Haftar et ses amis demandent un cessez-le feu... Quel théâtre !

Le 25 avril, la France, l’Allemagne, l’Italie et un haut représentant de l’Union européenne ont appelé, dans un communiqué commun, à une trêve humanitaire en Libye. Ils appellent l’ensemble des parties en conflit à reprendre les discussions sur "un véritable cessez-le-feu sur la base du projet d’accord du Comité militaire du 23 février [1], en vue d’une solution politique au conflit libyen". Et comme par hasard, l’apprenti-dictateur Haftar, soutenu par la France, les Etats-Unis l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes, s’est autoproclamé le 27 avril au soir représentant légitime du peuple libyen. Il dit avoir accepté le mandat que le peuple lui a confié pour être le chef suprême de la Libye.

Bien entendu, ni la France ni aucun autre Etat n’a eu à condamner cette attitude de ce militaire qui envisage de réinstaller le despotisme en Libye. La non-condamnation de cette auto-proclamation, qui rappelle des méthodes d’un autre âge, par des pays comme la France n’est-elle pas une façon de faire admettre un fait accompli et acter l’existence de deux gouvernements en Libye ? Et l’appel à la reprise des négociations et à la cessation des combats n’est-il pas tout simplement un subterfuge de la diplomatie française, qui vole au secours du va-t-en-guerre de Benghazi, pour lui épargner une défaite militaire et lui garantir une survie politique qui lui permettra, une fois ses forces reprises, de reprendre son projet de conquête de l’ensemble du territoire libyen ?! [2]

Et comme par hasard, le 29 avril, l’apprenti-dictateur annonce la cessation des combats appelant la partie adverse à faire de même. Ce "marcheur" sur les pas de son ancien maître Kadhafi croit ainsi pouvoir déclencher la guerre et l’arrêter quand il veut, et selon l’état de ses troupes.

Maintenant, est-ce que les combattants amazighs qui "se sont dérangés" jusqu’à Tarhouna vont accorder un crédit à l’appel de la France et ses alliés en Europe ? Vont-ils écouter celui qui n’est, pour eux, qu’un vulgaire terroriste animé par l’idéologie arabiste et qui ne cache pas ses relents racistes, plus exactement anti-amazighs ? Les heures ou jours à venir nous le diront.

En effet, depuis le 14 avril, cette guerre qui ronge la Libye n’est pas seulement celle du gouvernement Sarraj contre le l’apprenti-dictateur Haftar, mais il y aussi les Amazighs qui ont décidé, depuis le 14, d’entrer dans la guerre et combattre Haftar et ses mercenaires. Et c’est depuis cette entrée en guerre par le Amazighs que Haftar a subi des défaites significatives et que ses troupes ont enregistré un recul important sur le terrain. En effet, même si les médias réduisent tout à l’action des forces militaires loyales au Gouvernement d’entente nationale (GNA), dans la réalité l’arrivée sur les fronts de forces militaires parties d’At-Willul (Zouara) et d’Adrar n Infusen a très vite changé la donne sur le plan militaire, ce qui a compromis les espoirs de Haftar et ses alliés.

Dans tous les cas, ce théâtre que joue la France pour ne pas perdre la face – et ne pas tout perdre aussi en Libye –, est vraiment un théâtre de mauvais goût.


Masin Ferkal.

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