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Sid Lakhdar Boumédiene exprime une partie de son témoignage dans le combat pour tamazight à travers un blog...

Entretien

mardi 28 mars 2006, par Masin

Sid Lakhdar Boumédiene est l’un des rares intellectuels non kabyles à s’exprimer de manière claire et sincère sur la question amazighe.
Ses positions sont connues à travers la presse, mais il a été toujours aux côtés des militants sur le terrain, notamment à Paris où il vit.
Il a récemment créé un blog dans lequel il a publié l’ensemble de ses articles qui traitent de la question amazighe.
Pour en savoir plus, nous lui avons posé quelques questions auxquelles il a accepté de répondre.



Vous pouvez consulter le blog de Sid Lakhdar Boumédiene à l’adresse suivante :
htpp ://droitdesberberes.over-blog.com




Vous avez récemment créé un blog que vous avez intitulé "Droit des Berbères". Quelle en est la motivation ?

C’est la continuité naturelle d’un combat que j’ai commencé depuis très longtemps. J’ai toujours associé mon militantisme pour la démocratie à celui de rétablir un droit qui me semble intangible, celui de vivre sa citoyenneté dans la culture et la langue héritées.


Qu’est ce que l’internaute peut lire dans ce blog ?

Pour le moment, il s’agit tout simplement d’une partie de mon témoignage dans ce combat.
L’internaute pourra y retrouver mes interventions les plus marquantes à ce sujet dans la presse algérienne et française.
Je sais que la plupart des Kabyles n’ont pas l’habitude d’entendre ce discours, je m’adresse à eux mais certainement pas d’une manière exclusive.


Vous êtes natif de la région d’Oran. Vous avez toujours été (et vous l’êtes toujours d’ailleurs) un opposant au régime algérien. Mais aussi, vous avez toujours été aux côtés des luttes des Kabyles pour la reconnaissance du fait amazigh. Pensez-vous que ce combat ne concerne que les Kabyles ?

Non seulement je réponds par la négative mais je dénie à quiconque, fut-il kabyle, le droit de m’en faire une interdiction. J’ai pour habitude de dire que je suis oranais, donc algérien et par conséquent citoyen de Kabylie.
La Kabylie m’appartient tout autant qu’à quiconque et mon devoir est de porter attention à l’appel de sa souffrance qui est devenue la mienne.


Dans quelques semaines sera célébré le 26ème anniversaire du Printemps berbère. En quelques mots, quelle est votre analyse concernant l’état de la question amazighe ?

Je dis que c’est l’anniversaire d’une honte. Que mes compatriotes en sont à commémorer l’anniversaire du sang et de la souffrance causée par d’autres compatriotes, c’est une honte pour l’intelligence humaine.
Cela a trop longtemps duré et je crains, hélas, que le calme et le semblant d’adhésion à la politique de Bouteflika n’est qu’un leurre qui camoufle d’autres pics de violence et de rupture.
Je ne peux être que sévère avec tous ceux, y compris envers une minorité de Kabyles, qui n’hésitent pas à porter secours au régime militaire.


Un dernier mot.

Je rêve du jour où la rencontre avec un Kabyle ne soit pas l’occasion inévitable de m’expliquer que Relizane (la ville d’Oranie) veut dire "colline des mouches" dans un secret plaisir de me faire sous-entendre de l’origine séculaire.
Ce jour là voudra dire que la plaie s’est refermée et que les Kabyles n’auront pas besoin de ce puéril argument d’antériorité pour justifier de leur légitime revendication. Personne d’intelligent ne saurait renier la richesse et l’enracinement national d’une culture algérienne sans être obligé d’en exiger la preuve archéologique.
Je sais, hélas, que cet argument a justement été la doctrine prédominante pour justifier de l’origine exclusivement arabo-musulmane de l’Algérie.
Mais ce jour là semble loin..


Propos recueillis par
Masin Ferkal.




Visiter le blog de Sid-Lakhdar Boumédiene