd Sadi. Ce "Français d’origine algérienne" aurait donc pris la précaution de quitter son poste de responsabilité le liant directement au RCD avant d’être nommé par le gouvernement français au poste de responsable coordinateur des enseignements et épreuves de berbère auprès de la Desco chose qu’il avait omis de faire en 2002 lorsqu’il a été nommé par Jack Lang au poste de Conseiller technique.
Il faut tout de même reconnaître l’habileté de Monsieur Sadi qui a su composer aussi bien avec la gauche qu’avec la droite !

"La crise est néanmoins ouverte." Affirme Catherine Simon dans son article qui précise que "Le président de l’Inalco, Gilles Delouche, a fait savoir, dans une lettre adressée au ministère de l’éducation nationale, lundi 31 janvier, qu’il jugeait caduque la convention passée avec la Desco." Le même président de l’Inalco qui estime, selon l’article du journal Le Monde que "On a le sentiment, hélas, que le politique l’emporte sur la compétence" car selon lui si cette polémique pose le problème des langues de France, elle pose aussi celui de l’attitude adoptée par les autorités françaises vis-à-vis des populations d’origine nord-africaine.



La Rédaction



 "L’enseignement du berbère en France est aussi une affaire politique", par Catherine SIMON, Le Monde du 15 février 2005

 Le Quotidien Le Monde en ligne


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[1"L’enseignement du berbère en France est aussi une affaire politique", article de Catherine SIMON paru dans le journal Le Monde daté du 15 février 2005 (édition internet du 14 février 2005).

[2Plus connu sous le prénom de Hend

[3Selon la déclaration faite à la Préfecture de Paris par les instances du RCD-France, c’est le 8 mai 2002 que l’Assemblée générale de l’Association a procédé à la modification de la composition de son Conseil d’administration ainsi que de son Bureau : Monsieur El Hocine Sadi a été alors élu président du RCD-France et remplace ainsi Monsieur Aezki HAMAMI à ce poste.

[4Concernant le RCD, il n’est pas sans intérêt de rafraîchir les mémoires et rappeler certains faits. Ce parti a cautionné l’appel de l’Armée algérienne "pour l’interruption du processus électoral" en 1991, appel auquel il a activement participé. Pendant toute la décennie 1992-2001, il a soutenu la position des généraux "éradicateurs". Il a aussi soutenu Bouteflika à son retour à Alger en 1999, soutien qui s’est illustré par la participation du RCD, entre 1999 et 2001, au gouvernement de Benbitour et à celui de Benflis. Dès le 21 avril 2001, des jeunes kabyles tombaient sous les balles des forces militaires algériennes et le RCD fait toujours partie du gouvernement algérien et ses deux ministres, en l’occurrence Hamid Lounaouci et Amara Benyounès, ne quitteront la coalition présidentielle qu’en mai 2001 lorsque certains clans de la junte algérienne auraient tenté de fomenter un coup d’Etat contre Bouteflika, un certain 7 juin 2001, avec, semble-t-il, certains soutiens en Kabylie.