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"Je ne m’arrêterais pas en si bon chemin…"
Après 2 mois de détention arbitraire Maman Abou enfin libre
samedi 10 janvier 2004, par
Entretien avec Maman Abou à sa sortie de prison, paru dans l’Hebdomadaire "Le Républicain" n° 603 du 9 janvier 2004.
M. Maman Abou, directeur de publication du "Républicain", a recouvré sa liberté, le samedi 6 janvier. La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Niamey l’a, en effet, mis en liberté provisoire, suite à une requête introduite par ses avocats, plaidée une semaine plus tôt. Depuis le 5 novembre 2003 (date de son arrestation), il y a eu une forte mobilisation des journalistes, des acteurs de la société civile, de simples gens, des hommes politiques de part le monde, pour dire non à cette arrestation, et au détournement des deniers publics. Ce pour quoi Maman Abou est embastillé constitue un combat pour la démocratie, la préservation des valeurs de la République, la bonne gouvernance. Maman Abou enfin libre, c’est là le fruit de cette forte mobilisation.
Que tous en soient encouragés. Ce qui est clair, c’est que Maman Abou et "Le Républicain" ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Ils continueront à dénoncer les PSOP, les LAP, le détournement des ressources publiques...
Question : Vous venez d’être libéré après beaucoup de tergiversations et deux mois passés à la maison d’arrêt de Say, quels sont vos premiers mots, votre sentiment ?
Réponse : Mes sentiments sont ceux de tout homme qui recouvre la liberté après une période de détention. C’est très bien, sauf que je suis déçu de voir que dans un Etat dit démocratique, on peut prendre un journaliste, et le jeter en prison, tout simplement parce que celui-ci a fait son travail d’information. Moi, j’ai le sentiment d’avoir accompli mon devoir, celui d’informer les contribuables nigériens. Je ne m’arrêterais pas en si bon chemin, ce travail sera poursuivi avec la même foi et la même détermination. Les prochaines investigations auxquelles nous allons con-sacré nos prochaines parutions porterons sur Affaire Zaïnab N°2, les PSOP N°2, il y aura plusieurs parutions avec des affaires sur la mauvaise gestion des deniers publics au Niger par le pouvoir actuel. Ceux qui, demain, vont lui succéder, et qui feront la même chose ne seront pas épar-gnés. Je ne fais aucun distinguo entre les pouvoirs. Mon travail de journaliste c’est de dire entre autres, aux citoyens nigériens ce qu’on fait de leurs deniers publics. Ce qui est important pour moi, c’est d’apporter ma petite contribution à l’édification d’un Etat Républicain dans ce pays. Cela, est une question de vie ou de mort dans un pays qui couvre une superficie de 1.267.000 kilomètres carrés. Notre pays est trop vaste, pour cette raison, il a besoin d’un Etat fort. Et quand je dis un Etat fort, je n’ai pas dit un Etat dictatorial. Je voudrais dire un Etat qui respecte toutes ses missions, tous les droits de citoyens, ses engagements et demandera en retour aux citoyens d’accomplir leurs devoirs envers leur pays. Cela est un travail très important pour lequel la presse a un très grand rôle à jouer, et c’est ce que j’ai fait en dénonçant les paiements sans ordonnancements préalables.
Q. : Votre arrestation traduit-elle selon vous une tentative d’intimidation ou une tentative de récupération de la part du gouvernement ?
R. : C’est une tentative d’intimidation parce que dans tous les cas la récupéra-tion est impossible. Il est impossible qu’on travaille ensemble aussi longtemps qu’ils auront ce comportement, c’est à dire le comportement qu’ils ont envers les deniers publics.
Interview réalisée par : Cissé Souleymane Mahamane
Photo : Maman Abou à sa sortie de prison
Source : Le Républicain
Messages
1. > "Je ne m’arrêterais pas en si bon chemin…" , 29 mars 2006, 15:07, par Aznar Akeba
Quelles belles paroles !
Nous avons besoin d’hommes tels que lui en France pour dénoncer certaines pratiques politiques douteuses...