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Le retour triomphal de Maman

Paru dans "Le Républicain" n° 603 du 9 janvier 2004

samedi 10 janvier 2004, par Masin

Mardi, 06 janvier 2004, le silence des jours ordinaires qui règne sur la cour d’Appel de Niamey a été rompu par les cris de joies des citoyens nigériens venus en cette fin de matinée pour s’enquérir de la suite réservée à la demande de mise en liberté provisoire introduite par les avocats de Maman Abou directeur de publication du journal le Républicain. Les plaidoieries faites par la défense du journaliste, le 30 dé-cembre dernier ont donné les résultats es-comptés. En effet, au terme du délibéré Maman Abou a recouvré la liberté. Telle une incantation, la formule conférant au journaliste incarcéré une liberté provisoire a été délivrée par un jeune avocat du cabinet de la défense : "la Cour après avoir dé-libéré conformément à la loi, a reçu l’appel de l’inculpé régulier dans la forme et déclare la demande de mise en liberté de l’inculpé recevable au fond, infirme l’ordonnance attaquée, ordonne la mise en liberté provisoire de monsieur Maman Abou.". La liberté et la justice sociale ont toujours gardé le même pouvoir de séduc-tion inaltérable sur le peuple nigérien, Cela a été démontré, car aussitôt la nouvelle de la libération de Maman Abou s’est répandue dans toute la ville de Niamey et alentours, relayée par les radios et la traditionnelle et efficace méthode d’information « bouche à oreille ». Elle est interpré-tée comme une victoire sur l’arbitraire et la loi du silence par la majorité des nigé-riens qui se posent la question de savoir comment manger à sa faim, où trouver de l’eau et comment s’y prendre pour scolariser leurs enfants et les mettre aussi bien à l’abri de l’ignorance que des maladies banales. Cette libération est une victoire aux yeux de ceux des nigériens qui ne demandent autre chose qu’à défaut d’être secourus, des affres du chômage et de l’insécurité, que l’ambiance sociale garde sa sérénité loin des actes de répressions, de détournement de deniers publics et d’emprisonnement arbitraire. L’attachement des nigériens à la dignité humaine et à la justice sociale s’est traduite à l’occasion de cette libération par un déferle-ment de véhicules bondés vers la ville de Say . Devant la maison d’arrêt de say, les habitants de say rejoints spontanément par une foule en liesse en provenance de Niamey, ont suivi étape par étape les for-malités de mise en liberté. Sur les visages des uns et des autres, il y avait un mélange de joie et de peine. Une joie légi-time relativement à la liberté retrouvée qui cachant difficilement la peine de voir partir un « fils adoptif ». La ville de say a adopté Maman Abou comme un digne fils parmi ses fils ; cela au grand dam de ceux qui ont transformé la ville religieuse en Gou-lag, croyant ainsi l’isolé et brisé l’ardeur et le moral du journaliste devenu l’icône de la lutte contre la mauvaise gestion au Niger. Moment d’émotion intense. La foule qui attendait devant la prison, les gardes soudainement devenus très sympathiques, des gestes qui rappellent un peu le 10 février 1990 date de la libération de Nelson Mandela. Peu avant que le cortège ne s’ébranle vers Niamey avec un vieil homme, plein d’émotion s’est approché du journaliste libéré pour lui donner une accolade fraternelle. Il dit :"J’espère que tu reviendras nous rendre visite de temps en temps". Puis comme s’il devait des explications à ceux qui ont témoigner de son geste , il ajouta :"Maman sayizé". Sous l’effet de la joie, le cortège at vite regagné Niamey. Au poste de police de Niamey, une foule encore plus nombreuse attendait avec impatience.

Au domicile du journaliste Maman Abou à Niamey, il a été accueilli dans une ambiance de jour de fête. Militants de la société civile, syndicalistes, leaders de partis politiques de l’opposition, des journalistes.

Le chef de file de l’opposition Mahamadou Issoufou ,Maman Sani, Bazoum Mohamed et Sanoussi Tambari jackou ont effectué le déplacement pour venir félicité Maman Abou. La cour du journaliste libéré ne désemplissait pas jus-qu’à la tombée de la nuit, signe de l’attachement du peuple nigérien à la lutte contre la mauvaise gestion et la dictature. Un signe d’éveil de conscience des masses, un qui ne trompe pas !

Envoyé Spécial
Cissé Souleymane Mahamane

Source : Le Républicain