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Communiqué n° 3

CDDCA

vendredi 23 avril 2004, par Masin

Depuis la prise d’assaut effectuée avec une brutalité extrême par les forces de répression (gendarmerie, CNS) au centre Universitaire de Tizi-Ouzou et à l’hôpital de la ville, le dimanche 20 avril entre 1h et 5h du matin, la Kabylie et plus particulièrement Tizi-Ouzou vit dans un climat de violence et de terreur.

Plusieurs enseignants de l’Université ont été arrêté dont beaucoup à leur domicile ; d’autres sont actuellement recherchés par la police. Un grand nombre d’étudiants sont toujours détenus, sans doute plusieurs centaines. Il ressort des différents témoignages que les personnes arrêtées et notamment plusieurs enseignants ont été gravement brutalisés.

La quasi-totalité du personnel algérien de l’hôpital de Tizi-Ouzou dont 6 médecins ont été arrêtés.

Plusieurs unités industrielles (SONITEX, SONELEC, SONELGAZ) ont été aussi investies par les forces de répression. Des affrontements très violents ont eu lieu à cette occasion et il y a plusieurs arrestations dans ces milieux.

Dans la journée du dimanche 20, après avoir appris les événements de la nuit, la population de la ville est descendue massivement dans la rue. Tous les magasins et établissement publics ont fermé en signe de protestation. Les forces de répression sont intervenues pour forcer les portes et ouvrir les magasins, faisant ainsi de nombreux dégâts. Des affrontements extrêmement violents se sont produits avec la police. En fin de matinée, des troupes héliportées ont pris position dans les rues ; il semblerait qu’elles aient tiré sur la foule. A la fin de la journée du 20, on dénombre au moins 600 blessés hospitalisés. L’armée a pris en main la totalité de la gestion de l’hôpital de Tizi-Ouzou, ce qui laisse penser que le chiffre de plusieurs dizaines de morts qui ont été avancés ont un certain fondement.

Dans la journée du lundi 21, des affrontements ont eu de nouveau lieu ; les manifestants ont dressé des barricades dans les rues. Des chiens ont été utilisés massivement par la police contre la population. L’armée a pris position dans tous les points stratégiques de la ville (avec plusieurs blindés). Deux bataillons de commandos (troupes de choc) ont été acheminés en Kabylie ; ils comptent entre autre chacun une section de 35 tireurs d’élites. Des affrontements ont continué dans la journée du mardi 22 entre la population et les forces de la répression. Des émeutes ont eu lieu dans toute la ville où de nombreux cars de CNS ont été incendiés. Des coups de feu, des rafales de mitraillettes et des explosions de grenades ont été entendues durant la nuit de mardi à mercredi.

Une répression massive existe réellement à l’heure actuelle en Kabylie ; elle de généralise à l’ensemble du pays.

Une grande effervescence règne à Alger, en particulier en milieu universitaire où la grève est quasi générale. Il semblerait que certaines unités de production soient en grève ( Cité Industrielle de Rouïba ). Les arrêts de travail ont eu lieu dans les hôpitaux d’Alger depuis mardi 22 avril.

A Oran, l’Université est en grève ; des affrontements y ont lieu depuis ce matin.

Une justice expéditive a été instaurée ; 21 personnes à El Kseur et Amizour ( wilaya de Bejaia) ont été condamnées de 1 à 5 ans de prison et de 2000 à 5000 dinars d’amende.

A Batna, des arrestations massives ont été opérées dans le milieu universitaire et au sein de la population.

Le Comité de Défense des Droits Culturels en Algérie dénonce la politique répressive du pouvoir face à la revendication légitime du peuple algérien.

Exigé la libération immédiate de tous les détenus et interpellés.

Exigé la retrait immédiat des forces de répression.

Exigé la reconnaissance de l’identité nationale berbère et l’enseignement des langues populaires (le berbère et l’arabe algérien).

Appelle toutes les forces démocratiques à soutenir le peuple algérien dans sa juste lutte pour le recouvrement de son identité, pour une véritable démocratie et le respect des libertés.

Appelle l’ensemble de l’émigration à manifester sa solidarité avec nos compatriotes en lutte en participant massivement à une marche pacifique sur l’Ambassade d’Algérie Samedi 26 avril à 15 heures.

LIEU DE RASSEMBLEMENT EN VUE DE LA MARCHE : METRO KLEBER.

Paris, le 23 avril 1980.

CDDCA,
c/o Revue Esprit
19, rue Jacob,
75006 Paris